Page 117 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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                                        LA CEREMONIE DE L'ETRE SUPREME

                   Extrait du cahier des procès-verbaux de la Société populaire de Marsanne (1793-1794)
                                         Séance du 20 prairial AN II (8 juin 1794)


               Du 20 prairial, l'an second de la République française une et indivisible, à 10 heures du matin,
               les citoyens républicains de la commune de Marsanne assemblés dans la salle ordinaire de
               leurs séances, le président a ouvert la séance comme de coutume par la lecture de quelques
               articles des droits de l'homme et du citoyen. Ayant fait lecture du procès-verbal de la dernière
               séance, les commissaires nommés pour ordonner les détails et la marche de la fête on fait leur
               rapport  de  la  manière  suivante,  et  a  été  exécuté  par  tous  les  citoyens  et  citoyennes  de  la
               commune ainsi qu'il est dit ci-après.
               Au lever de l'aurore la cloche a annoncé au peuple la solennité de la journée.
               A 10 heures, malgré la pluie, les citoyens et citoyennes de tout âge se sont réunis dans la salle
               de  la  Société  Populaire,  d'où  ils  sont  partis  dans  l'ordre  ci-dessous  énoncé  pour  aller  au
               Temple dédié à l'Etre Suprême où une montagne avait été formée la veille.
               A la place des autels du fanatisme et des tableaux des saints, on avait placé la statue de la
               liberté sur le sommet.
                      1 - Un détachement de gardes nationales marcha à la tête, tambours battants.
                      2 - Un groupe de vieillards, dont deux menaient un jeune enfant par la main, le doyen
               d'âge portant une bannière avec cette inscription : "respect à la vieillesse".
                      3 - Un groupe d'enfants avec leur bannière portant ces mots : "Nous jurons de venger
               nos pères".
                      4 - Un groupe de femmes citoyennes vêtues de blanc, ornées de cocardes et rubans
               tricolores,  avec  cette  devise  sur  leur  bannière  :  "Nous  jurons  d'élever  nos  enfants  dans les
               principes de la révolution".
                      5 - Puis viennent, dans  le même  costume, les jeunes citoyennes avec cette devise :
               "Nous jurons de n'épouser que des défenseurs de la liberté".
                      6 - Le conseil général de la commune, les officiers municipaux portant à la main des
               épis de blé attachés avec des rubans tricolores.
                      7 - La justice de paix tenant à la main une balance.
                      8 - Le Comité de surveillance avec cette devise : "Nous jurons de surveiller jusqu'à la
               mort les ennemis du dedans et du dehors".
                      9  -  Un  détachement  des  gardes  nationales  avec  le  drapeau,  entourant  les  corps
               constitués.
                      10 - La Société populaire en masse, portant chacun les outils représentant leur état, le
               président portant une bannière avec ces mots : "Nous jurons de (ne) nous servir de nos forces
               et  de  nos  outils  que  pour  la  défense  de  la  patrie,  et  nous  jurons  une  haine  éternelle  aux
               tyrans".

               La marche était formée par un détachement de gardes nationales
               Arrivés  au  temple  dédié  à  l'Etre  Suprême,  tous  les  individus  ont  déposé  au  pied  de  la
               montagne sacrée leurs outils.
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