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Le dénouement de l'affaire Dreyfus

          Devant la recrudescence de l'agitation nationaliste, le ministère de "défense républicaine", animé
          par Waldeck-Rousseau, prend des mesures énergiques. Le Conseil de guerre, réuni à Rennes durant
          l'été 1899, n'ose pas déclarer le capitaine Dreyfus innocent, mais lui reconnaît des circonstances
          atténuantes.  Le  19  septembre  1899,  Dreyfus  est  gracié  par  Emile  Loubet.  Ce  soutien  aux
          dreyfusards vaut au président de la République d'être agressé au champ de courses d'Auteuil par le
          baron Cristiani qui sera condamné à quatre ans de prisons.

          A quelques semaines de la fin de son mandat, Emile Loubet obtient que la Cour de Cassation révise
          de  nouveau  le  procès  et  réhabilite  Dreyfus,  promu  chef  d'escadron  et  décoré  de  la  Légion
          d'honneur.

                 Montée de l'anticléricalisme et séparation de l'Eglise et de l'Etat

          Après  l'affaire  Dreyfus,  commence  la  grande  poussée  d'anticléricalisme  militant  de  la  IIIe
          République.  La  loi  sur  les  associations,  initiée  en  juillet  1901  par  le  gouvernement  de  "défense
          républicaine",  a  pour  objet  d'examiner  la  situation  des  congrégations,  appelées  désormais  à
          solliciter  une  autorisation  spéciale  ;  il  s'agit  de  lutter  contre  "les  moines  ligueurs  et  les  moines
          d'affaires". Appliquée par le ministère Combes, elle aboutit au rejet en bloc de toutes les demandes
          d'autorisation et à la fermeture de plusieurs centaines d'établissements. En 1904, Combes s'en prend
          aux congrégations autorisées : une loi leur interdit d'enseigner. Cette politique d'anticléricalisme
          militant provoque une crise avec le Saint-Siège. Les relations s'enveniment à tel point qu'en juillet
          1904,  la  République  rompt  toute  relation  diplomatique  avec  le  Vatican,  après  la  protestation  de
          celui-ci contre la visite à Rome du président Loubet et l'interdiction faite par le gouvernement à
          deux évêques convoqués à Rome de s'y rendre. Enfin, la vague anticléricale débouche sur la loi du
          9 décembre 1905 qui établit la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la République ne reconnaissant, ni
          ne salariant aucun culte.


                                                   Emile Loubet
                                                     1838-1929



          D'abord  député  de  la  Drôme,  Emile  Loubet,  républicain  modéré,  devient  sénateur  de  ce
          département en 1885. Il occupe au Luxembourg une place de premier plan. Il cumule en effet au
          sein de la Chambre Haute la présidence de la commission des Finances et celle des Douanes, et il
          est un membre influent du groupe des Républicains.

          Ministre  des  Travaux  Publics,  plusieurs  fois  ministre  de  l'Intérieur,  président  du  Conseil  entre
          février et décembre 1892, Emile Loubet devient président du Sénat en janvier 1896. C'est à ce titre
          qu'il préside en janvier 1899 la séance du Parlement réunie pour procéder à l'élection du successeur
          de  Félix  Faure  à  la  présidence  de  la  République.  Lorsque  se  termine  cette  séance,  Loubet  est
          devenu, à une large majorité de votes, le septième président de la IIIe République. La France est
          alors en pleine affaire Dreyfus.

          Le nouveau président appelle à la modération : "personne n'a le droit de dire que je suis dreyfusard
          ou anti-dreyfusard. Je suis avec la majorité de la Nation pour la vérité." Cette neutralité lui vaut
          l'hostilité de la droite : à l'état 1899, il est injurié et frappé au champ de courses d'Auteuil. Mais son
          septennat  sera  toutefois  placé  sous  le  signe  d'une  grande  stabilité  gouvernementale,  avec
          "seulement" quatre présidents du Conseil. A la fin de son mandat, Emile Loubet se retirera dans la
          Drôme.
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