MARQUET (Barthélemy)



MARQUET (Barthélemy)), magistrat protestant, né à Valence, vers le milieu du xvie siècle, était vraisemblablement fils de ce procureur François Marquet, un des premiers et des plus ardents propagateurs des doctrines de Calvin dans cette ville, que le parlement de Grenoble condamna à mort pour cause de sédition, étant dit, en outre, que sa maison " seroit razée ; fors la murailhe au devant, où seroit placée une grosse pierre escripte de ces mots : Icy estoit la maison de François Marquet, secrestaire des séditieux et rebelles, qui furent exécutés le 15 may 1560. " On ne saurait, en effet, expliquer, sans cela, la rapidité avec laquelle celui qui nous occupe devint un des hommes les plus importants du parti huguenot en Dauphiné, n'ayant jamais pris qu'une faible part aux luttes de ce parti et même en 1578, c'est-àdire en pleine guerre civile, ayant logé successivement chez lui, moyennant finance, le lieutenant du roi dans la province, Raimbaud de Simiane de Gordes, et Aymar de Chatte-Geyssans, gouverneur de la ville, qui était un ardent ligueur. Et malgré cela, il jouissait alors d'une telle considération chez ses coreligionnaires, qu'il représenta à lui seul toutes les églises protestantes du Dauphiné {121}dans l'assemblée politique de St-Jeand'Angély (juin 1582), et qu'il fut nommé, le mois suivant (21 juillet 1582), conseiller en la Chambre de l'Edit de Grenoble, sur résignation de Soffrey de Calignon, qui passa alors à la présidence de cette Chambre, chargée, on le sait, de prononcer souverainement sur les causes intéressant les protestants dauphinois et provençaux. Puis, comme ce tribunal d'exception ne fonctionna, en réalité, qu'après la publication de l'Edit de Nantes, et que, pour remédier à cela, les protestants dauphinois créèrent, en 1586, une organisation judiciaire, la province étant divisée en six grandes circonscriptions, dans chacune desquelles un magistrat de leur choix était chargé de prononcer en premier ressort sur les causes de ses coreligionnaires, qui pouvaient ensuite appeler de leurs sentences devant un conseil établi à Die, Marquet alla résider à Die, et fut chargé, en outre, des fonctions de garde des sceaux près ce tribunal suprême. Tous ces faits sont d'autant plus significatifs, qu'il devait être encore bien jeune, attendu que c'est en 1575 (24 février) seulement, qu'il prit le grade de docteur en droit, en l'université de sa ville natale, et que ce n'est qu'en 1589 qu'il se maria. Seize ans plus tard, Barthélemy Marquet devenait président en la Chambre de l'Edit, malgré les sollicitations de son collègue Marc Vulson, protestant passionné, qui prétendait à cette charge et qui, ayant réclamé, en cette circonstance, les bons offices du synode provincial, obtint, pour toute réponse, que cette assemblée le trouvait " accompagné de toutes les qualités nécessaires pour exercer l'office de président en la Chambre, mais que néanmoins, elle prétendoit ne rien altérer au droit que M. Marquet pouvoit avoir audit office. "
Nommé à cette charge, le 6 février 1603, notre Valentinois en fut mis en possession le 3 juin suivant et la conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1609 ; et malgré cela, il serait certainement passé inaperçu, sans la fondation qu'il fit, le 5 avril 1605, d'un prix " des lettres humaines " à décerner chaque année aux élèves des quatre premières classes de l'académie protestante de Die, et pour le payement duquel il laissa une rente annuelle et perpétuelle de 10 écus, ce qui fut exécuté jusqu'à la suppression de cette académie (1685), bien que les héritiers de notre président, convertis au catholicisme, aient cherché à s'affranchir de cette charge en 1640.
Ayant épousé, le 12 septembre 1587, Jeanne de Dorne, fille d'un professeur en l'Université, veuve de Jean Reynard, seigneur de Saint-Auban, près Die, Barthélemy Marquet devint ainsi possesseur de la Maison des têtes, une des principales curiosités de la ville de Valence, dans le jardin de laquelle on voit ses armoiries accolées à celles des Dorne, et eut deux fils et une fille. Celle-ci, appelée Claudine et mariée, en 1620, avec Pierre Faure des Blains, capitaine au régiment de Roussillon, testa, quarante ans plus tard, en faveur de couvents où ses filles avaient pris le voile ; les deux fils, qui étaient jumeaux et dont un seul se maria, furent l'un et l'autre militaires. Ajoutons que notre président était beau-frère de Louis de la Pierre, avocat de Die, l'un des hommes qui contribuèrent à la fondation de l'académie protestante de cette ville, dont il était recteur en 1610.
Dans le temps que notre magistrat valentinois habitait Die, c'est-à-dire en 1594, les intérêts temporels de l'évêque de Valence dans cette ville et dans le Diois étaient représentés par un Barthélemy Marquet. Si ce personnage ne fait qu'un avec lui, le fait est à noter et, dans le cas contraire, il y a là une singulière coïncidence.
#Biogr. du Dauph., ii, 121. - Brun-Durand, La Chambre de l'Edit et Les Amis de Jean Dragon, 99. - Bull. d'archéol., xv, 216 et xvi, 325. - Nadal, L'Univ. de Valence, 387. - Arch. mun. de Valence, BB, 9. - Roman, Docum. sur la Réforme, 615. - Mém. de François Joubert, 30. - Arch. de la Dr., 2,242 et 8,105.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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