LAGIER DE VAUGELAS (Etienne-André)



LAGIER DE VAUGELAS (Etienne-André)), frère puîné du précédent, né à Die, le 1er décembre 1754, se destina, comme son frère, à l'état ecclésiastique, et étudia la théologie au séminaire de Saint-Sulpice de Paris, dont il fut un des meilleurs élèves et d'où il revint docteur de Sorbonne et gratifié, dit-on, d'une pension de 1,000 livres sur la cassette du roi. En tout cas, de retour dans sa ville natale, il y fut aussitôt pourvu d'un canonicat et était, en outre, vicaire général de l'évêque, lorsqu'il représenta ce prélat dans la première assemblée de Romans (sept. 1788), où son frère siégea, comme nous l'avons dit, en qualité de député du chapitre, et où, bien différent de ce dernier, il se posa en adversaire résolu de tout changement. On prétend même que c'est lui qui rédigea les protestations de la minorité intransigeante de cette assemblée contre les décisions de la majorité, dénonçant comme vicieuse la constitution des Etats du Dauphiné et déniant, par suite, à ceux-ci, le droit d'élire les députés de la province aux Etats Généraux du royaume. Mais il dut alors revenir bien vite à d'autres sentiments ; car, nous voyons, quatre ans après, Etienne-André de Vaugelas élu administrateur du département pour le district de Die, et notre ancien chanoine, s'étant alors établi à Valence, y acquit en peu de temps une telle réputation de jurisconsulte, que l'école centrale fondée à Montélimar pour le département de la Drôme, par la loi du 14 germinal an IV (30 avril 1795), ayant été provisoirement ouverte dans le chef-lieu du département, vers le milieu de l'année suivante, la chaire de législation lui fut attribuée, et qu'à ce titre, il figura plus d'une fois dans les fêtes publiques de l'époque dont il fut même, parfois, le promoteur et l'organisateur. Ainsi, trois des sept morceaux qui furent déclamés ou récités pour le sixième anniversaire de la mort de Louis XVI (21 janvier 1799) : Invocation à l'Etre supréme, Notice sur les imprécations publiques et Imprécations contre les parjures, sont de lui ; et on le vit " un instrument symbolique à la main " représenter les sciences et les arts, dans une fête de la souveraineté du peuple donnée le 29 ventôse suivant (19 mars). Enfin, il fit l'oraison funèbre des plénipotentiaires assassinés à Rastadt, le 17 prairial de la même année (5 juin 1800). Seulement, comme il ne fit guère que cela, en tant que professeur, ayant re{61}fusé de se rendre à son poste, quand l'école centrale de la Drôme eut été définitivement transférée à Montélimar (2 messidor an VI), on le remplaça dans sa chaire de législation, le 28 fructidor an VIII, et il perdit dans le même temps une charge de juge au tribunal civil de Valence, qu'il cumulait alors depuis deux ans, avec celle de professeur.
Redevenu ainsi simple jurisconsulte, Etienne-André de Vaugelas s'occupa surtout d'archéologie, paraît-il ; car, s'il figure sur la liste des avoués et défenseurs officieux près les tribunaux de Valence, en l'an XIII et l'an XIV, c'est avec la mention " non installé ", tandis que l'archéologue Millin, qui visita Valence en 1804, raconte que " s'étant adressé à M. Laugier-Vaugelas (sic), qui avait lu dans une des dernières séances de la Société littéraire un mémoire sur les peuples qui ont anciennement habité là contrée ", pour le prier de lui servir de guide dans cette ville, notre savant lui montra plusieurs antiques, qui " provenaient d'une découverte qu'on venait de faire ", puis lui fit visiter, chez Mmes de Chièze et de Bressac, les collections amassées par leur frère Sucy.
Quatorze ans plus tard (1818), E.-A. de Vaugelas était à Paris, où il commença la publication d'une Histoire de la législation qui n'est en réalité qu'une compilation assez indigeste, dont il ne parut qu'un volume sur cinq, faute de souscripteurs, et où il s'occupa en même temps de littérature artistique. Enfin, s'étant retiré ensuite à la Grande-Trappe, près de Mortagne (Orne), il y mourut dans de grands sentiments de piété, en 1826.
Cet ecclésiastique a laissé, dit-on, de curieux mémoires pour l'histoire de la Révolution dans notre département.
BIBLIOGRAPHIE. - * I. Précis des motifs qui ont porté une partie du clergé et de la noblesse du Dauphiné à réclamer contre ce qui s'est passé dans cette province. S.l.n.d. (1790), in-4º de 26 pp.
II. Histoire de la Législation depuis la concession de la charte constitutionnelle. Tome I, Paris, 1818, in-8º.
III. C'est d'Et.-A de Vaugelas qu'est encore le texte de l'ouvrage intitulé : Soixante vues des plus beaux palais, monuments et églises de Paris, cathédrales et châteaux de France, par Couché. Paris, Vilquin, 1818, in-8º avec 60 pl.
#Biogr. Dauph., ii, 19. - Et. civ. - Ed. Maignien, Dict. anon. dauph., 2000. - Millin, Voy. dans le Midi. 84. - Notes de MM. Lacroix et Champavier. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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