Page 395 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
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L'entente  cordiale  n'était  pas  à  l'ordre  du  jour  en  1652  entre  le  Seigneur  et  le  curé  de
            Marsanne.

                   En 1666, le seigneur de Marsanne, Henri Adhémar de Brunier, accompagné de son fils, de
            quelques  serviteurs  et  du  curé  Petit,  avaient  agressé  violemment  quelques  Marsannais  qui
            coupaient du bois dans la forêt. Ce seigneur brutal et autoritaire, et certainement de mauvaise foi,
            n'acceptait pas la donation de la forêt de Marsanne à ses habitants.

                   Ce  n'était  pas  la  première  fois  qu'il  agissait  de  la  sorte.  En  effet,  quelques  années
            auparavant, en 1652, il s'en était pris brutalement au curé André qui avait accusé "les Tournier et
            autres qui auraient vollé sa maison lhors qu'il dizait Vestpre le jour de la Saint Barthélémy".
                   Plusieurs  arrêts  du  parlement  de  Grenoble  avaient  d'ailleurs,  semble-t-il,  été  pris  à
            l'encontre des Tournier.

                   Il m'a paru intéressant d'insérer dans ce bulletin, en respectant l'orthographe, le récit de
            cette agression qui en avait été fait par le curé André devant l'assemblée de ses pairs réunis à
            Sauzet.
            On s'aperçoit que le bas clergé et la noblesse ne faisaient pas toujours bon ménage.

            "l'an mil six cent cinquante deux et le huitième jour du moy d'avril à l'heure de dix heurs du matin
            au lieu de Sauze et dans l'église paroissialle par devan Messire Antoyne Laloc, docteur en sainte
            théologie  prêtre  et  curé  de  Loriol,  archiprêtre  de  Montélimar,  on  este  assembler  Messire  Jean
            LHUILLIER prêtre et recteur de Manas religieux de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Messire
            François  LE  NOIR,  prieur  de  Saint  Clair  prêtre  et  curé  des  Tourettes,  Messire  Estienne
            POUDEROUX  prêtre  et  curé  de  Savasse,  Messire  Jean  BORELLY  curé  de  La  Bâtie  Roland,
            Messire Jean CHALUET prêtre et curé de Montboucher, Messire Aymard DE VOYSE curé de
            Saint  Gervais,  Messire  Jean  BREMOND  curé  de  Roche  sur  Grâne,  Messire  François
            CERSSEAU curé de Cléon d'Andran, Messire Jean PIZET prêtre et curé de Cliousclat, Messire
            Robert COUPE curé de  La  Laupie, Messire Pierre AYMAR curé de Chabrillan, Messire Jean
            BAPTISTE, docteur en Sainte théologie prêtre et curé de Mirmande, Messire Don CATHENOT
            curé  de  Bonlieu,  Messire  François  ANDRE  prêtre  et  curé  de  Marsanne,  Messire  Raymond
            MILLA prêtre et curé d'Oriples, Messire Estienne JANOYER curé.
                   Auxquels a été expozé par le dit Messire François ANDRE que le cinquième jour du moy
            de Mars sur les quatre à cinq heures du soir estant au lieu de Marsanne il seroit esté appelé pour
            aller viziter femme malade. Passant le long des murailles hors du dit lieu et dizan cependant ses
            offices comme il fut au devant d'une grande brèche qu'il y a aux murailles et a laquelle huit a dix
            hommes  travaillaient  pour  la  boucher,  Noble  Henry  Adhémar  de  Brunier,  seigneur  du  dit
            Marsanne  accompagné  de  Noble  François  de  TOURNIER  Antoyne  MARTHRE,  le  nommé
            PILARD ou autres auroient gette trois a quatre grosses pierres comme la teste d'un homme contre
            le dit Sieur ANDRE curé qui faillirent à le tuer ce qu’il l’auroit obligé de leur demander pourquoi
            ils lui gettoient les pierres d’autant qui ne leur demandoit rien. A quoy le seigneur de Marsanne et
            le  dit  Tournier  auroient  reparti  que  s’il  ne  ce  retiroit  du  dit  marsanne  et  n’abandonne  pas
            prestement sa cure qu’il le tueroit ou qu’il le feroit tuer.
                   Avant qu’il husse encor fait quinze pas le dit François de TOUANIER seroit descendu de
            la muraille est courant contre le sieur curé ayant une espée nue à la main luy auroit parté un grand
            coup de la dite espée contre l’épaule droite a dessain de la tuer. Mais grâce de dieu et la sainte
            Vierge, il n’aurait perçé de ce coup que son grand manteau et sa robe sans toucher la personne du
            sieur curé ce que le Seigneur de Marsanne ayant vu, il seroit à l’instant couru contre le sieur curé
            et l’ayant atteint il luy auroit, en premier lieu, pris son chapeau qu’il avoit à la main, il l’auroit
            gette fort loin dans un jardin et luy auroit pris le menton avec force et violence et arraché la barbe
            et en segond lieu sur la remontrance que le sieur curé luy auroit fait qu’il ne devait pas le traiter
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