GLANDAGE (Hugues de Lhère,)



GLANDAGE (Hugues de Lhère, seigneur de), que les historiens appellent le jeune Glandage, pour le distinguer du précédent, son père, servit d'abord avec celui-ci dans les rangs catholiques et s'était même distingué dans l'attaque du fort Saint-Ange, près de Loriol, au mois d'avril 1570, lorsqu'il embrassa, tout à coup, la cause protestante. Devenu alors capitaine d'une compagnie, il contribua puissamment à la reprise de Corps, par Lesdiguières, au mois de décembre suivant, et descendant ensuite dans le Comtat, y mit successivement à contribution Mornas, Piolenc, Caderousse, Châteauneuf-du-Pape et Sorgues ; enfin, après avoir tenté de surprendre Die, au mois d'octobre 1573, il s'empara d'Orange le 5 novembre suivant, par un audacieux stratagème. Sous prétexte de faire une visite de politesse au gouverneur de cette ville, Guillaume de Barchon, il se rendit chez lui, accompagné de quelques gentilshommes, et Barchon, l'ayant retenu à dîner, il profita du moment où l'on se mettait à table pour le faire prisonnier, tandis que des affidés ouvraient à sa troupe les portes de la ville. Montbrun, avec qui ce coup de main avait évidemment été concerté, l'étant venu trouver quelques jours après, ils partirent ensemble pour Nyons, où se préparait une autre entreprise ; mais, attaqué près de Venterol par la garnison catholique de Valréas, Glandage fut assez grièvement blessé dans cette rencontre pour devoir rentrer à Orange, d'où, furieux de sa déconvenue, il écrivit aux habitants de Piolenc, de Camaret et de Sorgues pour leur demander des contributions, ajoutant ironiquement qu'il voulait en outre " du sucre, des oranges, des poires et des chastaignes pour un festin de nopces qu'il debvoit faire. " On lui répondit que tout était prêt, mais qu'il fallait l'aller chercher, et, relevant le défi, Glandage n'attendit pas d'être complètement guéri pour aller assiéger ces différentes places ; mais partout il fut repoussé avec perte et, les habitants d'Orange ayant été travaillés en son absence, il ne rentra dans cette ville que pour en être chassé au mois de janvier 1574. Ayant alors rejoint Montbrun, avec qui il fit cette brillante campagne du Diois, dont chaque journée fut, on peut le dire, marquée par quelque succès, Glandage tenta de surprendre la ville {389}de Die, où commandait son père, dans la nuit du 8 au 9 juin 1574 ; il échoua complètement dans sa tentative, et il n'en fallut pas davantage pour le faire accuser de trahison et le contraindre à quitter l'armée de Montbrun. Quelques historiens avancent qu'il abandonna en même temps le parti protestant, ce qui est une erreur ; d'autres disent, au contraire, qu'il se fit tuer peu de temps après, devant Livron, ce qui est une erreur encore, le Glandage qui fut tué devant Livron étant son frère, Charles de Lhère, seigneur de Chaudebonne. La vérité est qu'Hugues de Lhère étant alors redescendu dans le Comtat, continua d'y guerroyer pour le compte du parti huguenot jusqu'au 20 juin 1576, date à laquelle, se trouvant assiégé dans Ménerbes par les troupes papales, il demanda un sauf-conduit pour sortir de cette ville et, accompagné de " huit hommes à cheval, alla trouver le maréchal Damville ", suivant Pérussis.
Trois ans après, Glandage épousait Claire de Thollon, fille de Faulquet, seigneur de Sainte-Jalle, fameux capitaine catholique, et, l'an d'après (1580), on le trouve au siège de la Mure par Mayenne " estant alors tout catolizé et allant à la messe ", suivant l'expression de Pérussis ; après quoi l'on perd sa trace. De même que tous les hommes qui changèrent plusieurs fois de parti, il a été dénigré par tous ; car, tandis que les historiens protestants disent de lui qu'il était un jeune homme perdu de mœurs, le P. Justin (Boudin) prétend qu'il convenait lui-même " qu'il n'estoit point huguenot, qu'il détestoit ceste religion, mais que la pointe de son espée lui estoit vendue. "
#De Coston, Hist. de Montélimar, ii, 378. - Pérussis, ii, 94, 102, 104 et 198. - Mém. d'Eust. Piémond, Edit, Brun-Durand. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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