POITIERS (Guillaume de)



POITIERS (Guillaume de)), seigneur de Barry et de Soyans, frère naturel des précédents, qui fut un personnage dans notre contrée au xve siècle, était un bâtard que Charles de Poitiers, seigneur de St-Vallier, eut sur la fin de sa vie, d'une servante de Romans appelée Béatrix, et à qui il donna d'abord (16 mai 1408) la terre du Mouchet sur Chavannes De plus, il lui légua par testament en date du 18 mars 1410, une somme de 1.000 écus, et 40 écus de pension annuelle jusqu'à 15 ans, recommandant en outre à son fils Jean, alors évêque de Valence, chez qui fut fait ce testament, de le faire étudier jusqu'à 12 ans et de l'envoyer ensuite en Allemagne, avec un valet et deux chevaux, pour y apprendre la langue du pays, - témoignage irrécusable de la tendresse du vieillard pour ce fruit tardif de son inconduite. Mais, ce qui est plus surprenant encore, c'est que ses enfants légitimes se montrèrent également pleins de sollicitude pour ce bâtard ; car, indépendamment de ce que l'évêque de Valence le traita en père, le seigneur de St-Vallier, son autre frère, et le chef de la maison, donna en 1427 la terre de Chastel-Arnaud à notre Guillaume de Poitiers, qui était alors déjà homme de guerre de quelque renom, à en juger par ce fait que, le 18 février 1426, le roi Charles VII le retint avec 25 hommes d'armes et 10 hommes de trait, de sa suite, pour la défense du Languedoc et de la Guyenne, à raison de 100 livres de gages par mois.
Peu de temps après, ce bâtard de la maison de Poitiers ayant épousé la fille d'un riche bourgeois de Die, Clarette Vernayson, acquit les seigneuries de Barry et de Vercheny, ce dont il se prévalut pour alberger, en 1435, l'eau de la Drôme à la communauté de Saillans ; et, cinq ans plus tard, on le voit prêter 3,000 florins au dauphin Louis (XI), dont il était alors le chambellan, en même temps que capitaine d'une de ses compagnies d'ordonnance. A toutes ces charges il ajouta, en 1447, celle de sénéchal du Valentinois et du Diois, qui venait d'être créée et qu'il conserva jusqu'en 1450 ; puis, celle de châtelain de Montélimar, qu'il ne garda qu'un an. C'est, du reste, dans ce temps-là, qu'il fut envoyé {259}dans le Gapençais avec le titre et les pouvoirs de lieutenant général au gouvernement de Dauphiné, pour y réprimer certains attentats commis contre les troupes que le roi de France envoyait alors en Lombardie ; et dans ce temps encore que le Dauphin lui céda la terre d'Auriples et 1,500 livres de rente à prendre sur celles de Quint et de Pontaix, en échange de sa créance de 3,000 florins et de deux maisons à Valence.
Ayant acquis, en outre, vers cette époque, la terre de Soyans, le bâtard de Poitiers était, en résumé, l'un des plus puissants seigneurs du pays lorsqu'il se reconnut homme lige du Dauphin, le 12 avril 1452 ; et, le don que ce prince lui fit en 1455, de toutes les sommes qui pourraient être imposées, pendant sept ans, sur les habitants de Barry, Eygluy, Chastel-Arnaud, Quint, Pontaix, Luc, Auriples et Soyans, ajouta encore à sa fortune. Il n'abandonna pas moins le parti de son bienfaiteur lorsque celuici se révolta ouvertement contre le roi son père et s'enfuit du Dauphiné, en 1456. Cette défection entraîna la confiscation de tous ses biens à l'avènement du roi Louis XI, c'est-à-dire presque au moment où, faisant partie du corps d'occupation de Gênes, il périt, les armes à la main, dans une insurrection des Génois. Il arriva même que, sous la pression du vindicatif Louis XI, le parlement de Grenoble condamna sa mémoire le 24 avril 1464. Ses biens furent alors donnés à François d'Eurre, un des favoris du nouveau roi bien qu'il en eût disposé, faute d'enfants, en faveur de Jean de Poitiers, seigneur de Chevrières, et d'Isabeau de Poitiers, femme du maréchal de Boucicaut, par testament en date du 20 février 1457 ; mais il est à remarquer, cependant, que ses parents, les Poitiers-Saint-Vallier, finirent par recouvrer son héritage.
Jules Rousset, dans un article sur les monnaies des comtes de Valentinois dit avoir copié sur le 141e feuillet d'un missel manuscrit la note suivante : " Cest missel a donne Guillaume, bastard de Poictiers, seigneur de Barré et de Soyans, à la chapelle Saint-Andrieu, au chapitre à l'esglise de Saint-Apolenard de Valence pour dire la messe qu'il a fundée en ladicte chapelle à tousiours mais. Laquelle messe se doit dire tous les jours, incontinents appres que la messe de l'aubbe est dicte. Et tous les lundis de la sepmaine, le recteur de ladicte chapelle ou le chapellain qui chantera appres qu'il aura dict la messe, il doit aller faire une visitation en remembrance sur la tumbe de reverend pere en Dieu messire Iehan de Poictiers, jadis evesque de Valence et à present arcevesque de Vienne, devant le grant autel de ladicte esglise de Saint-Appolenard. " Cette note prouve que notre bâtard savait être reconnaissant.
#A. Du Chesne, Comtes de Valent., pr. 85. - P. Anselme, ii, 190. - Inv. Ch. des cptes. - Charavay, Lettres de Louis XI, i, 385. - E. Pilot de Thorey, Actes de Louis XI, i, 16 et ii, 3. - Revue du Dauph., iii, 186. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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