POISIEU (Aimar de)



POISIEU (Aimar de)), marquis du Passage, seigneur de Manzet et de Hardecourt, une des plus grandes personnalités dauphinoises au temps de {240}Louis XIV, naquit à Valence le 12 août 1613, de Scipion de Poisieu, gouverneur de cette ville, et d'Anne d'Appincourt. Il était conséquemment le petit-fils de cet autre Aimar de Poisieu que La Valette fit gouverneur de Valence, au mois de juillet 1586, pour l'enlever à la Ligue, et qui sut garder cette place au roi jusqu'après la paix, en dépit de toutes sortes d'entreprises. Bien mieux, ce premier Aimar de Poisieu, qui était d'ailleurs un excellent homme de guerre, ayant appris, en 1597, que son beau-frère, le comte de la Roche, se proposait de livrer la ville de Romans, dont il était gouverneur, au duc de Savoie, fut des premiers, " quoique faible de maladie ", à se joindre à d'Ornano pour réduire le traître et, dit une lettre de ce dernier au connétable de Montmorency, " libéralement bailla le canon, munitions et tout autre chose nécessaire ", ce qui peut donner une idée de sa fidélité et de son dévoûment. Quant à son petitfils, celui qui nous occupe, entré de bonne heure dans la carrière des armes, il obtint, en 1637, une compagnie dans le régiment de Maugiron, avec lequel il fit campagne contre les Espagnols, en Italie, et dont il devint colonel en 1639, se comportant partout de telle sorte que le roi lui accorda, comme récompense, 2,000 livres de pension au mois de février 1643. Passé dans ce temps-là à l'armée de Turenne, il gagna si vite la confiance de cet illustre chef que celui-ci, qui demandait pour du Passage un emploi dès le mois d'août suivant, insistait, au mois de février 1645, pour qu'on en fît son maréchal de bataille, disant qu'il n'y avait " pas plus honneste gentilhomme en France, ny plus homme d'honneur, " ce à quoi la régente consentit au bout de peu de temps, ajoutant à cela une gratification en argent pour notre Valentinois, un ajusto di costa, comme disait Mazarin.
Deux mois après, du Passage se trouvait au malheureux combat de Mariendal (Mergentheim) (cinq mai 1645), où il fut fait prisonnier ; relâché presque aussitôt, il combattit à Nordlingen et participa à la prise d'Heilbronn et de Trèves, ce qui lui valut d'être élevé au grade de maréchal de camp, le 10 mars 1646. On le trouve ensuite au siège d'Augsbourg, à la prise de Tubingue et au combat de Zusmarshausen (17 avril 1648), après quoi il resta peut-être quelque temps à l'écart, pour ne pas combattre Turenne qui l'avait si grandement protégé ; mais, celui-ci étant revenu au parti du roi, du Passage servit alors sous le maréchal d'Hocquincourt et se trouva avec lui aux combats de Bléneau et d'Etampes, puis à l'affaire du faubourg Saint-Antoine, le 2 juillet 1652.
Huit jours plus tard, du Passage était fait lieutenant général des armées du roi et, comme tel, servit ensuite en Picardie, puis en Flandre, où il contribua à la prise du Quesnoy, le 7 septembre 1654 ; se distingua tout particulièrement au siège de Landrecies, le 16 juillet 1655, et prit enfin part à tous les brillants faits d'armes de cette campagne, jusqu'à ce que Turenne, qui l'avait dépêché quelques jours auparavant au roi pour l'instruire de ses succès, lui confia le gouvernement de l'importante place de Condé, lorsqu'il s'en fut emparé, le 18 août de cette même année 1655. Malheureusement, du Passage ne put conserver longtemps ce commandement ; car, l'ennemi l'ayant assiégé onze mois plus tard, avec des forces considérables, il finit par se rendre, faute de vivres, le 18 août 1656 ; il obtint cependant une capitulation honorable qui lui permit de sortir de la place " tambour battant, enseignes déployées ", et de rejoindre avec ses troupes l'armée française, de telle sorte qu'au lieu d'être diminué par cet échec, sa réputation s'en accrut, comme aussi la confiance qu'avait en lui Turenne, avec qui il fit encore cette campagne de 1657-1658, dont le résultat fut la conquête des Flandres. {241}A la reprise de la guerre contre les Espagnols, dans le même pays, notre Valentinois combattit encore sous Turenne, dont il ne cessa pas d'être un des meilleurs lieutenants, ce qui lui valut d'être chargé du commandement militaire du Roussillon, le 30 mars 1668. Seulement, comme il avait été fortement éprouvé par tant de campagnes, il résigna ce commandement aussitôt après le traité d'Aix-la-Chapelle, pour se retirer dans son château de Saint-Georges-d'Espéranche, où il testa le 16 juin 1684, instituant héritier, à défaut d'enfants, puisqu'il ne s'était pas marié, le second fils du maréchal de Créqui, Nicolas de Blanchefort. Il mourut à Lyon, le 8 juin 1688, étant le dernier de son nom.
#Biogr. du Dauph., ii, 259. - Arch. mun. de Valence, 44. - Chorier, Estat. pol., 448. - Brun-Durand, Mém. d'E. Piémond, 426. - Arch. de la Drôme, E, 3672. - Lettres de Mazarin, i, 98, 260, 332 ; ii, 130, 140 ; vii, 46, 308. - Mém. de Montglat, 314. - Mém. de Turenne, 382. - Mém. de Bussy-Rabutin, ii, 293, 381. - Arm. du Dauph., 533. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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