LA BAUME (Louis-François)



LA BAUME (Louis-François{35} de), deuxième fils de Rostaing, comte de Suze, et de Catherine de Grolée-Meuillon, né à Suze en 1604 ou 1605, devint évêque de Viviers dans des conditions qui méritent d'être rapportées. Le premier comte de Suze, son aïeul, qui, tout bon catholique qu'il était, ne croyait pas que les bénéfices et dignités ecclésiastiques pussent être mieux employés qu'à doter des cadets de famille, ayant jeté son dévolu sur l'évêché de Viviers, avant même d'avoir un fils en âge d'y être nommé, ne trouva rien de mieux, ce siège épiscopal étant devenu vacant par le fait de la mort du titulaire, en 1572, que d'en faire pourvoir le précepteur de ses enfants, Jean de l'Hostel, celui-ci s'étant préalablement engagé à donner sa démission au temps voulu. Puis, craignant que le nouveau prélat ne tînt pas sa parole, il le retint en chartre privée dans son château de Suze, faisant percevoir luimême les revenus de l'évêché ; et il en fut ainsi pendant environ douze ans, au bout desquels Jean de l'Hostel ayant trompé la surveillance de ses gardiens s'enfuit à Viviers, où il se fit reconnaître. Seulement, comme il avait tout intérêt à ne pas indisposer par trop son puissant voisin, il s'engagea ensuite à donner 4.000 livres par an au troisième fils du comte de Suze, Antoine de la Baume, alors abbé commendataire de Mazan, et enfin, trente ans après (1618), étant dans un âge fort avancé, il consentit à prendre pour coadjuteur, non le fils du comte, de qui il n'était plus question depuis longtemps, mais un de ses petits-fils, Louis-François de la Baume, dont le père, Rostaing de la Baume, était précisément celui que le vieux comte destinait à l'épiscopat, avant que son fils aîné n'eut été tué au siège d'Issoire, en 1577, ainsi que nous l'avons dit.
Sacré évêque de Pompéiopolis, le 14 mai 1618, suivant quelques auteurs, le 25 décembre, selon d'autres, en tout cas, trois ans après avoir été accepté comme coadjuteur par Jean de l'Hostel, bien qu'il n'eût pas alors plus de 14 ans, il devint évêque de Viviers, par le fait de la mort de ce prélat, le 6 avril 1621, et le fut jusqu'à sa mort, arrivée au Bourg-St-Andéol, le 5 septembre 1690, autrement dit pendant soixante-neuf ans, étant à ce moment-là le doyen des évêques de la chrétienté, et en outre abbé commendataire de Mazan et de St-Jean-d'Orbestier. En tant qu'évêque, il voulut travailler personnellement à la conversion des protestants de son diocèse, puis se remit de ce soin aux missionnaires dirigés par S. Jean-François Régis, dont il réclama le concours, et loin de s'associer pour cela aux trop fameuses dragonnades, ne voulut jamais employer que la persuasion. Indépendamment de cela, ayant fixé sa résidence à Bourg-St-Andéol, il fonda dans sa maison de Viviers un séminaire dont il confia la direction aux Sulpiciens en 1653, et c'est également lui qui chargea le jésuite Columbi d'écrire l'histoire des évêques de Viviers. Aussi cet auteur n'a-t-il pas manqué de dire que notre prélat était d'une piété aimable, d'une gravité sans raideur et que son affabilité toujours digne lui attirait tout le monde. En tant que membre des états du Vivarais, il eut avec la noblesse de ce pays de longs et vifs démêlés touchant la présidence de cette assemblée, qu'il prétendait lui appartenir d'une manière permanente, tandis que le Conseil d'Etat décida qu'il ne devait la présider qu'à son tour, en qualité de baron de l'Argentière. En tant que prieur et prince de Donzère, titres unis à l'évêché de Viviers, il insista, en 1662, pour qu'on y maintînt un instituteur. En tant que la Baume-Suze, il sauva non seulement les biens de cette maison en se les faisant donner par le roi, après qu'ils eurent été confisqués à la suite du duel de son neveu, Bermond de Suze, avec Timoléon de Vesc, seigneur de Saint-Montau (15 juin 1646) ; mais, peu conséquent avec lui-même, il se fit également donner les biens du {36}baron de Bouzols, confisqués pour le même motif, ce qui est d'autant plus surprenant qu'il se prononça pour Gaston d'Orléans et le duc de Montmorency lors de leur révolte. Pour le surplus, il se conduisit de telle sorte que les habitants de Suze-la-Rousse firent célébrer, après sa mort, un service pour le repos de son âme, " à cause des bons offices qu'il avait rendus à la communauté. "
A propos de l'héritage du fils unique de son frère aîné, tué en duel, ce prélat eut, avec la mère de ce jeune homme, un procès qui donna lieu à l'écrit intitulé : Factum concernant la succession de Bernard de la Baume, marquis de Villard, pour la comtesse de Suze, héritière dudit deffunct, son fils... S.l.n.d., in-folio de 5 pages. Dans ce factum, celle-ci l'accuse, lui et un autre de ses frères, d'avoir fait assassiner son fils, ce qui est tout simplement un trait des mœurs procédurières de l'époque.
ICONOGRAPHIE. - I. Grav. in-8º. N. Auroux, del. et sc. - II. Id. in-fº. Nanteuil, 1656, in-8º. - III. Grav. sur cuivre, in-fº. Buste de 3/4 à D, dans un ovale de 0,280/0,235 autour duquel on lit : Ludovicus de Suze episcopus et comes Vivariensis princeps Dunzeræ ; au bas, les armoiries du prélat.
BIBLIOGRAPHIE. - Sanctorale sev officivm sanctorvm peculiarium sanctæ et insignis ecclesiæ cathedralis B. Vincentii et diœcesis Vivariensis... Anicii, Delagarde, 1674. In-12 de 19 ff. + 323 pp.
II. Instructions sur les matières de controverses... pour les nouveaux convertis de son diocèse,... Lyon, Valfray, s.d. ; in-12 de 20 ff. + 396 pp. qui est en réalité de 1685 et dont il y a une seconde édition.
#P. Anselme, Grands off., ix. 71. - Gall. Christ. xvi, 585. - De Bannes, Chron. des év. de Viviers, mss. - De Coston, Hist. de Montélimar, iii, 156. - Lacroix, L'Arr. de Montélimar, ii, 345 ; iv, 101. - Bull. d'archéol. xviii, 382. - Revue du Vivarais, année 1893, 536. - Etc., etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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