BARATIER DE SAINT-AUBAN (Jacques-Antoine)



BARATIER DE SAINT-AUBAN (Jacques-Antoine)), dit le marquis de Saint-Auban, officier général qui fut un des réformateurs de notre artillerie au XVIIIe siècle, naquit à Viviers (Ardèche), le 7 juillet 1712, mais appartenait à une famille de Montélimar remontant à Antoine Baratier, sieur de Moleron ou Moleyron, receveur en l'élection de cette ville (1649), puis receveur des décimes du diocèse de Viviers, qui fonda douze messes sur l'autel de saint Antoine de Padoue en l'église des Cordeliers dudit Montélimar, et testa en 1687. Il était le fils aîné d'autre Antoine Baratier, dit de Saint-Auban, à cause du fief de ce nom, auprès de Viviers, que lui laissa Pierrette Guillon, sa mère, et de Louise Mure, et, s'étant engagé de fort bonne heure dans l'artillerie, était officier pointeur le 1er novembre 1729. Devenu commissaire extraordinaire au mois de mars 1734, il fit en 1735 la campagne du Rhin, puis celle de Bohême et servit ensuite au siège de Prague, étant alors commissaire ordinaire depuis le 11 décembre 1741. Deux ans plus tard, Baratier de Saint-Auban commandait en second celle de nos batteries qui fit le plus de mal aux Austro-Anglais, à la bataille de Dettingen (27 juin 1743), après quoi il prit part aux sièges d'Ypres et de Furnes, puis à la bataille de Fontenoy (11 mai 1745), où il eut le détail de l'artillerie et où le maréchal de Saxe le complimenta en présence du roi.
Pour nous résumer, Baratier de Saint-Auban fit presque toutes les campagnes du règne de Louis XV, se distinguant partout par sa belle conduite, en même temps que par ses connaissances techniques, et c'est ainsi qu'il devint major d'artillerie, en 1747 ; lieutenant-colonel, le 29 octobre 1750 ; colonel, le 1er janvier 1758 ; brigadier, cinq semaines après ; maréchal de camp, le 20 février 1762 ; commandeur de St-Louis, en 1771 ; enfin, lieutenant général des armées du roi, le 1er mars 1780. En outre, il obtint, au mois d'octobre 1739, des lettres patentes le confirmant dans la noblesse de ses ancêtres et l'anoblissant au besoin, avec le droit de porter pour armoiries : de gueules au lévrier d'or. Or, il est bon de dire qu'il ne fut pas seulement un officier dont le nom fit pendant longtemps autorité dans tout ce qui touchait à l'artillerie, mais encore un homme d'une probité rare, et qu'il en résulta même pour lui une tragique aventure. Car, ayant poursuivi avec la dernière rigueur et fait condamner, en dépit de puissantes protections, le directeur de la manufacture d'armes de St-Etienne, comme prévaricateur, un neveu de ce {64}dernier, appelé M. de Chargey, tenta de l'assassiner, en plein jour, sur le boulevard, le 31 décembre 1773 ; et l'on publia ensuite, contre lui, des pamphlets l'accusant de ne devoir son avancement qu'à certaines manœuvres. Baratier de Saint-Auban riposta en publiant un état de ses services accompagné d'attaques violentes contre ses adversaires et il s'ensuivit, enfin, une querelle des plus retentissantes, dont les échos n'étaient pas encore complètement éteints quand Baratier de Saint-Auban mourut à Paris, le 5 septembre 1783, ne laissant pas d'enfants de son mariage avec une demoiselle de Lévis.
Dix-huit mois après, un cabinet de machines et de modèles, fort curieux pour son métier, formé par lui, était offert au roi, qui le fit placer dans la salle où l'on exposait les porcelaines de Sèvres.
ICONOGRAPHIE. - I. Portrait gr. in-4º buste de 3/4, à D., dans un ovale autour duquel on lit : Jacques-Antoine Baratier, marquis de St-Auban, lieutenant général des armées du Roi, Commandeur de l'Ordre Royal et militaire de Saint-Louis, associé des académies de Dijon et de Berlin. Au bas, des trophées d'artillerie et au-dessous :
[A l'Etat, à la gloire il consacra sa vie,
De son art redoutable il défendit les loix,
Par ses vertus, ses talents, son génie,
Il obtint pour amis des sages et des rois !]
Dessiné par P. Choffard, 1784. Gravé par Scipion Neiger, graveur du Roi. - II. Copie du précédent, moins les attributs et les vers, avec cette légende : Le marquis de Saint-Auban, lieutenant général, inspecteur général d'artillerie. Lith. de l'Ecole royale d'artillerie de Douai. In-4º.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Considérations sur la réforme des armes jugée au Conseil de guerre assemblé à l'hôtel royal des Invalides. Paris, 1774, in-8º.
II. Supplément aux considérations sur la réforme des armes. Paris, 1775, in-8º. C'est une réponse aux Lettres d'un officier d'artillerie à un officier général. Paris, 1775, in-8º, brochure attribuée à l'avocat du lieutenantcolonel de Bellegarde.
III. Mémoires sur les nouveaux systèmes d'artillerie. S.l., 1775, 2 vol. in-8º.
IV. De l'Usage des armes à feu, par le commandeur d'Antoni, ouvrage traduit de l'Italien par M. de Saint-Auban. Paris, 1785, in-8º.
#Biogr. Dauph., i, 61. - Arch. Guerre. - De Coston, Hist. de Montélimar, iii, 64. - Mémoires de Bachaumont. - Etc., etc,




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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