GIRAUD (Paul-Emile)
GIRAUD (Paul-Emile)), érudit et ancien député, né à Romans, le 27 novembre 1792, était l'aîné des trois fils d'un marchand de draps de cette ville, qui fut successivement président du comité de surveillance et commandant de la garde nationale, pendant la Révolution, maire, du 18 mars 1808 au 24 janvier 1814, date de sa mort, et de qui l'on a publié un long et curieux rapport au préfet de la Drôme, sur le passage du pape Pie VII à Romans (2 et 3 août 1809), qui se termine par la recommandation expresse de tenir cette pièce pour " absolument secrète... et de la réduire en cendre. " Ayant fait au collège de Tournon, sous les Ora{385}toriens, la plus grande partie de ses études classiques, il les termina à l'institution Sainte-Barbe de Paris, tout en suivant les cours de l'Ecole de droit où il prit le grade de licencié, le 23 mars 1812, c'est-à-dire à 19 ans et quatre mois. Or, il était depuis deux ans avocat stagiaire et secrétaire de Dard (de l'Isère), un des avocats occupés du temps, quand la mort de son père, qui se proposait de lui acheter une charge d'avocat au conseil d'Etat et à la Cour de cassation dès qu'il aurait l'âge voulu, le mit dans la nécessité de renoncer au barreau pour s'établir auprès de sa mère et continuer, conjointement avec son frère, le commerce paternel, ce qu'il fit avec non moins de succès que de bonne volonté ; car, indépendamment de ce que ses opérations commerciales furent fructueuses, il se fit aussitôt une situation des plus honorables dans sa ville natale. Conseiller municipal pendant les Cent-Jours, puis membre de la commission administrative des hospices et juge au tribunal de commerce, il fut enfin élu maire de Romans au lendemain de la révolution de 1830, conseiller général bientôt après, enfin député au mois de juillet 1831 ; et s'il abandonna la mairie en 1835, le mandat de député lui fut continué pendant quinze ans, au bout desquels il renonça à la vie publique, pour s'adonner tout à fait à des études dont il avait pris le goût au contact de l'académicien Auguste Le Prévost, un de ses collègues à la Chambre des députés. Ainsi qu'il se plaisait à le raconter, c'est, en effet, pendant son séjour à Paris qu'il forma sa riche bibliothèque et se prépara, en quelque sorte, au travail qui est son œuvre capitale, en publiant une petite notice sur l'église Saint-Barnard de Romans et présentant au Comité des arts et monuments, dont il devint alors le correspondant, un rapport sur certain fragment d'inscription trouvé en 1845 dans cette église.
Délivré des soucis de la politique, P.-E. Giraud se consacra tout entier à l'élaboration d'une histoire de sa ville natale au moyen âge, - histoire dont les pièces justificatives sont le cartulaire de l'abbaye de Saint-Barnard, - ne se distrayant, par accident, de ce grand travail que pour publier, quelques écrits de moindre importance, touchant encore le plus souvent, par quelque côté, à l'histoire de Romans. Avec cela, il se fit tout à la fois et toujours un plaisir et un devoir d'encourager ceux qui partageaient ses goûts, mettant généreusement à leur disposition les richesses bibliographiques par lui amassées, leur prodiguant les plus sages conseils ; et, finalement, arrivé aux extrêmes limites de l'âge, il fut heureux de pouvoir donner à la Bibliothèque nationale quelques manuscrits et plusieurs ouvrages précieux qui manquaient à cet établissement, où ils forment aujourd'hui un groupe séparé dans les armoires de la réserve. De plus, il était dans toute l'acception du mot un homme de bien, tellement que sa mort, arrivée le 30 septembre 1883, fut une perte aussi grande pour les malheureux, qui vivaient de ses bienfaits, que pour le monde de l'érudition, dont il était une des personnalités les plus dignes d'estime et de respect.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. La correspondance de M. Paul-Emile Giraud, ancien député de la Drôme, avec quelques hommes de lettres, précédée de sa biographie. Lyon, 1872, in-8º. C'est une publication de M. Giraud lui-même. - II. Biographie et bibliographie dauphinoise. Paul-Emile Giraud, par Antonin Grangeneuve. Valence, s.d., in-8º de 14 pp.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Opinion de M.P.-E. Giraud, député de la Drôme, sur la pairie. Paris, s.d., in-8º de 8 pp. C'est la publication d'un discours qui ne put être prononcé.
II. Rapport fait au nom de la commission chargée de l'examen du projet de loi relatif à la répartition des intérêts d'un capital verse par Haïti. Séance du 27 mars 1834. S.l., in-8º de 23 pp.
III. Quelques mots sur la question de savoir quel a été le premier nom du monastère fondé par l'archevêque de Vienne, Barnard, vers l'an 840, au lieu où est aujourd'hui la ville de Romans. Lyon, Perrin, 1843, in-8º de 14 pp.
{386}IV. Fragment d'une notice inédite sur l'église de Saint-Barnard, de Romans (Drôme). Paris, 1844, in-8º de 22 pp.
V. Rapport présenté au comité des arts et monuments... à l'occasion d'un fragment d'inscription trouvé en octobre 1845, dans la démolition d'une chapelle adossée à l'église de Saint-Barnard, de Romans (Drôme). Paris, Paul Dupont, 1840, in-8º de 12 pp. avec grav.
VI. Composition, mise en scène et représentation du " Mystère des Trois Doms ", joué à Romans les 27, 28 et 29 mai, aux fêtes de la Pentecôte de l'an 1509, d'après un manuscrit du temps. Lyon, Perrin, 1848, in-8º de 130 pp.
VII. Aymar du Rivail et sa famille. Notes extraites tant de ses écrits que de son testament et de diverses pièces jusqu'ici inédites. Lyon, Perrin, 1849, in-8º de 104 pp., avec fig.
VIII. Essai historique sur l'abbaye de Saint-Barnard et sur la ville de Romans. Lyon, Perrin, 1856-1869, 5 vol. in-8º, avec fac-simile.
IX. Dans le Bull. de la Soc. d'arch. de la Drôme, M. Giraud a publié : t. i, 100-102 : Procédure contre les chenilles et autres bêtes nuisibles, et t. vii, 77-100, Entrée de François Ier à Romans en 1533.
X. Le " Mystère des Trois Doms " joué à Romans en mdiv, publié d'après le manuscrit original, avec le compte de sa composition, mise en scène et représentation, et des documents relatifs aux représentations théâtrales en Dauphiné du xive au xvie siècle, par feu Paul-Emile Giraud et Ulysse Chevalier. Lyon, 1887, in-4º.
#Biogr. du Dauph., i, 423. - Bull. d'archéol., xviii, 107. - Bull. d'hist. ecclés., iv. - Docteur Chevalier, Le Comité de surv., 8. - L'Impartial de Romans du 4 octobre 1882.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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