Page 432 - Tous les bulletins de l'association des" Amis du Vieux Marsanne"
P. 432
Histoire de l'horloge qui se mit en marche
C'est le 10 Avril 1978 que nous passons la première nuit dans la pièce habitable de la ruine de nos
rêves, car la "maison" ressemble encore au porte-monnaie de notre jeune couple. Notre deuxième
enfant naîtra en septembre et le vieux Delphin, seul habitant permanent lors de notre installation,
est fou de joie. La dernière naissance dans le vieux bourg ? C'était il y a 50 ans ? 60 ans ?
Personne ne sait vraiment.
Le premier hiver, nous rentrons le soir à la lumière des étoiles, parfois par bonheur à la lumière
de la pleine lune, pour nous réchauffer au feu de la cheminée.
Durant l'été les murs de la maison gagnent en solidité, commencent à s'embellir timidement.
Quelques fleurs "civilisées" s’épanouissent à l'endroit voulu, mais faute de jardin, nous prenons le
café au milieu de la rue principale. Des promeneurs se confondent en excuses et veulent faire
demi-tour, pensant que la rue est privée :
"Passez donc, comme les chèvres qui passaient jadis ici."
Les générations passent, laissant leurs empreintes. Les événements aussi. Cette maison, ces
vieilles pierres, ce sont un patrimoine qui se raconte silencieusement.
"Nicole, de ce temps qui fut, de ce temps qui est, nous devrions sauvegarder quelque chose pour
nos enfants, pour le village et ses habitants !"
Et voilà Thomas parti faire du porte-à-porte. Une association "Les Amis du Vieux Marsanne" ?
Pourquoi n'y avait-on pas pensé avant ? Bien sûr, nous sommes partants...
Sur le chemin vers l'assemblée constituante, quelques "chevaliers" se dressent, mais s'essoufflent
après Noël, pour disparaître comme ils ont disparu du vieux bourg depuis longtemps.
Daniel pousse Nicole vers la présidence. Pour cette première assemblée, nous, les "fous de
pierres", sommes encore "en famille", entre résidences principales et secondaires. Quelques
années plus tard, il y aura 140 membres...
Fraîchement installés, "les Amis" commencent comme tout un chacun : on fait le ménage, on
embellit : pelle, pioche, râteau et sécateur à la main. C'est notre première action commune.
Geneviève nous invite à l'apéro. Nous recommençons l'année d'après. "Et le(s) four(s) ?" "C'est
banal" ... et chacun met alors la main à la pâte. Ainsi naît le repas du vieux village l'été. Trente
ans après il existe toujours, même si il y a parfois une année blanche entre deux.
LE PROJET, les remparts - mais impossible d'avancer constructivement. Alors ce sera le toit de
Saint-Félix. Un toit pour Saint-Félix ! Fonds spécial, et l'argent de la vente des vieux papiers se
transforme en tuiles. Que de hangars entiers vidés de leurs "nouvelles" déjà dépassées, de sacs de
ciment descendus sur nos épaules vers l'église, à la sueur de nos fronts.
Et le salon "La Drôme par ses livres" (l'Histoire est partout dans ce département!)...Oui, oui...il
existe un petit recueil sur Saint-Félix écrit par Marie-Louise, l'historienne de notre village.
Et aussi le cross pédestre "le Drômon", d'abord au Jeu du Palet, puis autour du vieux village et de
Notre-Dame de Fresneau. Un bon entraînement pour courir plus tard une finale olympique à
Sydney. Mais que le parcours est dur...!!
"Tu sais, Nicole, la présidence en Allemagne c'est deux fois 5 ans max ! L'Histoire a un sens ? Il
faut passer le flambeau, faire la place à de nouvelles idées !"
20 ans après ce nour de passation, nous remercions... comme simples membres... tous ceux qui se
sont lancés avec nous, tous ceux qui ont travaillé dans et avec l'association. Même l'horloge du
beffroi se mit en marche, et nous adressons nos meilleurs vœux à Pierre, le président actuel, et à
son équipe qui ne mènent certainement pas la vie de château - contrairement aux apparences.
Nicole et Thomas