SEYTRES (Charles de)



SEYTRES (Charles de)), seigneur de Noveysan, de Châteauratier et en partie de Rousset, personnage dont la famille, connue à Crest dès la fin du xiiie siècle, s'est éteinte de nos jours avec les ducs de Caumont, dans le Comtat-Venaissin, était de Montélimar, ville dont Etienne de Seytres, son bisaïeul, était capitaine ou gouverneur en 1360, et où Antoine de Seytres, son aïeul, était bailli pour le pape en 1420. Quant à ses père et mère, ils s'appelaient Jean de Seytres et Dauphine Spifame ; et, si l'on en croit Pithon-Curt, il y avait autrefois, dans l'église des Cordeliers d'Avignon, un tableau les représentant, le mari avec une cotte de mailles recouverte d'une tunique semée de lions, de bandes et de coquilles, c'est-à-dire de pièces de ses armoiries, son casque et ses gantelets étant placés devant lui ; la femme en robe traînante serrée à la taille et coiffée d'une sorte de mitre s'élargissant par le haut et voilée d'un crêpe relevé sur le front et tombant sur les épaules. Cela n'empêche pas que, dans ses commencements, cette famille fut surtout une famille de changeurs ou de banquiers, comme les Spifame, du reste. Pour ce qui est de Charles de Seytres, il fit d'abord, dit-on, en qualité d'écuyer, les guerres de Bourgogne sous le sire de Baudricourt ; puis, revenu en Dauphiné, y obtint le titre de maître d'hôtel du roi Louis XI ; enfin, il était déjà homme d'importance dans le Valentinois, quand César Borgia, devenu seigneur de ce pays (août 1498), en fit son alter ego en deçà des Alpes. Dès le mois de novembre 1498, il accompagnait, en effet, ce dernier en qualité de trésorier ; peu de temps après, il était son lieutenant " ès duché de Valentinoys et comté de Dioys " ; il était en même temps lieutenant de sa compagnie d'hommes d'armes ; enfin il reçut de lui, le 14 mai 1499, une procuration générale pour gérer ses affaires dans le Valentinois, procuration qui fut plus d'une fois renouvelée. Il arriva même que le fils du pape Alexandre VI, qui ne vint guère en France que pour prendre possession de son duché, voulant avoir avec lui, en Italie, quelques soldats de notre pays, s'en fit amener douze, au mois de mars 1503, par " monsieur le lieutenant ", comme il appelait Charles de Seytres ; pour tout dire, celui-ci fut, dans toute la force du terme, l'homme de confiance du trop fameux César Borgia, tant que ce dernier posséda le Valentinois, c'est-à-dire jusqu'au mois de mai 1504, date à laquelle ce duché fut confisqué pour cause de félonie, César ayant alors embrassé le parti de l'Espagne contre la France. Que devint alors Charles de Seytres ? Il est impossible de le dire, attendu qu'on ne trouve plus traces de lui après cette confiscation. Tout ce que l'on sait de plus, c'est qu'ayant épousé, le 7 février 1484, sa cousine, Philippine de Seytres, dont le père ou l'aïeul, appelé Jean, était un changeur qui procura l'aiguière et les six tasses d'argent que les habitants de Montélimar donnèrent, en 1437, au roi Charles VII passant dans leurs murs, il eut de ce mariage, entre autres enfants, un fils appelé Josserand de Seytres, dont la maison, encore debout, était à Montélimar, rue de la Bouverie.
#De Gallier, César Borgia, duc de Valentinois, 142 et 144. - Brun-Durand, Le Fieus de Levesq., 13. - De Coston, Hist. de Montélimar, i, 360. - Bull. d'archéol., iv, 56 et xvi, 422. - Pithon-Curt, iii, 270.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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