GILLIERS (Charles-Ferdinand,)



GILLIERS (Charles-Ferdinand, dit le baron de), petit-neveu du précédent et fils puîné de Laurent, capitaine au régiment de Brionne, et de Marie-Jeanne Henri, naquit à Romans, le 2 juin 1752, et était lui-même capitaine de cavalerie dans le régiment de Royal-Étranger et chevalier de Saint-Louis, lorsqu'il se retira dans sa ville natale, dont il devint maire le 1er novembre 1786. Au bout d'un an, il démissionnait, mais il n'en fut pas moins chargé, le 12 octobre 1788, concurremment avec Dedelayd'Agier, son successeur à la mairie, de complimenter, au nom des Romanais, le parlement de Grenoble revenant de l'exil, et les représenta ensuite dans les assemblées de Vizille et de Romans. Enfin, le 6 août 1789, il fut élu colonel général des milices de cette dernière ville, ce qui témoigne de la popularité dont il jouissait, mais porta, par cela même, tellement ombrage à la municipalité qu'un mois après (8 septembre) celle-ci demandait la réintégration du baron de Gilliers dans les cadres de l'armée, c'est-à-dire son éloignement, et qu'à la suite de la fédération du 14 février 1790, il y eut entre eux de véritables conflits.
De Gilliers, qui fit, en cette circonstance, un discours enthousiaste, ayant fait ensuite prêter par tous les citoyens présents le serment de fidélité au roi, on s'en plaignit, en effet, et notre colonel ayant répondu à ces plaintes en faisant insérer dans le procès-verbal de la Fédération deux lettres, dont une de lui, qui furent trouvées injurieuses par le conseil, celui-ci riposta en publiant un mémoire justificatif et fai{384}sant attaquer ouvertement de Gilliers dans Le Patriote de Grenoble (1er avril) ; d'où réplique de ce dernier, qui déclara brièvement être de ceux qui désirent le rétablissement de l'autorité royale, tel qu'il a été décrété par l'Assemblée nationale, et qui, pour en finir, donna sa démission le 18 du même mois.
Or, instruits de cela, les gardes nationaux se portèrent en foule, le lendemain, devant la maison du maire, demandant le rétablissement de M. de Gilliers comme colonel ; après quoi ils allèrent chercher celui-ci dans son château de Luppé, sur Génissieux, où il s'était retiré, et, l'ayant pris avec eux, rentrèrent à Romans vers les 9 heures du soir, en proférant des menaces et chantant des chants séditieux.
Justement effrayée de semblables tendances, la municipalité romanaise et de Gilliers se rapprochèrent alors de telle sorte que, le 11 mai, les uns et les autres s'engagèrent par écrit à oublier le passé, et que, le 23 juin, puis le 14 juillet suivant, ils prêtèrent tous, d'un commun accord, le serment civique et le serment fédératif, ce qui n'empêche pas que le baron de Gilliers fut contraint, quelque temps après, de chercher un refuge à l'étranger, où il mourut, dit-on, et que ses biens furent, pour cette raison, confisqués en 1796.
Indépendamment de deux discours qui se trouvent, l'un dans la Fédération de la ville de Romans du 14 février 1790 (S.l.n.d., in-12 de 28 pp.), l'autre dans le Procès-verbal de la prestation du serment civique. - Extrait des registres de la maison commune de la ville de Romans (Valence, J.-J. Viret, s.d., in-4º de 7 pp,), on a de Ch.-F. de Gilliers : Copie de la lettre écrite... au rédacteur de la feuille du " Patriote de Grenoble. " Romans, le 4 avril 1790. Grenoble, veuve Giroud, in-8º de 7 pp. ; on lui attribue en outre : Chanson patriotique sur l'air d'Azénua. S.l.n.d., mais 1788, in-8º de 2 pp.
#Bull. d'archéol., xix, 149. - Arch. de Romans, BB, 47. - Etat civil, Ann. de Romans, 226. - Ed. Maignien, Bibl. révol., i, 251 et 267. - Dº Dict. anon., 463.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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