SIBEUD (Paul-François-René-Lucrétius)



SIBEUD (Paul-François-René-Lucrétius)), administrateur et magistrat, né à Crest le 1er juillet 1728, était le troisième fils de Jean-Louis Sibeud, subdélégué de l'intendance au département de Crest et Die, de qui Augustin Périer dit, dans son Histoire abrégée du Dauphiné, qu'il était un {352}fonctionnaire public se distinguant " par son caractère, ses lumières et son humanité ", et de Catherine Rouveyre. Avocat en Parlement, devenu lui-même subdélégué le 24 janvier 1754, il se distingua, à son tour, par le libéralisme de ses idées, en même temps que par l'indépendance de son caractère ; car, alors que le gouvernement, qui ne voyait dans les protestants que des rebelles, s'attachait à les détacher de leurs croyances par d'autres moyens que ceux de la persuasion, il ne craignit pas d'écrire, le 6 mai 1763, à l'intendant de la province, qui l'invitait à user de rigueur : " L'expérience de tous les temps apprend que la persécution, loin de détruire une religion persécutée, anime au contraire ceux qui la professent et lui fait même des prosélites " ; et, dix ans plus tard, il adressait encore à cet administrateur, un mémoire qui, " sans manquer aux formes officielles du respect pour les ordonnances qui opprimaient les protestants, était une véritable apologie de leur conduite et un vœu indirect pour une législation plus tolérante et plus juste. " On y reconnaissait, dit encore Augustin Périer, le même homme " qui avait proposé, peu auparavant, de profiter des troubles de Genève pour réparer les pertes occasionnées à la province par la révocation de l'édit de Nantes. "
A la Révolution, Lucrétius Sibeud fut élu maire de Crest (février 1790) ; mais il abandonna bientôt cette charge pour celle de membre du directoire du département, à laquelle il fut appelé par les électeurs de la Drôme, le 5 août suivant ; et, élu viceprocureur général syndic, le 9 novembre de la même année, dans l'assemblée électorale tenue à Romans, il fit dans cette assemblée, sur la réduction ou non du nombre des districts dans le département, un discours dont on ordonna l'impression. Treize mois après, il devenait commissaire du roi près le tribunal du district de Crest (23 décembre 1791), dont il fut élu président, le 31 octob. 1792, et on le trouve, sept ans plus tard, juge au tribunal civil du département. Détaché presque aussitôt pour le service du tribunal criminel, il fut ensuite compris, au même titre, dans la composition de la cour criminelle de la Drôme (1806), et, en 1807, le préfet appuyait sa demande pour une pension de retraite, en le déclarant " un vétéran du service public et un excellent vieillard. " P.-F.-R.-L. Sibeud mourut à Crest, le 15 juin 1808 ; il avait été reçu, le 15 août 1791, membre associé de la Société royale académique et patriotique de Valence, et ne laissait qu'une fille de son mariage (26 décembre 1772), avec Catherine Alléon, veuve de Louis Rigaud de l'Isle.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Discours prononcé par M. Sibeud, à l'assemblée du département de la Drôme, tenue à Romans le 6 novembre 1790. Valence, Viret, s.d., in-4º de 10 pp.
II. Discours de M. Sibeud, dans le Procès verbal des séances de l'administration du département de la Drôme, session ouverte le 15 novembre 1791 et close le 16 décembre suivant. Valence, Viret, 1791 ; in-4º de 137 pp., qui est curieux pour l'histoire de notre département.
#Et. civ. - H. de Terrebasse, Les maisons de la Propag. de la foi, 115. - A. Périer, Hist. abr. du Dauph., 16 et 29. - A. Rochas, Mém. bourg., i, 135. - Délib. mun. de Crest. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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