POITIERS (Louis de)



POITIERS (Louis de)), neveu du précédent et 2e fils d'autre Louis de Poitiers, seigneur de St-Vallier, et de Polyxène de Ruffo, sa seconde femme, fut baron de Sérignan, dans le Comtat-Venaissin, du chef de sa mère, et, s'étant fait d'Eglise, était prévôt de la cathédrale de Valence, archidiacre de celle d'Avignon et prieur de St-Ruf de cette ville, quand son oncle Jean se démit en sa faveur des évêchés de Valence et de Die, pour devenir archevêque de Vienne. Cela eut lieu non en 1448, comme on l'a dit, mais un an plus tôt, attendu qu'il résulte d'une bulle pontificale, du 1er août 1447, que le prélat démissionnaire se réserva de prendre chaque année 1.000 florins sur les revenus des évêchés qu'il abandonnait, et qu'on voit, cinq mois plus tard (29 {260}décembre 1447), les Valentinois convenir de faire un don de 5 à 600 florins au nouvel évêque, pour son joyeux avènement.
Or, à peine ce descendant des anciens comtes de Valentinois eut-il pris possession de ses sièges épiscopaux, qu'il se heurta au plus terrible adversaire de la puissance temporelle des évêques de Valence et de Die, le Dauphin qui fut ensuite le roi Louis XI. Car, au mépris des droits de l'évêque, ce prince déclara, le 16 juillet 1448, prendre les habitants de Valence sous sa protection ; puis, notre prélat ayant fait arrêter des faux monnayeurs, il lui signifia que la connaissance de semblables crimes appartenait exclusivement aux magistrats delphinaux, et le pauvre Louis de Poitiers ayant alors fait mine de résister, il l'arrêta bien vite dans cette voie, en mettant la main sur son temporel. Par suite, ce dernier, qui n'était pas, il s'en faut de beaucoup, à la hauteur des circonstances, après avoir exposé la situation à des représentants des trois états du pays assemblés dans ce but à Aoûste, se décida, sur leur conseil, à reconnaître la souveraineté du Dauphin, qu'il associa en outre à tous ses droits de juridiction sur les villes de Valence et de Die et toutes les autres terres et seigneuries composant son domaine temporel. C'est le 10 septembre 1450 que ce traité fut signé à Die, et quatre jours après, étant à Chabeuil, il fit hommage au Dauphin pour tout ce que ses prédécesseurs et lui avaient jusque-là possédé en franc alleu. En retour, ce prince lui fit présent de 14.000 écus d'or, dont il ne toucha, il est vrai, que 9.200 ; puis, le fit vice-chancelier du Dauphiné. Et il en fut ainsi jusqu'au 6 février 1456, date à laquelle la communauté des droits de juridiction étant une cause permanente de conflits entre les officiers de l'évêque et ceux du Dauphin, celui-ci, content d'avoir mis fin à l'indépendance féodale des évêques de Valence et de Die, renonça spontanément aux bénéfices du traité du 10 septembre 1450, sous réserve de la souveraineté, du droit à l'hommage et de la juridiction en dernier ressort ; après quoi il donna l'importante terre de Pisançon à notre prélat personnellement, pour prix de sa renonciation aux droits qu'il pouvait avoir à l'héritage du dernier comte de Valentinois.
Devenu ainsi de petit prince grand seigneur ecclésiastique, Louis de Poitiers se confondit dès lors avec les officiers de la cour du Dauphin ; mais il ne suivit pas, quand même, le parti de ce prince, lorsqu'il se fut ouvertement révolté contre le roi son père, et l'on prétend même qu'il se conduisit alors d'une manière peu honorable, c'est-à-dire que les Etats du Dauphiné l'ayant envoyé avec quelques autres auprès du roi Charles VII, pour le dissuader de venir dans ce pays, il ne remplit ostensiblement cette mission que pour engager ensuite secrètement ce monarque à s'avancer, au contraire, promptement à la tête d'une armée. Aussi le fils de Charles VII, arrivé au trône, ne manqua-t-il pas de le comprendre parmi ceux qu'il fit alors poursuivre comme félons. Dès le mois de septembre 1462, tous les revenus des évêchés de Valence et de Die étaient placés sous séquestre, mais notre prélat n'avait pas attendu ces poursuites pour s'enfuir à Sérignan, emportant avec lui ce qu'il avait de plus précieux, et il y était encore le 3 mai 1464, date à laquelle le seigneur de Beauveau écrivait d'Avignon au roi Louis XI : " L'evesque de Valence est bien triste et desplaisant de ce qu'il cognoit non estre en vostre grâce et dit que si c'estoit vostre plaisir de laisser aller le temps passé et l'avoir en vostre bonne grâce, qu'il sera content bailler les VIm francs que lui avez fait demander par vos officiers. " Or, sachant ce que valait l'homme, Louis XI laissa revenir ce pauvre prélat dans ses diocèses, moyennant le payement des 6.000 livres d'amende qu'on lui avait infligées.
{261}Indépendamment de cela, nous savons que Louis de Poitiers ayant été pourvu en 1460 de l'abbaye de St-Ruf, la fit administrer jusqu'à sa mort par un vicaire général ; que, le 26 avril 1467, il rétablit un chapitre fondé cent quatre-vingt-dix ans auparavant à Crest, par Amédée de Roussillon, un de ses prédécesseurs ; qu'en cette même année 1467, il assista aux Etats de Tours, dans lesquels les intérêts de la noblesse, attaqués par le bailli de Troyes, furent vaillamment défendus par le seigneur de Vadans, Philippe de Poitiers, qui était un cousin de notre évêque ; enfin, qu'ayant testé le 27 avril de l'année suivante, demandant à être inhumé dans l'église des Cordeliers d'Amboise, il mourut probablement le même jour, car on le trouve remplacé, vingt-deux jours après, par Géraud de Crussol, archevêque de Tours.
#Biogr. Dauph., ii, 266. - P. Anselme, ii, 201. - Columbi, De reb. Valent., 186. - Arch. de Valence, BB, i. - J. Chevalier, Hist. de Die, ii, 600. Repert. Sti-Ruffi. - Chorier, Hist. gén., ii, 444. De Mandrot, Y. de Batarnay, 9. - E. Pilot de Thorey, Actes de Louis XI, i, 382 et 464. - Etats de Tours. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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