BENOIT (Ezéchiel)



BENOIT (Ezéchiel)), imprimeur, qui paraît être originaire de Die, y acquit, en 1618, l'imprimerie fondée, neuf ans auparavant, par le Genevois Jean Gautier et exploitée, à partir du 10 juin 1613, par le Lausannais Jean-Rodolphe Lefebvre, avocat et professeur de philosophie à l'Académie protestante de cette ville. Etant avant tout l'imprimeur de cette académie, ce sont surtout des livres de controverse protestante qui sortirent de ses presses pendant les quarante-quatre ans qu'il exerça son métier à Die. Abstraction faite des placards et autres menus imprimés que pouvaient lui demander professeurs et élèves à la veille des soutenances de thèses, ce furent même là, ou peu s'en faut, ses seuls travaux, attendu qu'aux termes de ses engagements avec le Consistoire, il ne pouvait rien imprimer sans la permission du " recteur de l'Académie, ou pasteur de l'Eglise réformée. " Il tâcha bien, il est vrai, au moins une fois, de passer outre en imprimant une Harangue funèbre de Madame la Duchesse de Lesdiguières, dédiée à Monseigneur le Duc de Lesdiguières, pair de France et gouverneur du Dauphiné, par M. du Faur de Saintairaille, théologal de l'église cathédrale de Die, prononcée par le même dans ladite cathédrale de Die, le 24 juillet 1656 (in-8º de 2 ff., plus 25 pages impr., plus 3 pp. bl.) ; mais, {89}mal lui en prit, car, dénoncé aussitôt, il fut ensuite " grièvement censuré ", pour avoir agi ainsi " au grand scandale de tous ceux qui font profession de la religion réformée ", et menacé de " suspension de sa charge. " L'affaire était d'autant plus grave, que notre homme qui était, paraît-il, homme de lettres en même temps qu'imprimeur, avait été déjà censuré treize ans auparavant, pour avoir fait préparer la représentation d'une pièce qui n'avait " esté vue ni approuvée par les commis du Consistoire de l'Eglise et bureau de l'Académie. " Or, ne voilà-t-il pas qu'après s'être exposé aux censures des pasteurs protestants en imprimant une brochure catholique, Ezéchiel Benoît encourut, quatre ans après (1660), des poursuites pour avoir imprimé l'Anti-Moine, à Messieurs de la Communion de Rome de la ville de Crest, brochure sans indication de lieu, ni date, ni nom d'auteur, mais œuvre du pasteur Jean de Lafaye, de Loriol. En effet, l'auteur de cet écrit ayant été condamné, par contumace, aux galères et à 300 livres d'amende, " pour avoir composé un livre très scandaleux, plein d'impiétés et de blasphèmes ", Benoît fut condamné au bannissement et à 50 livres d'amende. Seulement, il faut bien reconnaître que cette impitoyable sentence n'eut pas en réalité de sérieuses conséquences ; car, si Jean de Lafaye se réfugia en Suisse pour y échapper, Benoît, resté à Die, n'en continua pas moins à imprimer comme devant, jusqu'à sa mort arrivée en 1662 ; étant d'ailleurs assez âgé à ce moment-là, pour qu'il dût se faire aider par Pierre Verdier.
#P. Arnaud, Impr. Acad. prot. de Die, 16, 35. - Arch. Drôme, D, 53. - Journ. des Conversions de l'année 1661. - Elie Benoit, Hist. de l'Edit. de Nantes, iii, p. just. 156. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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