GENAS (René de)



GENAS (René de)), seigneur de Beaulieu, arrière-petit-fils du précédent, né à Valence, le 5 janvier 1642, était l'aîné des enfants de Paul et de Madeleine-Alexandrine Estezet. Entré de bonne heure dans la carrière des armes, il était garde du corps du roi, compagnie de Rochefort, lorsqu'il obtint, le 25 août 1673, une lieutenance dans les chevau-légers de Beaujeu ; devenu lieutenant de roi à Montélimar, deux ans après, il échangea en 1677 cette charge contre celle de lieutenant de roi à Valence. Enfin, il reçut la croix de Saint-Louis, le 5 mai 1741, c'est-à-dire à plus de quatre-vingtdix-neuf ans, et mourut seize mois plus tard, demandant à être inhumé dans l'église des Minimes de Valence. Mais ce qui nous intéresse plus particuliè{370}rement, c'est qu'il fut un collectionneur et un érudit ; car Pithon-Curt, après avoir raconté qu'il vécut presque sans infirmités jusqu'à la fin, dit qu'il " avoit l'esprit très orné, faisant des remarques dans ses lectures, principalement sur les médailles, entendant très bien le latin et la plupart des langues de l'Europe " ; et l'inventaire qui fut dressé après sa mort nous apprend qu'il laissa quantité de choses curieuses : d'abord, plusieurs tableaux, dont un de l'Albane, parmi lesquels étaient un portrait d'Hugues de Genas, vice-gérant pour le pape Martin V, et un portrait de Charles de Léberon, évêque de Valence, " portant une perle à son oreille " ; puis une bibliothèque comprenant, avec des Heures sur vélin enrichies de miniatures, beaucoup de bons livres, notamment plusieurs ouvrages de numismatique français et italiens, et, par suite, une collection de médailles romaines, allant de César à Posthume, " où pas un grand bronze ne manquait " ; finalement, une collection de pierres, parmi lesquelles il s'en trouvait une " presque violette, sur laquelle on voit des bubons semblables à ceux de la petite vérole, appelée petra maculata, pierre de la petite vérole, qui vient du Royannais ; plusieurs de jaspe, d'agathe et ambre, pour arrêter l'écoulement du sang, étant pendues au col ; quatre pierres qui ressemblent l'une à une truffe, l'autre à un œuf de petits oiseaux ; des pierres de tonnerre, qui n'en sont pas et des pierres longues et pointues appelées petra ensis ou dents du diable, servant à la médecine ; deux talismans, dont l'un est un crapaud de cuivre doré, avec une chaînette même métail, destiné pour préserver toute sorte de venins et morsures... ; le second talisman étant une pierre platte carrée d'environ dix lignes... pour donner des récoltes abondantes ; la pierre Cobra, que nous appelons Serpentine, qui n'est qu'une composition des Orientaux, pour guérir toutes sortes de morsures d'animaux venimeux... ; deux crapaudines que l'on tire de la tête des gros crapauds, utiles contre les venins ; un morceau de corne du pied d'un élan, plate, assez large, fermée d'argent, avec une boucle pour pouvoir la porter pendue au col à ceux qui tombent du mal caduc ou mal Saint-Jean ; deux pierres qui ne sont pas trop dures ; de quel côté qu'on les taille, on trouve toujours cette croix : £+ ; trois bagues, l'une portant sur une pierre le mot Dabir ; deux pierres pour arrêter le sang ; quatre olives et sept lentilles pétrifiées venant de la Judée ; une pierre des montagnes de Quint ressemblant à un serpent ; la pierre Siderata, etc. "
N'ayant pas été marié, René de Genas légua par testament, en date du 1er mai 1739, tous ses biens y compris ses collections, à un de ses cousins, avec substitution au profit d'un autre, et c'est enfin l'hôpital de Valence qui recueillit le tout en 1780.
#Pithon-Curt., iv, 464. - Lacroix, L'Arrond. de Montélimar, ii, 308. - Arch. hosp. de Valence, B, 58, 61. - Arch. Drôme, B, 592 ; E, 894.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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