HUGUES abbé de Léoncel



HUGUES abbé de Léoncel, puis de Bonnevaux, que les hagiographes qualifient tour à tour saint et bienheureux, sans dire s'il a été canonisé ou seulement béatifié, était un des fils de Raymond (Voir ce nom), seigneur de Châteauneuf-d'Isère, et, conséquemment le neveu du précédent. Etant à Lyon, pour y terminer son éducation, parce qu'un autre de ses oncles, le chanoine Guérin, était abbé séculier du monastère de Saint-Just dans cette ville, il suivit un jour à l'abbaye du Miroir un religieux cistercien, qui lui avait inspiré le goût de la vie monastique, et y était depuis bien des années, donnant à tous l'exemple de toutes les vertus de son état, quand Burnon, abbé de Léoncel, son parent, l'attira auprès de lui. La plupart des historiens disent que c'est en 1139, alors que ce ne dut être qu'en 1160 ou 1162, attendu que ce n'est qu'en 1156 que Burnon devint abbé de Léoncel et que son prédécesseur s'appelait Falques.
En tout cas, ce Burnon étant mort au commencement de l'année 1163, Hugues de Châteauneuf, dont le père avait donné, peu de temps auparavant, à cette abbaye, de grands biens sur Alixan, fut élu abbé à sa place, et, comme les évêques de Valence et de {11}Die étaient alors en contestation touchant le monastère de Léoncel, que chacun d'eux prétendait être dans son diocèse, l'un et l'autre revendiquèrent, par suite, le droit de bénir le nouvel abbé. Seulement celui-ci, après avoir attendu assez longtemps, trancha luimême la difficulté, en allant se faire bénir à Montpellier par le pape Alexandre III, qui lui accorda en même temps (15 juillet 1165), une bulle confirmant à son abbaye la possession de certains domaines ; c'est aussi en revenant de Montpellier que, rencontrant à Beaucaire le comte de Toulouse, Raymond V, il obtint de lui, pour ses religieux, l'exemption de tout droit de péage dans ses terres. Quelques jours après, Odon, évêque de Valence, confirmait une donation de terres à Léoncel et l'on peut se faire une idée, par ces prémisses, de ce que dut être pour cette abbaye l'administration d'un prélat qui avait des liens de parenté avec la plupart des grandes familles de la contrée, notamment avec les seigneurs de Chabeuil et de Clérieu, et qui jouissait avec cela d'une grande réputation de sainteté.
Or, même après qu'il fut devenu abbé de Bonnevaux, ce qui arriva en 1167, Hugues de Châteauneuf ne cessa pas de s'occuper de l'abbaye de Léoncel, qui était du reste une fille de celle de Bonnevaux ; car, indépendamment de ce qu'il intervint dans les accords que les religieux de sa première abbaye firent avec ceux de Saint-Félix de Valence, au mois d'octobre 1169, et en 1190 avec les chartreux du Val-Sainte-Marie, c'est à sa prière que Guillaume de Clérieu unit le monastère de la Part-Dieu à celui de Léoncel en 1194. Il ne fut pas moins utile à l'abbaye de Bonnevaux, ainsi que le prouvent quantité d'actes, notamment une bulle du pape Alexandre III en faveur de cette abbaye (17 avril 1170) et la confirmation de certaines donations, par Falques, évêque de Valence, en 1194 ; mais là encore ne s'arrêta pas son action. Aussi considéré des grands qu'il était aimé des petits, il fut, par exemple, en 1191, un des négociateurs du traité par lequel Guillaume de Clérieu reconnut la suzeraineté du Dauphin, et, quatorze ans auparavant (1177), un des deux ambassadeurs que l'empereur Frédéric Ier envoya au pape Alexandre III, lorsqu'il voulut se réconcilier avec lui, ce qui peut donner une idée de la réputation dont il jouissait de son vivant. Etant décédé le 1er avril 1194 et non en 1183, comme le disent ses biographes, - attendu qu'on a de lui quantité d'actes postérieurs à cette date, - ses restes furent pieusement conservés dans l'abbaye de Bonnevaux jusqu'en 1576, qu'ils furent détruits par les huguenots. On établit même, tout d'abord, en son honneur, une fête qui, supprimée ensuite, se célèbrerait encore chez les Bernardins d'Italie.
L'Essai sur l'histoire de Cîteaux, de Pierre Lenain, contient une vie de cet abbé que M. Albert du Boys a reproduite dans sa Vie de saint Hugues, évêque de Grenoble, pp. 303-322, et il y a dans les Bollandistes, à la date du 1er avril, une Vita sancti Hugonis, auctore monacho Cisterciensi.
#Biogr. Dauph., i, 442. - Bull. d'archéol., xxvii, 126. - Cart. de Léoncel, ch. 11, 13, 14, 44, 53. - Cart. de Bonnevaux, ch. 3, 66. - De Gallier, Ess. sur Clérieu, 37. - Nadal, Hist. hagiol., 291. - Lenain, Hist. de Citeaux, vi, 9. - Du Boys, Vie de Saint Hugues, év. de Grenoble, 303. - Manrique, Annal. Cisterc., i, 351 ; ii, 513 ; iii, 42, 124 et 134. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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