POITIERS (Louis)



POITIERS (Louis Ier de), comte de Valentinois et de Diois, frère aîné des trois précédents, était probablement attaché à la personne du roi Philippe-le-Long, quand son père lui donna, du consentement de ce prince, les terres de Tournon, Boulogne, Privas et Saint-Vincent-de-Barrès en Vivarais, par acte passé à Vincennes, le 25 juin 1319. En tout cas, il fut toujours " fort affectionné à garder et défendre l'honneur de la couronne de France ", et c'est évidemment pour cela que le roi Philippe VI le fit son lieutenant général en Languedoc, le 15 décembre 1340, c'est-à-dire peu de temps après qu'il fut devenu comte de Valentinois, par le fait de la mort de son père. Or, lieutenant de roi en Languedoc, Louis de Poitiers ne se contenta pas de surveiller étroitement le roi de Majorque, qui, de Montpellier dont il était seigneur, intriguait un peu avec tout le monde, pour s'affranchir de la suzeraineté du roi de France ; car, ayant levé une petite armée pour contenir ce prince dans le devoir, il organisa si bien la défense du pays que, deux {250}ans après sa mort, un chevalier, Ami de Chambrille, s'intitulait encore " maréchal de l'ost establi par le comte de Valentinois lieutenant du roi ès parties de la Languedoc ", et que, dès le mois de juillet 1341, il étendait son action jusqu'en Guyenne.
Sept mois plus tard, ce comte se trouvait à Poitiers, avec 100 hommes d'armes, à la tête desquels il prit une belle part à la guerre de Bretagne, et s'il revint au bout de quelque temps dans ses états, dont il avait confié le gouvernement au seigneur de Saint-Vallier, son oncle, ce fut pour y terminer de gros différends avec le Dauphin, à propos de la baronnie de Clérieu, qu'il finit par obtenir, à peu de chose près, grâce à l'intervention du roi de France (8 août 1343). Il avait rendu trop de services à ce prince pour qu'il lui refusât quelque chose. Et de fait, après l'avoir fait, ainsi que nous l'avons dit, son lieutenant général en Languedoc, Philippe VI lui abandonna les droits qu'il avait sur les châteaux de Garauzon et de Châteaubourg en Vivarais ; puis, lui donna successivement : 500 livres de rente à prendre sur la recette d'Aiguemortes, en 1341 ; la terre et la châtellenie de Blain en Bretagne, le 13 juin 1344 ; une maison aux faubourgs de Nantes, qui avait été confisquée sur Ollivier de Clisson, en 1345 ; et, quelques jours après (29 juin 1345), une rente viagère de 2,000 livres sur le trésor royal. Ajoutons qu'il lui fit encore céder par Jean de Luxembourg, roi de Bohême, une autre rente de 500 livres sur le même trésor. En un mot, c'était un des hommes considérables du royaume et l'un des plus solides champions des intérêts français, lorsqu'il périt à la malheureuse bataille d'Auberoche en Périgord, où nous eûmes 300 morts ou prisonniers et où son frère Aimar, seigneur de Veynes, fut pris par les Anglais. Froissart prétend au contraire que c'est le comte de Valentinois qui fut fait prisonnier, et il s'appuie pour cela sur ce que ce dernier fit ensuite son testament à Etoile. Seulement, ainsi que le remarquent, du reste, les auteurs de l'Hist. du Languedoc, la bataille d'Auberoche ne se donna pas le 10 août 1344, mais le 23 octobre de l'année suivante et, conséquemment, rien ne s'oppose à ce que le comte Louis Ier ait péri dans cette malheureuse journée, tout en ayant testé à Etoile, le 23 mai 1345. D'où l'on peut raisonnablement conclure que, bien qu'ayant fait, par ce testament, élection de sépulture en l'église des Cordeliers de Crest, ce comte de Valentinois n'y fut pas inhumé.
De son mariage avec Marguerite de Vergy, fille d'Henry, sénéchal de Bourgogne, Louis Ier de Poitiers ne laissa qu'un fils qui lui succéda, et une fille qui épousa, en 1343, Guichard de Beaujeu.
#Biogr. Dauph., ii, 262. - Du Chesne, 49. - Anselme, ii, 192. - Froissart, i, 193. - Valbonnais, ii, 452. - Hist. de Languedoc, vii, 130, 133, 405. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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