Page 268 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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Les courses de côte à Marsanne

                   La période qui suivit la guerre de 1914-18 avait vu la diffusion rapide des sports mécaniques.
            La route du col de la Grande Limite, bien que non goudronnée, se prêtait admirablement pour une
            épreuve de côte car, du haut des vieux remparts et sur l'éperon rocheux de la carrière Saint-Félix, le
            public  pouvait  suivre  parfaitement  les  concurrents  depuis  le  départ  face  au  pont  bascule  des
            établissements Hugon, jusqu'à mi-parcours, et en particulier dans les virages en épingle à cheveux du
            Fer  à  Cheval  et  de  Saint-Félix  où  les  dérapages  et  les  reprises  étaient  certainement  très
            impressionnants. Ces observatoires permettaient également au nombreux public de connaître les temps
            réalisés par les concurrents grâce aux informations fournies par l'agitation de drapeaux de différentes
            couleurs qui indiquaient les minutes et les secondes, car il n'y avait à l'époque ni radio, ni téléphone de
            campagne. Malgré les difficultés du parcours et une chaussée en gravier, les moyennes étaient élevées
            pour l'époque, puisqu'elles avoisinaient 80 km/h.

                   La  première  course  de  Saint-Félix  fut  créée  en  1925  par  le  jeune  sportif  Jean  Freydier,  de
            Derbières, qui trouva une aide précieuse chez les sportifs marsannais de l'époque : E. Combe, P. Petit,
            R. Pourrière, Mary frères, Roustan, Villeneuve, R. Pradon

                   Cette  première  course  fut  une  réussite  et  la  paisible  commune  de  Marsanne  connut  pendant
            plusieurs  années,  à  l'approche  de  la  course,  les  vrombissements  des  motos  des  pilotes  (surtout
            Marsannais) qui s'entraînaient sur le parcours. Les mères de famille n'étaient pas tendres envers ces
            fous  "pétaradants"  et  faisaient  rentrer  dare-dare  leur  progéniture  qui  eux,  au  contraire,  voulaient
            s'approcher le plus possible de leurs aînés juchés sur des machines qui les émerveillaient.

                   Lors  de  cette  première  édition,  le  meilleur  temps  fut  réalisé  par  RAVAUTE,  un  coureur
            régional, en 3 minutes 14 secondes sur la distance de 3,5 km. En 175 cm3, c'est le créateur qui est
            vainqueur. Cette première course ayant été un succès, l'épreuve était lancée. A près le décès de Jean
            Freydier, la course fut organisée par le club sportif Marsannais, ayant à sa tête M. HENNEMANN. Le
            parcours, par suite du mauvais état de la route, était ramené à 2,5 km. Cela permettait en outre aux
            spectateurs massés à Saint-Félix de suivre une plus grande partie de la course et de ne rien perdre du
            spectacle dans les virages les plus difficiles. Celui des "pierres" était, malgré les apparences, le plus
            délicat à négocier, car pour avoir des chances de vaincre, il fallait l'aborder sans baisser le régime du
            moteur.

                   Grâce  à  Jacky  Pradon,  nous  avons  pu  retrouver  dans  les  archives  de  son  grand-père  trois
            coupures de journaux qui relatent les résultats des courses qui eurent lieu en 1926, 1927, et 1928.

                   En 1928, sur le parcours de 2,5 km, Emile Villeneuve (dit "Fend la Bise") établit sur 350 New
            Map, en 1 minute 56 secondes, le record qui n'a jamais été battu par la suite.

                   Dans les années qui suivirent, le succès populaire alla en grandissant et l'on connut à Marsanne
            de  bien  belles  fêtes  rehaussées  par  la  présence  de  la  brillante  Nouba  du  6  e  RTM  et  de  fanfares
            réputées comme l'Echo du Jabron de Dieulefit.

                   Le lot des concurrents était de plus en plus relevé. Des professionnels avec des machines plus
            puissantes s'attaquèrent, mais en vain, au record établi par Emile Villeneuve. Ainsi, H. Martin, sur
            Bugatti  spéciale,  avait  réussi  à  grimper  en  1  minute  52  secondes,  mais  c'était  à  l'entraînement.
            Malheureusement pour lui, il prit en course un peu trop de risques et il termina dans le fossé du Fer à
            Cheval.

                   Sans en avoir la certitude, il semble que la dernière course ait eu lieu en 1931 ou 1932.
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