POITIERS (Guillaume de)
POITIERS (Guillaume de)), seigneur de Clérieu, frère puîné du précédent, naquit, dit-on, peu de temps avant la mort de son père, qui lui donna, par testament en date du 11 février 1454, deux ou trois baronnies et nombre de terres en Dauphiné, en Languedoc et dans le Comtat. Mais il faut remarquer, cependant, qu'il portait déjà les armes sous le règne de Charles VII ; car, il est dit dans les actes du conseil de régence de Charles VIII que, le 2 décembre 1484, ce conseil admit, comme dépense valablement faite, " toutes les parties et sommes à quoi peuvent monter certains harnais, chevaux et artillerie baillez à Jehan, bastard d'Armagnac, et à Guillaume de Poitiers, pour le service du feu roy estant Dauphin ; " et l'on sait en outre que dans le tournoi donné à Chambéry en l'honneur de Yolande de France, duchesse de Savoie, au mois de mai 1470, notre seigneur de Clérieu fut un des vainqueurs. On peut d'autant plus conclure de là qu'il est un de ceux qui, s'étant attachés au fils de Charles VII, pendant qu'il était exilé en Dauphiné, bénéficièrent de la fortune de ce prince devenu roi, qu'il reçut alors en don la terre de Baix, pour en jouir pendant sa vie, et devint ensuite, coup sur coup, capitaine de Montlhéry et chambellan de Sa Majesté. Enfin, ayant traité avec Charles d'Amboise, du gouvernement de Paris et de l'Ile-de-France, dont il prit possession le 30 novembre 1478, il obtint que le trésor royal payât une partie du prix d'acquisition. Il faut de plus reconnaître que ces faveurs ne lui furent nullement retirées sous le règne suivant, ainsi qu'on l'a avancé ; car, si le roi Charles VIII lui reprit, il est vrai, la terre de Baix et la capitainerie de Montlhéry, ce ne fut pas sans l'indemniser amplement. Bien mieux, Guillaume de Poitiers ayant hérité de son aïeule paternelle certains droits sur le marquisat de Cotrone en Calabre, que détenaient les Espagnols, le roi de France voulut évidemment le mettre à même de faire valoir ces droits, lorsqu'il l'envoya, au roi et à la reine de Castille, en 1496, pour leur proposer de faire " à butin commun " la conquête du royaume de Naples. Seulement, notre seigneur de Clérieu se laissa tellement jouer par les souverains espagnols, qu'on dut bientôt le remplacer dans cette ambassade par Imbert de Baternay, seigneur du Bouchage ; et, malgré cela, il fut encore chargé d'une mission en Ecosse. Enfin, témoignage irrécusable de son importance à la cour du roi Charles VIII, ce prince jaloux de reconnaître ce qu'il devait " à son cher et amé cousin, conseiller et chambellan ordinaire, Guillaume de Poitiers, chevalier, marquis de Cotron, seigneur de Clérieu, gouverneur de Paris ", lui {262}donna les terres et seigneuries de la Roche-de-Glun et de Beaumont-Monteux, voisines de celle de Clérieu, et ce don fut confirmé, au mois de février 1498, par le roi Louis XII. Certains auteurs prétendent même que ce Guillaume de Poitiers fut encore bailli de Rouen. En tout cas, il mourut à Lyon, le 2 juin 1503, laissant un fils naturel, qui fut abbé de Montmajour et de St-Wandrille.
#Biogr. Dauph., ii, 266. - P. Anselme, ii, 204. - Du Chesne, 100 et pr. 101. - Séances cons. Charles VIII. - Commines, l. viii, ch. 23. - Fr. Michel, Les Ecossais en Fr., i, 294. - De Gallier, Ess. sur Clérieu, 404. - Etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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