RIGAUD DE L'ISLE (Louis-Michel)



RIGAUD DE L'ISLE (Louis-Michel{310}), neveu et héritier du précédent, qui fut également son tuteur, naquit à Crest, le 4 septembre 1761, de Louis Rigaud, châtelain de cette ville, et de Catherine Alléon. Ayant embrassé la carrière commerciale, comme tous ses auteurs, l'importance de ses affaires lui valut d'être anobli au mois de juin 1786, et c'est pour cela qu'il siégea parmi les nobles dans l'assemblée de Vizille ; mais il n'accueillit pas moins favorablement la Révolution et fut un des trois commissaires chargés par le roi d'organiser le département de la Drôme, les autres étant MM. de Josselin et de Sucy, ce qui ne veut pas dire qu'il ait eu autant d'enthousiasme qu'on l'a dit pour les nouvelles idées ; car, il est à remarquer qu'il ne siégea pas dans les assemblées de Romans et qu'on ne le rencontre dans aucune des nombreuses assemblées qui se tinrent ensuite dans notre département. Peut-être entrevit-il, dès les premiers jours, les excès qui furent la contre-partie des plus sages réformes. En tout cas, ayant été des premiers à chercher un refuge sous les drapeaux, il y resta jusqu'à la fin de la tourmente, et les électeurs de la Drôme l'ayant quand même choisi pour être l'un de leurs députés à la Convention, le 6 septembre 1792, il s'empressa de décliner cet honneur dès qu'il en eut été informé (18 octobre 1792). Enfin, revenu à l'Isle en 1796, alors qu'il était depuis quatre ans à la tête du 4e bataillon de volontaires de la Drôme, il y reprit l'œuvre de son oncle en l'élargissant ; car, tout en cultivant ses terres suivant les meilleures méthodes, il s'appliqua à faire des recherches touchant l'application des sciences physiques à l'agriculture, et fit ensuite, des résultats obtenus, le sujet d'intéressantes communications à la Société d'agriculture de Paris. Or, ces communications insérées dans les mémoires de cette Société, nous apprennent que L.-M. Rigaud de l'Isle s'occupa surtout des engrais, y compris le plâtre, dont il étudia si bien les effets qu'il put relever de nombreuses erreurs commises à ce sujet par un fameux chimiste anglais ; puis, de la construction des charrues, des labours et de plusieurs autres choses se rapportant à l'agriculture ; il était d'ailleurs un des fondateurs de la Société libre d'agriculture fondée à Valence en l'an VI. Aussi, le préfet Descorches de Ste-Croix (voir ce nom), qui peut être considéré comme l'organisateur de notre département, ne manqua-t-il pas de comprendre L.-M. Rigaud de l'Isle parmi les premiers membres du conseil général de la Drôme. Mais tout en profitant de sa situation pour amener le gouvernement à construire plus de trois kilomètres de digues le long de la Drôme, sur les communes d'Eurre, d'Allex et de Grâne, et plusieurs canaux d'arrosage, notre agronome ne resta pas moins toujours défiant vis-à-vis du pouvoir, à ce que nous apprend une note confidentielle, dans laquelle ce préfet dit, après avoir reconnu les éminentes qualités de Rigaud de l'Isle : " qu'il est un peu méfiant de tout ce qui émane de l'autorité, qu'il croit en général plus disposée à s'occuper exclusivement d'elle que du bonheur public. " Et c'est probablement pour cela qu'il ne fut pas maintenu dans le conseil général en 1806. Seulement, comme il était de ces hommes qui s'imposent dans certains cas, on le pria, quatre ans plus tard, de se joindre à Prony, Yvart et autres, lorsqu'ils se rendirent en Italie, pour y étudier les moyens de dessécher les marais Pontins, d'assainir la campagne de Rome et de la rendre à l'agriculture ; et de ce voyage il rapporta les éléments d'un mémoire sur l'insalubrité de l'air, qui, après avoir été lu à la première classe de l'Institut, dont il était correspondant, fut inséré dans la Bibl. univ., années 1816-1817, et qui a, depuis, été publié en un volume intitulé : Recherches sur le mauvais {311}air et ses effets. (Paris, 1832, in-8º de viij + 220 pages.)
Membre du Corps législatif de 1811 à 1814, L.-M. Rigaud de l'Isle fit partie de la minorité constitutionnelle qui s'opposa plus courageusement qu'heureusement à certaines mesures fâcheuses du ministère et, les Cent-Jours passés, rentra dans la vie privée d'où il ne sortit un moment, en 1820, que pour poser dans l'arrondissement de Montélimar une candidature à la députation qui fut sans succès. Il mourut à Grenoble, le 4 juin 1826, ne laissant que trois filles qui ont été Mme Arvet, Mme la générale baronne Blancard et Mme la présidente Bérenger (de la Drôme).
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Notice pour M. Rigaud-de-Lisle (Louis-Michel), né à Crest, ancien membre du Conseil général du département... par Delacroix. S.l.n.d., mais Valence, Marc Aurel, 1820 ; in-8º de 4 pp. qui fut publié en guise de circulaire électorale, en 1820.
#Biogr. Dauph., ii, 352. - Rochas, Mém. bourg., i, 189, 278. - Ann. Drôme, an XIII et an XIV. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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