MELLERET (Jean-Pierre)



MELLERET (Jean-Pierre)), médecin, né à Etoile, le 25 septembre 1761, était fils de l'avocat Antoine Melleret, échevin de cette communauté avant la Révolution, qui la représenta aux Etats provinciaux de Romans, en 1788-89, puis à l'assemblée de Chabeuil, et qui, élu colonel de la garde nationale du bourg d'Etoile, le 2 août 1789, fut un des principaux organisateurs de la fameuse fédération de la Paillasse (29 novembre 1789) ; après quoi, il devint membre du directoire du département (7 août 1790), dont on lui décerna plus tard la présidence. Sa mère avait nom Marie-Madeleine Griffaud. Ayant accueilli la Révolution avec enthousiasme, il fut un des fondateurs de la Société des Amis de la Constitution de Valence, puis de celle d'Etoile, qu'il présida plus d'une fois ; ce zèle ayant attiré l'attention sur lui, on le chargea, en 1792, d'organiser une partie du département de Vaucluse, puis on l'envoya dans le district de Die, en qualité de commissaire-surveillant, ce qu'il était lorsqu'il fut nommé membre du tribunal révolutionnaire d'Orange, sur la recommandation de Payan, le 22 floréal an II (11 mai 1794). Seulement, comme il n'était pas de ceux à qui les passions politiques font perdre le sentiment de la justice, les violents de son parti ne tardèrent pas à se plaindre de lui. Dès le 9 messidor (26 juin), Agricol Moureau, le fougueux rédacteur du Courrier d'Avignon, le signalait à Payan comme " esclave des formes " quoique " bon patriote " et, dix jours plus tard, le président Fauvety entretenant le même Payan des travaux du tribunal d'Orange, qui avait, disait-il, " rendu cent quatre-vingt-dix-sept jugements dans dix huit jours ", lui disait : " Ragot, Fernex et moi sommes au pas, mais, Meilleret (sic), mon quatrième collègue ne vaut rien, absolument rien au poste qu'il occupe ; il est quelquefois d'avis de sauver des prêtres contre-révolutionnaires ; il lui faut des preuves comme aux tribunaux ordinaires de l'ancien régime. Il inculque cette manière de voir à Roman (voir {132}Roman de Fonrosa), il le tourmente et tous les deux nous tourmentent à leur tour. Nous avons quelquefois des scènes très fortes. Meilleret enfin est patriote, mais il n'est pas à sa place. Dieu veuille que Ragot, Fernex et moi ne soyons jamais malades ! Si ce malheur arrivait, la commission ne ferait plus que de l'eau claire. "
On ne saurait faire un plus bel éloge de ce jeune enthousiaste que les hasards de la politique avaient fait asseoir sur un siège de juge et qui, bien que peu préparé à ce rôle, ne laissait primer chez lui, par aucun autre sentiment, celui de la justice. Son collègue, Roman de Fonrosa a, du reste, marqué la distance qui les séparait, Melleret et lui, des autres membres du tribunal révolutionnaire dont ils faisaient partie, en écrivant à Payan, le 30 messidor : " Nous n'avons cessé, Meilleret et moi, de réclamer une assemblée préalable pour connaître les accusés que l'on mettait en jugement ainsi que les charges matérielles qu'il y avait contre eux, pour rendre notre opinion plus uniforme. " Cela n'empêcha pas qu'à l'heure du châtiment, tous subirent le même sort. La chute de Robespierre ayant entraîné la suppression des tribunaux révolutionnaires, celui d'Orange prit fin le 18 thermidor (5 août 1794). Un mois après, ses membres étaient arrêtés et, le 25 juin de l'année suivante, ils étaient tous condamnés à mort par le tribunal criminel de Vaucluse, dont la sentence fut exécutée le lendemain.
#Etat civil. - E.-B. Courtois, Rapport sur les papiers de Robespierre, 383, 395, 399. - Berriat-Saint-Prix, La justice révol. dans les dép. - De Beaumefort, Le tribunal révol. d'Orange. - Bonnel, Les 332 victimes de la comm. pop. d'Orange, i, 25. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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