LA TOUR (Hector de)



LA TOUR (Hector de)), cinquième fils de Gouvernet, que les historiens du temps appellent généralement Montauban, du nom d'un village des Baronnies dont il était seigneur en même temps que de Soyans et d'autres et nombreuses terres, naquit à Die, en 1585, mais resta tout à fait dans l'ombre jusqu'au 20 mars 1617, date à laquelle son père se démit en sa faveur du gouvernement de Mévouillon. Devenu, en outre, gentilhomme de la chambre du roi, le 30 septembre suivant, il fut encore pourvu, le 30 août 1619, du gouvernement de la ville de Montélimar, que la mort de son père avait rendu vacant. Lesdiguières, qui était alors le véritable souverain du Dauphiné, croyait se l'attacher ainsi.
Il n'y arriva pas ; car, si Montauban ne s'associa pas à la révolte du fils aîné de Montbrun en 1621 et 1622, on peut croire que ce fut par jalousie, ne voulant pas avoir de chef. Et ce qui le prouve, c'est que ce fils de Montbrun s'étant ensuite rallié au parti du roi, lui, Montauban leva alors le drapeau de la révolte. Disposant du château de Mévouillon, dont il était gouverneur, et de celui de Soyans, nom loin de Crest, qui lui appartenait en propre, il les arma l'un et l'autre et y mit garnison ; puis, à la nouvelle que ses coreligionnaires, les protestants du Vivarais, s'étaient emparés du Pouzin (1er janvier 1626), il se prononça ouvertement pour le prince de Rohan, qui tenait alors en échec le gouvernement de Louis XIII dans la plus grande partie du Languedoc. Instruit de cela, Lesdiguières lui dépêcha son beau-père, Sauvain du Cheylard, pour l'amener à rentrer dans le devoir ; mais le fils de Gouvernet, qui n'oubliait pas les rivalités de son père avec le futur connétable, se montra d'une " dureté déraisonnable " et parla " plus hautement qu'il n'estoit en estat de faire ", dit Videl, ce qui contraignit le connétable à l'aller assiéger dans son château de Soyans.
Cette place fut canonnée pendant cinq jours, au bout desquels Montauban et ses soldats s'enfuirent de nuit.
{77}Seulement, comme ils allèrent de là s'enfermer dans le château de Mévouillon, ce fut un autre siège à faire, et cette fois les difficultés furent d'autant plus grandes que Lesdiguières, étant tombé malade sur ces entrefaites, ne put donner de sa personne et que le château de Mévouillon était autrement fort que celui de Soyans. Investie, le 14 octobre 1626, par un corps de troupes que commandait la Motte-Verdeyer, la place tint jusqu'au 2 octobre suivant, à ce que nous apprend une pièce des archives municipales, de laquelle il résulte en outre que ce siège coûta 28,190 livres aux malheureux habitants de Mévouillon, tandis que nous savons d'ailleurs que leur seigneur révolté se fit payer sa soumission 100,000 livres. Indépendamment de cela, Hector de La Tour-du-Pin fut réintégré dans ses charges et emplois, - exception faite du gouvernement de Montélimar, qu'il avait résigné, en 1622, moyennant une compensation pécuniaire de 15,000 livres, - et, de plus, créé maréchal des camps et armées du roi. Enfin, on lui accorda comme trophée, deux canons qui sont restés jusqu'à la Révolution dans le château de Soyans. Lesdiguières, qui était mort depuis quelques jours, en dut gémir dans sa tombe, lui qui écrivait, le 14 février précédent, au maréchal de Bassompierre : " Nous avons dans ceste province quelques petits mouvements de rebellion que Montauban a faits à la faveur d'une place assez bonne, nommée Mévouillon ; c'est ce qui lui donne assurance de ce qu'il a fait ; mais j'espère bientôt le réduire à comprendre qu'il n'y a rien qui puisse garantir de l'indignation du Roy ceux qui lui désobéissent et qu'ils peuvent trouver le chastiment de leur témérité. "
Montauban, du reste, ne jouit pas longtemps des résultats de sa fructueuse défaite, car il mourut le 16 septembre 1630, laissant de son mariage avec Anne-Charlotte Sauvain du Cheylard, fille de Pierre, plusieurs enfants, entre autres deux fils dont nous aurons à nous occuper.
#Biogr. Dauph., ii, 37. - Decourcelles, Dict. des gén., ix, 323. - De Coston, Hist. de Montélimar, iii, 33. - Arnaud, Hist. des prot. du Dauph., ii, 19. - Lacroix, L'Arr. de Nyons, i, 350 et 433. - Arch. de la Drôme, E, 3205. - Videl, Hist. de Lesd., ii, 364, 369, 375.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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