LOULLE (Pierre de)



LOULLE (Pierre de)), jurisconsulte, né à Romans vers 1575, appartenait à une famille de Dieulefit, issue d'un Michel de Olla, cordonnier de ce lieu, qui épousa, le 12 août 1515, Louise du Puy, fille de Jean, cordonnier à Crest, et dont le dernier représentant a été François-Antoine de Loulle, ancien conseiller au parlement de Grenoble, décédé à Romans, le 18 novembre 1817, sans laisser de postérité. Arnoux, son père, s'étant établi marchand à Romans vers 1570, y acquit aussitôt une grande importance ; car, indépendamment de ce {105}qu'on le voit élire nombre de fois consul de cette ville, il y fut maintes fois chargé de missions spéciales, par exemple, en 1585, de faire réparer les murs d'enceinte et la tour St-Georges, avec l'argent de l'abbaye de Maugouvert ; trois ans après, de recueillir des souscriptions pour réparer la toiture de l'église St-Barnard, démolie pendant les troubles ; et, quatre ans plus tard, de se rendre auprès du roi Henri IV pour l'entretenir des intérêts des Romanais. Enfin, en 1597, lors de la trahison du comte de la Roche, il fit tellement preuve de dévouement, qu'on lui proposa, dit-on, de l'anoblir pour sa récompense, ce qu'il refusa, sous prétexte qu'étant " chargé d'une nombreuse famille, il n'avait pas des biens suffisants pour soutenir la qualité de noble ", chose d'autant plus surprenante que certains comptes présentés par lui au Conseil de ville, vers la fin des guerres civiles, entre autres celui de 320 écus 20 sols pour chandelles fournies au corps de garde, semblent être ceux d'un riche marchand.
Quoi qu'il en soit, le jurisconsulte Pierre de Loulle était l'aîné des enfants d'Arnoux, et, reçu docteur ès droits en l'université de Valence, le 19 janvier 1600, puis devenu avocat consistorial au parlement de Grenoble, il fut à son tour plusieurs fois consul de Romans. Mais c'est à tort que Rochas le donne comme étant président en l'élection et juge de Romans, anobli en 1654, car il le confond ainsi avec son neveu Arnoux de Loulle, dont les lettres de noblesse furent enregistrées en l'hôtel de ville de Romans, le 10 janvier 1655 ; au contraire, celui qui nous occupe mourut de la peste, le 29 décembre 1629, laissant tous ses biens à Hélène Tardy, sa femme, qu'il avait épousée le 3 juin 1611. Or, ayant hérité en 1632 de la fortune de sa mère, à laquelle s'ajouta plus tard celle de son beaufrère, cette femme fit du tout le plus noble usage ; car, non contente d'avoir fondé en 1639 un séminaire d'orphelines et doté, dix ans après, l'hôpital de la Charité, elle fit, les 16 juin 1675 et 17 avril 1677, des testaments aux termes desquels, abstraction faite de certains legs, elle instituait l'hôpital de la Charité et l'Aumône générale dudit Romans ses héritiers universels sous condition d'entretenir mieux les orphelines et de les faire travailler de " quelque mestier " dans l'hôpital, puis d'augmenter d'un tiers l'aumône qui se faisait chaque dimanche aux pauvres. Ces dispositions testamentaires valurent aux hôpitaux de Romans un ensemble de biens représentant environ 80,000 livres, somme considérable pour l'époque, suivant les évaluations de M. le docteur Chevalier, sur la proposition de qui les administrateurs desdits hôpitaux firent placer, il y a une vingtaine d'années, le portrait d'Hélène Tardy dans la salle de leurs délibérations.
On a de Pierre de Loulle : Le Digeste du droit et pratique de France. Paris, 1629 ; in-8º dédié au garde des sceaux Guillaume du Vair.
#Biogr. Dauph., ii, 92. - Monogr. fam. de Loulle, par A. de B., dans le Bull. d'archéol., xvi, xvii et xviii. - Min. de Vincent, notaire à Crest. - Docteur Chevalier, Hôp. de Romans, 115, 142, 200, 315. - Arch. Romans, BB, 15, 31. - Dº Hosp., iii, B, i, 20. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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