ROMIEU (Antoine-Alexandre)



ROMIEU (Antoine-Alexandre)), militaire et administrateur, né à Nyons, le 7 septembre 1764, de Mathieu Romieu-Dessorgues, contrôleur général des fermes, et de Marguerite-Spirite Bertreaud, montra d'abord de l'en{325}thousiasme pour la Révolution, ainsi que le prouve le discours qu'il adressa, en qualité d'officier de cette milice, aux gardes nationales assemblées à Nyons, le 3 janvier 1790. Devenu ensuite administrateur du district, c'est lui qui fit, conjointement avec son collègue, César Caton, à la tête de quelques troupes, le siège du château de Bésignan, au mois d'août 1792 (voir Duclaux de Bésignan), et c'est vraisemblablement à cette action d'éclat qu'il dut d'être élu membre du directoire du département, le 12 septembre suivant. En tout cas, ayant été nommé vice-procureur général syndic par cette assemblée, il ne tarda pas à se poser en adversaire résolu de la politique jacobine, à tel point qu'à la nouvelle de l'arrestation des Girondins, il fit prendre un arrêté invitant tous les citoyens du département à faire connaître leur opinion " sur les événements de Paris et les mesures à prendre pour sauver la liberté et conserver l'unité et l'indivisibilité de la République ", en d'autres termes, à se grouper pour " résister à la tyrannie et à l'oppression " (18 juin 1793). Aussi le procureur général syndic Payan-Dumoulin, qui était un partisan déterminé des Jacobins, déclara-t-il aussitôt que " si, contre son attente, l'administration se laissait aller jusqu'à adopter quelque résolution liberticide, il prendrait, lui, toutes les déterminations qui lui seraient inspirées par son dévoûment sans bornes au Corps législatif " ; et, quarante-quatre sociétés populaires, appelées à Valence pour cela, firent une manifestation en faveur de la Convention et des Parisiens. Mais Romieu, loin d'en être intimidé, soutint fièrement, au contraire, que, dans l'état actuel des choses, l'appel aux communes était une insurrection légitime du peuple des départements contre celui de Paris, et, comme réponse aux attaques dont notre jeune administrateur fut alors l'objet, ses collègues du Conseil départemental déclarèrent qu'il n'avait jamais cessé d'avoir toute leur confiance et leur estime. Bien plus, ils le chargèrent, conjointement avec Daly, de se rendre dans le département des Bouches-du-Rhône, soulevé contre la Convention, pour le pacifier ; mais il n'en fut pas moins destitué par le représentant Boisset, le 4 septembre suivant, et, comprenant alors qu'il était prudent pour lui de se faire oublier momentanément, il chercha, comme tant d'autres, un refuge dans l'armée.
Engagé comme simple soldat, dans le 8e bataillon de volontaires de la Drôme, le 14 octobre 1793, Romieu fut nommé, dix-huit mois après, souslieutenant, tant en considération de sa conduite militaire que des services qu'il avait rendus comme administrateur du département de la Drôme, et cela, après avoir été emprisonné quatre mois, comme suspect, dans l'intervalle. Dix mois plus tard (15 ventôse an IV), il était lieutenant et aide de camp de Championnet, qui le chargea de signer la capitulation de Wurtzbourg (6 thermidor an IV) ; promu capitaine par Hoche, un an plus tard, il ne l'était que depuis quatre mois, quand Championnet le fit chef d'escadron sur le champ de bataille, après l'affaire de Storta (25 frimaire an VII) ; de même il n'était chef d'escadron que depuis trois mois, lorsqu'il fut nommé adjudant-général chef de brigade (pluviôse an VII), tout en restant toujours aide de camp de Championnet, son ami. Celui-ci étant mort, Romieu fut bien nommé général de brigade, à titre provisoire, le 12 germinal an IX, et comme tel mis à la tête de l'état-major de l'armée d'observation du Midi, mais pour être aussitôt mis à la réforme (fructidor an IX). Seulement, il ne sortit de l'armée que pour entrer dans la diplomatie ; car, deux mois après, le Premier Consul l'envoyait, en qualité de chargé d'affaires, aux Sept-Iles (11 brumaire an X), où il resta trois ans, et, au bout de ce temps-là, il fut chargé d'une mission en Perse. Le souve{326}rain de ce pays, Feth-Ali-Schah, ayant imploré l'aide de " l'invincible Bounabarda " (Bonaparte) pour résister aux empiètements de la Russie et de la Turquie, il s'agissait de s'entendre avec lui. L'entente fut d'autant plus facile que l'envoyé de la France étant arrivé à Téhéran, après mille dangers, y fut reçu à bras ouverts ; et c'est évidemment à cause de ce premier succès de sa mission, que le malheureux Romieu périt d'une manière mystérieuse, - probablement empoisonné, - à peu de distance de Téhéran, alors qu'il retournait en France, chargé de présents pour Napoléon. A la nouvelle de cette mort, arrivée le 4 avril 1805, Feth-Ali-Schah témoigna bien d'une douleur sincère et profonde, faisant apporter dans son palais le cadavre de Romieu, à qui il donna ensuite une sépulture princière. Mais la politique française en Perse ne souffrit pas moins beaucoup de cette fin prématurée et tragique de notre compatriote.
A ce moment-là, Romieu qui, bien que réformé, ne continuait pas moins à faire partie de l'armée, était décoré de la Légion d'honneur et proposé pour le grade de général de brigade.
Le directeur des Beaux-Arts et inspecteur des Bibliothèques impériales, Auguste Romieu, de qui l'on a dit, avec raison, qu'il fut un des hommes les plus spirituels de son temps, et qui mourut à Nyons, le 16 novembre 1855, étant né à Paris, le 17 novembre 1800, était le fils d'Antoine-Alexandre.
On trouve, de ce dernier, un discours dans : Fédération de la ville de Nyons en Dauphiné du 3 janvier 1790 (s.l.n.d., in-8º de 23 pp.) ; et on a encore de lui : Éloge historique du général Championnet, commandant en chef les armées de Rome, de Naples, des Alpes et d'Italie. Dédié au général Bonaparte, premier consul de la République française. Paris, Baillère, an XI, in-8º de 86 pp. Il y a de ce dernier écrit une autre édition. Périgueux, Dupont, 1843, in-8º de 112 pp.
#Biogr. Dauph., ii, 360. - Rochas, Journ. d'un bourg., i, 282, 284, 289, 291, 316. - Réimpr. Monit., xxviii, 375 ; xxix, 585 bis. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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