MADIER DE MONTJAU (Noël-François-Alfred)



MADIER DE MONTJAU (Noël-François-Alfred)), homme politique, né à Nîmes, le 1er août 1814, était le petit-fils d'un membre royaliste de la première Constituante, anobli par la Restauration, et le fils d'un conseiller à la Cour de cassation, député de l'Hérault, puis de l'Ardèche, qui dénonça publiquement, en 1820, les excès commis dans le Midi, par les Truphémy et les Trestaillon, et le 19 avril 1848, donna sa démission avec éclat, pour protester contre des atteintes portées à l'inamovibilité de la magistrature. Il était depuis dix ans avocat à la cour d'appel de Paris, quand éclata la Révolution de 1848, à laquelle il prit une part active ; s'étant ensuite fait remarquer en plaidant pour des insurgés de juin et pour le journal Le Peuple, il représentait le département de Saône-et-Loire à l'Assemblée législative au moment du coup d'Etat de décembre 1851, contre lequel il protesta de la manière la plus énergique, ayant été des premiers à demander la mise en accusation de Louis-Napoléon Bonaparte, ce qui lui valut d'être expulsé de France le 9 janvier 1852.
Expulsé, Madier de Montjau s'établit en Belgique, où il resta jusqu'après la chute du second Empire ; il accourut alors à Paris pour y poser sa candidature à la députation, mais échoua piteusement le 8 février 1871. Par contre, les électeurs du canton de Pierrelatte, dans lequel était sa maison de campagne, l'envoyèrent bientôt après au conseil général de la Drôme, et, le 18 octobre 1874, ceux de Paris l'élurent député. Or, député, il prit place sur les bancs de l'extrêmegauche et se montra toujours partisan de la politique la plus radicale, repoussant la constitution du 25 février 1875, comme insuffisamment républicaine et s'élevant contre toute entente avec les modérés. Réélu dans la 1re circonscription de la Drôme, comme anticlérical, le 30 février 1876, il persévéra dans cette attitude violente, appuyant de son vote et de sa parole les demandes d'amnistie, de suppression du traitement des aumôniers, l'ordre du jour Leblond, et, réélu pour la 2e fois le 16 mai 1877, il l'accentua encore, car il devint alors un des membres de la commission des Dix-Huit, chargée de surveiller le pouvoir exécutif, et, dans la discussion des fameuses lois Ferry, il soutint sans succès un amendement tendant à aggraver les rigueurs de l'article 7. Cependant, on le vit ensuite combattre, comme illégale, l'élection de Blanqui (juin 1879) et soutenir, dans l'arrondissement d'Orange, la candidature d'Alph. Gent contre celle d'Alph. Humbert, qui représentait des idées plus avancées. Par contre, après les élections du 21 août 1881, dans lesquelles il n'eut pas de concurrent, il soutint la demande de pensions pour les victimes du coup d'Etat de décembre 1851, et vota l'interdiction de toutes fonctions publiques aux membres des familles ayant régné en France, ainsi que la suppression du budget des cultes et de l'ambassade {110}du Vatican, ce qu'il fit, du reste, tant qu'il siégea sur les bancs de la Chambre des députés, tout en se montrant beaucoup moins intransigeant sous d'autres rapports ; car, à part cela et la campagne qu'il fit encore en faveur des radicaux au mois d'octobre 1885, époque à laquelle il fut simultanément élu dans le Gard et Jans la Drôme, mais opta pour ce dernier département, Madier de Montjau se rapprocha sensiblement alors du parti opportuniste, contre lequel il avait tant fulminé, réservant toutes ses violences pour les journalistes qui venaient s'entretenir avec les députés au Palais-Bourbon si bien que, vers la fin de 1888, il en arriva à ne plus pouvoir remplir les fonctions lucratives de questeur, qu'il occupait depuis 8 ans, ce qui l'affecta beaucoup. Réélu une dernière fois, mais dans l'arrondissement de Montélimar, le 22 septembre 1889, sa complète surdité le mettant dans l'impossibilité de suivre les débats de la Chambre, il ne monta à la tribune, pendant cette session, que pour demander qu'on réprimât de la manière la plus énergique les menées boulangistes (31 janvier 1889) et devait songer à prendre sa retraite lorsqu'il mourut à Chatou, le 27 mai 1892, étant alors député de la Drôme depuis 16 ans.
La ville de Valence, qui a placé le buste de Madier de Montjau dans son hôtel de ville, a donné son nom à l'ancienne rue Saint-Félix.
BIO-BIBLIOGRAPHIE ET ICONOGRAPHIE. - I. Madier-de-Montjau, par Francis Enne. Paris, 1873, grand in-4º de 4 pp, avec portr. signé A. Nerandau (Livre du Panth. républ.). - II. Madier-Montjau, par Pierre et Paul, avec caricature de Demare. Paris, Blanpain, s.d. - III. Portr. dans Le Grelot du 8 août 1875. - IV. Lith. grand infolio. Buste de 3/4 à G., dans un ovale de 0,251/0,205. Lith. Chaléat, Valence, Vinay, lith. - V. Grav. sur b., in-fol. En pied de 3/4 à G. ; cadre 0,344/0,285. Papin (del.), dans Le Grelot du 19 novembre 1876. - VI. Portrait extrait de la feuille intitulée : Les députés de la Drôme (Paris, Silvestre). - VII. Autre portrait, dans le Journal illustré du 22 novembre 1885. - VIII. Caric. signée Colla-Toc, dans La République anticléricale : Les hommes d'aujourd'hui, nº 199. - IX. Port. en glyptogr., d'après Layrand. extrait du Gratin du 15 juillet 1887.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Enseignement gratuit et laïque. Discours à la distribution des prix de l'école gratuite et laïque de Pierrelatte. Valence, Chaléat, 1874, in-8º de 14 pp.
II. Lettre à M.J. Bélat, avocat à Valence, sur la situation morale et politique du pays et sur la dissolution de l'Assemblée législative. Valence, Chaléat, 1874, in-32 de 30 pp.
#Vapereau, Larousse, Dict. des parl., etc., etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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