PLOVIER (François)



PLOVIER (François)), docteur en théologie et religieux de l'ordre des Frères mineurs, c'est-à-dire cordelier, que nous croyons être un neveu du précédent, jouissait, dès 1488, d'une si grande réputation d'éloquence et de savoir que le pape et le parlement de Grenoble lui confièrent alors, simultanément, une double et difficile mission. Nommé par le premier inquisiteur de la foi dans les vallées vaudoises, au lieu et place d'Albert de Capitaneis ou de Cattanée, dont les rigueurs contre les Vaudois ne semblent pas avoir été approuvées par la Cour de Rome, il fut plus particulièrement chargé par le Parlement de " prescher et exhorter iceulx de ladicte Valcluse. " Cela ressort clairement de lettres patentes du roi Charles VIII, en date du 8 mars 1489, et c'est conséquemment à tort que Paul Perrin, qui l'appelle François Ploirerii, fait de notre cordelier valentinois un simple délégué d'Albert de Capitaneis, et bien plus à tort que Marcellin Fornier conteste la {236}mission de François Plovier dans les vallées vaudoises. Quant à la manière dont le nouvel inquisiteur remplit cette mission, tout en se ressentant naturellement de l'esprit du temps, elle ne fut pas ce que dit Perrin ; car, tandis qu'il peint François Plovier sous les plus noires couleurs, les documents qu'il a eus le premier en mains et qui ont été retrouvés depuis, à l'université de Cambridge, prouvent que ce dernier, après avoir continué l'enquête commencée par Albert de Capitaneis, ne fit, en somme, qu'un seul procès, qui est celui de Pierre Valet, de Freyssinières, dont les biens furent confisqués et qui fut ensuite livré au bras séculier. Bien mieux, les Vaudois dont les biens avaient été auparavant confisqués ayant prié le roi de leur faire remise de cette confiscation, moyennant le payement d'une amende ; Charles VIII se rendit à leur prière, le 8 mars 1489, sur la " relation " faite à ses commissaires par " bien amé Me François Plovier, docteur en théologie et député d'icelle saincte foy, par le sainct Siège apostolique, qui, par l'advis et delibération de la cour de parlement ", avait, " par certain temps, presché et exhorté iceulx suppliants de lad. Valcluse ", lequel avait ensuite écrit au roi " de leur vie et conversation. "
De retour à Valence, François Plovier joua également un rôle dans les poursuites intentées, en 1492, aux Vaudois des environs de Chabeuil ; car, Perrin raconte que notre cordelier ayant demandé " pourquoi la secte des Vaudois pulluloit si fort et s'espandoit des longtemps en tant de lieux ", il fit " coucher ainsi la response du barbe Gérondin : que la vie dissolue des prestres en estoit la cause, et que parce que les cardinaux estoient avares, orgueilleux et luxurieux, estant chose notoire à un chacun... Et incontinent après, enquis le mesme barbe que c'est qu'ils enseignoient touchant la luxure, ils le font respondre que la luxure n'est point peché, ci ce n'est de la mère avec l'enfant. " Or, il n'est pas douteux que la première partie de cette déposition est une garantie de la véracité de l'ensemble, quoi qu'en puisse dire Perrin, qui prétend que les dépositions des Vaudois ne furent pas fidèlement transcrites par François Plovier, tandis qu'un autre historien protestant des Vaudois, M. le docteur Montet, professeur à l'université de Genève, accuse formellement le même Perrin de falsification de documents et de procédés frauduleux.
Pour en revenir à François Plovier, rentré dans la paix de son couvent, il y vécut dès lors tellement absorbé par les devoirs de la vie monastique qu'il n'est plus question de lui que deux fois : en 1494, parce qu'il composa, en collaboration avec le directeur des écoles de Valence, une " histoire " pour l'heureuse arrivée de la reine dans cette ville ; et, le 29 septembre 1515, parce que le registre des délibérations consulaires, rendant compte de la procession générale qui eut lieu ce jour-là, pour remercier Dieu de la victoire de Marignan, nous apprend que cette processlon, à laquelle on porta les reliques des SS. Félix, Fortunat et Achillée, se rendit à l'église des Cordeliers, où " il y eust presche desdites nouvelles faict par M. François Plovier, docteur en théologie. "
#Arch. de Valence, BB, 2, 4 ; EE, 3. - Marcellin Fornier, Hist. Alpes mar., éd. Paul Guillaume, ii, 449. - Edouard Montet, Hist. litt. des Vaudois, 185. - Jules Chevalier, Les hérésies en Dauph. avant le xvie s., 67, 101, 103. - Paul Perrin, Hist. des Vaudois, 128, 133. - A catalogue of manuscripts... of the univ. of Cambridge, i, 86. - Etc., etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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