NARBONNE-PELET-FRITZ-LAR (Jean-François,)



NARBONNE-PELET-FRITZ-LAR (Jean-François, comte de), officier général, né le 31 décembre 1726, à St-Paul-Trois-Châteaux, où il avait un oncle chanoine, était le troisième fils et fut l'héritier de Claude de Pelet, seigneur des Granges-Gontardes. Entré dans la carrière des armes, il contribua à la prise de Port-Mahon, par le duc de Richelieu, en 1756, et, devenu ensuite colonel des grenadiers royaux, se distingua à l'armée du Bas-Rhin, cinq ans après. Chargé de défendre Fritzlar en Prus{192}se, il arrêta, en effet, trois jours durant, toute l'armée ennemie devant ce poste et sauva ainsi l'armée française, en donnant au maréchal de Broglie le temps de la dégager. Aussi fut-il nommé brigadier et commandeur de Saint-Louis, le 20 février 1761, puis adjudant général de l'infanterie ; après quoi, on l'autorisa à joindre le nom de Fritzlar au sien, pour perpétuer le souvenir de ce beau fait d'armes.
Le 20 avril 1768, il fut fait maréchal de camp, et, nommé grand-croix de l'ordre de Saint-Louis, en 1772, il devint enfin lieutenant général des armées du roi, le 1er janvier 1784. C'est en cette qualité que le comte de Narbonne-Fritzlar fut appelé à remplacer momentanément le duc de Clermont-Tonnerre dans la charge de commandant militaire en Dauphiné ; il en profita pour faire ériger sa terre des Granges-Gontardes, qui formait alors une paroisse de la communauté de la Garde-Adhémar, en communauté distincte sous le nom de Fritzlar. L'arrêté du conseil d'Etat est du 29 mars 1788.
Quelques mois après, le héros de Fritzlar siégeait à Romans dans les Etats du Dauphiné, en qualité de premier commissaire du roi, et, bien que deux brochures anonymes que l'on a de lui prouvent qu'il regrettait certaines des règles qui présidèrent à l'organisation de cette assemblée, il n'en témoigna pas moins dans son discours être certain que celle-ci ne prendrait que " les délibérations les plus sages et les mieux réfléchies. " Du reste, il ne faut pas oublier que le comte de Narbonne-Fritzlar fut du nombre des gentilshommes qui s'associèrent par leurs actes au mouvement de 1789 ; car il écrivait, dès le 19 août de cette année-là, aux habitants des Granges-Gontardes : " Me trouvant à portée d'être instruit du vœu de l'Assemblée nationale, je me croirois peu digne de l'affection que mes anciens vassaux m'ont témoigné, ainsi qu'à mes prédécesseurs, si je ne m'empressois de vous assurer qu'à dater de l'époque que vous recevrez cette lettre, je vous tiens quitte de toute espèce de redevance sans exception " ; après quoi il donna l'ordre d'enlever le banc seigneurial de l'église du lieu, ce à quoi l'assemblée municipale répondit en le priant de garder son banc et de venir au milieu d'elle : témoignages de gratitude qui ne manquaient pas de valeur, mais qui ne l'empêchèrent pas d'émigrer, et cela avec d'autant plus de raison que la jeune veuve de son fils unique, décédé en 1788, fut décapitée à Paris, le 8 janvier 1794. Il alla en Savoie, puis à Coblentz, et, revenu à Paris après la tourmente, il y resta jusqu'à sa mort arrivée en 1815 et non en 1784, comme le dit la Biographie Michaud, ayant vendu quelque temps auparavant au comte de la Baume, son neveu, son château de Chartroussas, sur la Garde-Adhémar.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Chacun a fait ses preuves. S.l.n.d., mais de 1788, in-8º de 8 pp.
II. Réclamation d'un militaire du Dauphiné sur les exceptions faites en faveur de quelques membres de la noblesse de cette province, pour passer de la seconde classe à la première. S.l., 1788 ; in-8º de 4 pp., dans lequel il se plaint de ce que l'assemblée de Romans avait arrêté qu'il fallait avoir cent ans de noblesse, pour faire partie des Etats de la province en qualité de député de la noblesse.
#Lacroix, L'Arrond. de Mont., iv, 129. - Perrossier, Lettres d'Achard de Germane, 87. - Arch. mun. des Granges-Gontardes, AA, t, et GG., 4. - Ann. mil. - Ed. Maignien, Dict. des anon. et des pseud., 455 et 1635.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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