POITIERS (Henri de)



POITIERS (Henri de)), frère puîné du précédent, est bien de tous les prélats de sa maison celui qui peut le mieux donner une idée de la désinvolture avec laquelle les Poitiers se comportèrent vis-à-vis de l'Eglise. Bien que n'étant naturellement alors que simple clerc, il se fit pourvoir, à 18 ans, de l'archidiaconat de la ca{249}thédrale de Toulon (19 avril 1347), et, l'année suivante (15 juillet 1348), ajouta à cette dignité celle de doyen de l'église du Puy. Nommé enfin évêque de Gap, le 11 mai 1349, c'està-dire à 20 ans, il se fit chasser, peu de temps après, de sa ville épiscopale et de son diocèse par les Gapençais indignés, en laissant et peut-être même faisant assassiner un parent de son prédécesseur, qui était fort aimé, par certain bâtard de sa maison, qu'il avait amené avec lui et " par qui il exerçait ses vengeances ", si l'on en croit Chorier. Or chassé, Henri de Poitiers revint bientôt avec des renforts, et il s'ensuivit une guerre des plus malheureuses pour le pays, à laquelle le pape Innocent II ne put mettre fin qu'en transférant ce prélat sur un autre siège.
Nommé d'abord à l'évêché de Nevers (4 février 1353), puis à celui de Troyes, le 13 mars de la même année, il ne prit possession de ce dernier que pour se battre encore, non contre ses diocésains cette foisci, mais, ce qui valait mieux, contre les Anglais, vis-à-vis de qui il se montra " bon guerroyeur et entreprenant durement ", pour nous servir des expressions de Froissart. En effet, après avoir pris une bonne part au siège de Melun, par le duc de Normandie, il leva, de concert avec quelques autres seigneurs, une petite armée, à l'aide de laquelle il s'empara du fort de Ham ; puis, il contribua plus que personne à mettre l'ennemi en déroute, à la bataille de Nogent-sur-Seine (1359), où il commandait l'avant-garde. Aussi, les habitants de Troyes lui firent-ils fête lorsqu'il rentra victorieux dans leurs murs, où il ne s'attarda guère, quand même, tant qu'il y eut à batailler contre quelqu'un, c'est-à-dire pendant longtemps. Et lorsqu'il lui fallut enfin songer à son départ de ce monde, ce sont encore ses exploits militaires qui lui furent le plus à cœur ; à tel point que, faisant son testament le 21 août 1370, il n'ordonna de fonder une chapelle, avec messe quotidienne, à Champfonace, que parce que ce lieu avait été le témoin de sa plus brillante victoire sur les Anglais. Il légua ensuite ses chevaux et ses harnais de guerre à son frère Charles, seigneur de St-Vallier, qui n'était, du reste, encore à ce moment-là, que simple clerc, bien que pourvu d'un évêché depuis trente ans.
D'une religieuse du Paraclet appelée Jeanne de Chénery, ce singulier prélat eut quatre enfants naturels, qu'il fit légitimer peu de jours avant sa mort, qui suivit de très près son testament.
#Biogr. Dauph., ii, 262. - Du Chesne, 40. - Anselme, ii, 291. - P. Guillaume, Introd. au tome IV de l'Inv. des arch. des Hautes-Alpes, xii. - Roman, Hist. de Gap, 268. - Froissart, i, 401-409.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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