POITIERS (Aimar)



POITIERS (Aimar III de), comte de Valentinois, petit-fils et successeur du précédent, s'empara du pouvoir comtal onze ans au moins avant la mort de son aïeul, tout en laissant à celui-ci le titre de comte, et entra en guerre dès le premier jour contre l'évêque de Valence, qui réclamait une somme de 8,000 marcs d'argent que le vieil Aimar II avait été condamné à lui payer, pour réparation de certains dommages. Cette guerre, qui paraît avoir été fort malheureuse pour le pays, aboutit à un traité du 22 février 1244, réduisant à 5,000 livres viennoises la somme à payer par le comte de Valentinois, celui-ci étant en outre confirmé dans la possession d'Etoile, de Chabrillan et de Chateaudouble, sous condition de les tenir en fief de l'évêque. Le jeune Aimar III n'attendit pas, du reste, cette confirmation pour octroyer une charte de libertés aux habitants d'Etoile ; car, cette charte est antérieure d'un jour au traité dont nous venons de parler.
Après, c'est contre le Dauphin que le petit-fils du comte Aimar II guerroya, et cela à cause de Saint-Nazaireen-Royans et de quelques autres terres que lui disputait ce prince, qui lui fit ensuite un grief de ce qu'il avait prêté aide au roi saint Louis, lorsqu'il s'empara du château de la Roche-de-Glun, au mois de juillet 1248, et le détruisit pour punir Roger de Clérieu, à qui il appartenait, d'avoir voulu faire payer aux croisés, descendant le cours du Rhône, des droits de péage. Des arbitres mirent fin à ces conflits en décidant, le 27 mai 1252, que les terres revendiquées par Aimar III lui appartiendraient, sous condition d'en faire hommage au Dauphin. Et il en fut ainsi pendant trente-huit ans, la vie de ce comte de Valentinois, - qui poussa la rapacité et l'absence de scrupules jusqu'à vouloir priver de son douaire son aïeule, devenue veuve, - n'ayant été qu'une suite de luttes et de querelles avec ses voisins, aux dépens de qui il s'efforça toujours d'agrandir son petit état ; ce qui le rendit si redoutable pour eux et particulièrement pour les prélats qui se succédèrent, de son temps, sur le siège épiscopal de Valence, qu'après avoir usé de tous les autres moyens en son pouvoir pour ramener l'ambitieux et belliqueux comte à de meilleurs sentiments, le pape estima qu'il n'y avait plus qu'à réunir les deux évêchés de Valence et de Die sur une même tête, pour mettre leur titulaire plus à même de résister. La bulle d'union est du 25 septembre 1275 ; mais ce n'est qu'après la mort de l'évêque de Die, Amédée de Genève, qu'elle reçut son plein effet, et cette mort ne précéda que de quelques semaines celle d'Aimar III, qui mourut à Rochemaure, au mois d'avril 1277, laissant deux fils et deux filles de ses deux mariages, le premier avec Florie de Beaujeu, l'autre avec Alix de Mercœur.
Aimar III avait augmenté d'autant plus sensiblement les biens de sa maison, qu'au résultat de ses empiètements il avait ajouté plusieurs terres acquises à prix d'argent ou par échange : par exemple, celle d'Ourches, en 1247 ; le haut domaine du château de Rochefort en Valentinois, en 1252 ; le château de Gluiras en Vivarais, et la terre de La Vache, en 1259 ; partie de la terre de Château{245}neuf-de-Mazenc, en 1263, et celle de Saint-Gervais, en 1266 ; puis, les droits du Dauphin sur une moitié de Crest et sur Aoùste et Divajeu, en 1267 ; enfin, ceux du comte de Toulouse sur une partie de Valréas et d'autres possessions de Dragonnet de Montauban.
#Anselme, ii, 183, et suiv. - A. Du Chesne. - Bull. d'arch., xviii, 47, etc. - Inv. ch. des comptes. - Gall. Christ., xvi. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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