LA DREVETIÈRE DE L'ISLE (Louis-François)



LA DREVETIÈRE DE L'ISLE (Louis-François)) et non DELISLE DE LA DREVETIÈRE, comme l'appellent généralement les biographes, naquit à Suzela-Rousse, le 18 octobre 1682, de noble Antoine de la Drevetière, sieur de l'Isle, et de Louise Bouyer. Son père, qui était un gentilhomme périgourdin, vraisemblablement établi à Suze à la suite de son mariage, fut pendant assez longtemps châtelain de ce lieu, et l'on peut se faire une idée de ses rapports avec la famille seigneuriale d'après ce fait, que le futur poète et dramaturge, à qui nous con{47}sacrons cette notice, eut pour parrain Louis de la Baume-Suze, évêque de Viviers, et pour marraine Marthe d'Albon, femme de Joachim-Gaspard de la Baume, comte de Suze, ce qui permet de supposer que c'est sous les auspices de cette puissante famille que le jeune de la Drevetière alla étudier le droit à Paris. En tout cas, il y fréquenta beaucoup plus les théâtres que l'Université et les gens de plaisir que les professeurs de droit, ne s'occupant guère que de littérature, et quand son père, qui n'avait que peu de fortune, refusa de subvenir plus longtemps à ses besoins, il écrivit pour le Théâtre-Italien, qui jouait alors depuis quelque temps des pièces françaises, des comédies que leur genre comique n'empêche pas d'avoir une portée toujours sérieuse et souvent élevée : d'abord, l'Arlequin sauvage, qui fut jouée pour la première fois le 17 juin 1721, et qui fut ensuite augmentée de deux scènes ; puis Timon le Misanthrope, pièce tirée des dialogues de Lucien, qui eut encore plus de succès que la première et qui fut jouée devant la cour, le 27 janvier 1723, après l'avoir été sur le Théâtre-Italien ; ensuite, Arlequin au banquet des sept sages, pièce qui, n'ayant pas réussi, n'a jamais été imprimée, et Le Banquet ridicule, qui est une parodie de la pièce précédente, et qui ne réussit guère mieux que celle-là. Quelques autres pièces, telles que Le Faucon et les Oies de Boccace et Le Berger d'Amphrise, pour laquelle Clarici peignit un magnifique décor eurent le même insuccès, mais il n'en fut pas de même de toutes, Danaüs et Les Caprices du cœur et de l'Esprit, par exemple.
Indépendamment de ses comédies, presque toutes en prose, la Drevetière de l'Isle est l'auteur d'un certain nombre de vers, poèmes, fables, épitres et sonnets, dont la plupart ont été réunis en volumes, tandis que d'autres sont disséminés dans l'Almanach des Muses, et aussi, ce qui est plus surprenant, d'un travail sur les longitudes. Il mourut à Paris, le 25 novembre 1756, très peu connu personnellement, bien que ses frères le fussent de tout le monde, " son caractère fier, taciturne et rêveur, étant peu propre à lui faire des amis ou des protecteurs ", dit son premier biographe qui ajoute : " Il ne pouvait plier que devant les grands ; encore disait-il, qu'il y avait trop à souffrir dans leurs antichambres. Vraiment philosophe, il avait préféré les belles-lettres à la fortune et le peu qu'il en eut était encore employé à soulager les malheureux. " Aussi lui fit-on l'épitaphe suivante, qui est aussi élogieuse que les vers en sont mauvais :
[Sous ses crayons la morale embellie
Savait instruire en amusant,
Et Delisle employa sa vie
A mériter la gloire en servant l'indigent.]
BIBLIOGRAPHIE. - I. Arlequin sauvage, comédie en prose et en trois actes. Paris, Charles Hochereau, 1722, in-8º. - Autre édit. Avignon, L. Chambeau 1773, in-8º. - Autre édit., Paris, 1783, in-12, dans la Petite Bibl. des Théâtres. On trouve enfin cette pièce imprimée à la fin du tome ii du Théâtre de Philippe Néricault Destouches. La Haye, 1722, 2 vol in-12.
II Timon le Misanthrope, comédie en 3 actes, précédée d'un prologue (le tout en prose). Paris, Charles et Hochereau, 1722, in-8º. - Autre. Chez le même, 1739, in-8º. - Autre. Amsterdam, H. Duhauset, 1723, in-8º. - Autre. Paris, Briasson, 1782, in-12. - Autre. Paris, 1783, in-12, dans la Petite Bibl. des Théâtres. - Cette pièce a donné lieu à : Réflexion d'un Allemand sur Timon le Misanthrope.
III. Le Faucon et Les Oies de Boccace, comédie en 3 actes avec un prologue (le tout en prose). Le divertissement de la fin est en vers. Paris, Fr. Flahaut, 1725, in-12. - Autre, Paris, Briasson, 1732, in-12, dans la Petite Bibl. des Théâtres. - Imprimé aussi à la fin du tome ii du Théât. de Ph. Néricault Destouches.
IV. Danaüs, tragi-comédie avec trois intermèdes (en vers libres). Paris, 1734, in-12, dans la Petite Bibl. des Théâtres.
V. Le Valet auteur, comédie en 3 actes (en vers libres). Paris, Briasson, 1738, in-12. - Autre. Dans la Petite Bibl. des Théâtres.
VI. Essai sur l'amour-propre, poème où l'on démontre que l'amour-propre est, en nous, le mobile des vertus et des vices, selon qu'il est bien ou mal entendu, et que les vrais intérêts de la vie, et tout notre bonheur {48}consistent à sçavoir le rectifier. Paris, Prault, 1738, in-8º.
VII. Qu'a-t-il ? Qu'a-t-elle ? ou la République des oyseaux. Alexandre ressuscite et autres fables et contes allégoriques. Paris, Prault, 1739, in-8º.
VIII. Poésies diverses, scaVoir : Epitre aux beaux esprits, la Gazette poétique, le Voyage de l'Amour-Propre dans l'Isle de la Fortune. Epître à Eucharis et autres. Paris, Prault, 1739, in-8º. Ce volume ne contient que des pièces insérées dans les autres volumes de la Drevetière.
IX. La découverte des longitudes avec la méthode facile aux navigateurs pour en faire usage, par M. de La Drevetière, sieur de Lille. Paris, chez André Cailleau. MDCCXL., pet. in-8º de 2 ff. + 80 pp. + 2 ff. avec une planche.
X. Théâtre et poésies. In-12 ; volume que nous ne connaissons que par ce qu'en dit Quérard, et qui contient, dit-il, avec quelques poésies fugitives, les comédies suivantes :
[Le Berger d'Amphrise ;
Le Valet auteur ;
Arlequin astrologue ;
Arlequin Grand Mogol.]
XI. Toutes les pièces de la Drevetière imprimées dans la Petite Bibl. des Théâtres ont été encore réunies en un recueil factice, sous le titre de : Chefs-d'œuvre de La Drevetière de l'Isle. Paris, 1783, in-12. En tête se trouve la vie de l'auteur.
Enfin, voici les pièces de cet auteur qui n'ont pas été imprimées :
[Arlequin au banquet des sept sages ;
Le Banquet ridicule ;
Les Caprices du cœur et de l'esprit.]
Abdilly, roi de Grenade, tragi-comédie en 3 actes et en prose, en collaboration avec Mme Riccoboni, qui n'eut qu'une représentation, le 19 décembre 1729.
#Biogr. Dauph., i, 306. - Etat civil. - Delacroix, Stat. de la Drôme, 608. - De Léris, Dict. des Théâres, 2 édit., 551. - Quérard, France litt. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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