TERRASSON (Paul)



TERRASSON (Paul)), médecin appartenant à une famille bourgeoise de Die, qui tenait à ferme la seigneurie de Chamaloc en 1594, paraît être le petit-fils d'un Vincent Terrasson, capitaine de la milice pour le quartier de l'Armellerie, en 1610, et faisait partie du consistoire de l'église réformée de Die à titre d'ancien, en 1679 ; mais il n'est guère connu qu'à cause de ses nombreuses querelles, et surtout à cause de celle qu'il eut, en 1672, avec le professeur Théophile Terrisse (voir ce nom), à propos d'une source d'eau minérale qui se trouve sur le territoire de Die, au quartier des Pennes, source qu'ils n'avaient cependant {367}découverte ni l'un ni l'autre, puisque le médecin Samuel Benoît (voir ce nom) la préconisait cinquante ans auparavant. Terrisse ayant fait paraître une brochure dans laquelle il avance que les eaux de Pennes sont curatives de certaines maladies, parce qu'elles contiennent du plomb, Terrasson répondit aussitôt, en effet, que les propriétés de ces eaux proviennent " d'un mercure très pur subtilisé et pressuré par l'esprit universel " ; et, de là une querelle qui a fourni à Jules Ollivier les éléments d'un article tout à fait piquant, intitulé : Une dispute scientifique en 1672. On trouvera à l'article Terrisse l'indication des écrits de ce professeur. Ceux de Terrasson ont pour titres : Description et relation fidèle de la nature, propriétés et usages de la fontaine minérale nouvellement découverte au terroir de la ville de Dye (Grenoble, Edouard Dumas, 1672, in-8º de 70 pp.), et Le Plomb au tombeau, Apologie juste et véritable contre les calomnies du sieur Théophile Terrise, professeur en philosophie (Die, chez Fiquet, 1672, in-8º de 38 pp.). Or, il est bon d'ajouter que nos deux médecins erraient également, le savant docteur Long ayant constaté depuis que les eaux de Pennes ne sont que légèrement chargées de carbonate de chaux ; mais il faut dire aussi que Terrasson avait l'oreille de la population dioise. Il avait surtout celle de la municipalité, à ce que nous apprend une délibération consulaire, disant que pour désintéresser ledit Terrasson, qui a " esté député et chargé d'informer Monseigneur le duc de Lesdiguières des effects et propriétés de la fontaine minérale decouverte depuis quelques mois au terroir de ceste ville..., il lui sera alloué par lesd. consuls du moins la somme de soixante livres, tant pour aider à supporter l'impresse dud. livre, que pour les presents qu'il en a faicts reliés en marroquin du levant, dorés sur tranches, deux à Monseigneur l'archevêque de Lion, deux à Monseigneur l'archevêque de Vienne, deux à Monseigneur le premier président, le tout pour etablir la réputation desd. eaux pour l'advantage de lad. ville. " Notre Esculape pouvait donc se considérer comme victorieux, mais il n'en fut pas pour cela d'humeur plus commode ; car, un troisième médecin, celui-ci de Crest (voir Passis (Guy de)), ayant fait paraître l'année suivante une brochure dans laquelle préconisant d'autres eaux, il donnait à entendre plus qu'il ne le disait qu'elles valaient mieux que celles de Die, l'intraitable Terrasson publia aussitôt Le Mercure vengé de M. de Passis, Dr médecin de la ville de Crest, ou Apologie des eaux de Die (Die, Jacques Fiquet, 1673, in-12), écrit dans lequel il malmène et de si belle façon notre Crestois, que celui-ci ne répliqua pas. Enfin, nous savons que, dans le même temps, notre médecin diois avait des querelles d'un autre genre ; car, il ne fallut rien moins que l'intervention du consistoire pour le réconcilier avec Mmes Corréard et de Freyduret, et c'est probablement à cause de la docilité relative dont il fit preuve en cette dernière circonstance, que le consistoire le députa, sept ans après, au conseil des églises de la province, pour " se plaindre de ce que le sieur curé et jésuite Barnoin ont planté une croix à la porte du temple. " Il n'est plus ensuite question de lui jusqu'en 1685, date à laquelle il se réfugia à Zurich, pour cause de religion.
#Arch. Drôme, D, 63, 64. - J. Chevalier, Mém. des frères Gay, 331. - Revue du Dauph., i, 327. - Gustave Latune, L'eau merveilleuse de Bourdeaux, de Guy de Passis, xxxiv. - Arch. de Die, CC. - Deux héroïnes de la foi, p. 20.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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