VINAYS (Alexandre de)



VINAYS (Alexandre de)), fils du précédent, à qui il succéda, comme pasteur à Livron, vers 1613, concourut, au mois de janvier 1617, pour la chaire d'hébreu à l'académie protestante de Die, et bien que son concurrent, Etienne Blanc, eût été reconnu plus capable, fut proclamé vainqueur, grâce à une falsification des procèsverbaux du concours, parce qu'il " estoit plus agréable au peuple par ses prédications ". Seulement, le synode provincial, saisi de l'affaire, cassa son élection, et Alexandre de Vinays devint alors pasteur à Crest, où il était établi dès le mois d'octobre 1617, et où il prit une part des plus actives aux disputes et aux querelles qui précédèrent, accompagnèrent et suivirent la conversion de Mme du Poët, veuve d'un fameux capitaine protestant, et celle d'autres personnages importants de la contrée, au catholicisme, vers 1619. Ayant à tenir tête au P. Biart, jésuite, il s'acquitta de sa tâche " avec un fiel et une aigreur que justifiaient les attaques de ses adversaires et une morgue genevoise dont la tradition n'est certes pas éteinte ", dit Jules Ollivier (Album du Dauphiné, iv, 79). Aussi le Mercure réformé, pamphlet catholique du temps, le dépeint-il avec " un ton catonien, un air fastueux et sourcilet, fraisé comme une poule d'Inde ou un teston et éperonné comme un coq sur ses ergots. "
Ce n'est pas, du reste, seulement avec le P. Biard qu'Alexandre de Vinays jouta sur le terrain théologique, mais encore avec le P. Isnard, autre jésuite, que l'on croit être l'auteur du Mercure réformé ; et, telle était son autorité en ces matières, dans son parti, que le synode provincial le chargea, plus d'une fois, d'examiner les écrits d'autres controversistes protestants, avant de les approuver. Il était surtout passionné et dut consé quemment être fort attaqué par ses adversaires ; mais ce n'est pas une raison pour croire, avec M. le pasteur Arnaud, qu'il abandonna le poste de Crest pour celui d'Annonay, en 1622, parce qu'il était " violemment attaqué par les catholiques et exposé à perdre la vie " ; car, indépendamment de ce que la conduite d'Alexandre de Vinays dans l'affaire de la chaire d'hébreu à l'académie de Die est bien faite pour rendre ces affirmations suspectes, il ne faut pas oublier que, de son temps, la calomnie était une arme familière aux deux partis, et que si de Vinays s'est plaint d'avoir été menacé par les catholiques, Gaspard Benoît, un de ses adversaires, soutenait qu'on tenta plusieurs fois de l'assassiner après sa conversion au catholicisme. Son fils, autre pasteur, qui eut avec ses collègues de vifs démêlés, se plaignait, du reste, en 1672, d'avoir eu, " ainsi que son père, de fréquents chagrins et de longs ennuis dans l'exercice de son ministère ", et c'est là vraisemblablement qu'il faut chercher la réelle cause du départ d'Alexandre de Vinays pour Annonay.
Dans ce dernier poste, de Vinays resta jusqu'à sa mort, arrivée en 1670, c'est-à-dire jusqu'à un très grand âge, et là encore il s'occupa surtout de disputes théologiques, non seulement avec les catholiques, mais encore avec les protestants qui ne professaient pas les mêmes doctrines que lui. En 1626, il avait représenté le Vivarais au synode national de Castres.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Conférence avec le P. Biard, ouvrage dont nous ignorons le titre exact, sa publication ne nous étant connue que par ce qu'en dit Le Mercure réformé, p. 227.
II. Le Jésuite démasqué, contenant la dernière conférence tenue à Crest entre A. de Vinays, pasteur, et I. Isnard, jésuite, ensemble un traité sur l'infaillibilité du pape. Die, 1628 ; in-8º de 104 pages, auquel le P. Isnard répondit en publiant : La défense de l'infaillibilité du Saint-Siège contre les accusations d'A. de Vinays, ministre, comprinses en son traité contre l'infaillibilité du pape, par un {403}sien compatriote dauphinois. Tournon, 1622, in-8º.
III. Actes de la conférence tenue à Annonay, depuis le X décembre m. dc. xxiv, jusqu'au 25 febvrier 1625, entre Alexandre de Vinays, ministre de la Parole de Dieu, et Jean-François Martinecourt, jésuite... Genève, 1626 ; in-12, dont la publication amena celle de : Les ministres pupilles et sans peres, ou la preuve de leur religion, contre les efforts d'Alexandre de Vinays, ministre voulant soustenir la conformité de la nouvelle créance avec la commune doctrine des Anciens Pères en la conférence d'Annonay. Tournon, 1626, in-8º ; et De la nullité des temoïgnages allégués par le ministre de Vinays en la conférence d'Annonay. In-8º.
IV. Sermon d'Alexandre de Vinays, ministre du Saint Evangile, à Annonay. Prononcé à l'ouverture du Synode de Vivaretz, tenu à Privas, au 15 août de l'année 1651, sur les paroles du chap. 2 de la Ire Epistre de Saint Pierre, verset 17... S.l., 1651, in-8º.
#Brun-Durand, Les amis de Jean Dragon, xli. - Recueil des Synodes. - E. Arnaud, Hist. prot. Dauph., i, 435. - Les Controverses relig., 34, 38. - Filhol, Hist. d'Annonay, ii, 68-75. - De Gallier, L'Impr. à Tournon. - France prot., ix, 508. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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