BLACONS (Hector de Forest,)



BLACONS (Hector de Forest, seigneur de), deuxième fils du précédent et, comme lui, un des principaux chefs du parti huguenot en Dauphiné, pendant les guerres civiles du xvie siècle, fit la campagne de Saintonge (1568-69) avec son père ; puis, se distingua au mois de janvier 1575, en introduisant des renforts dans Livron assiégé par Henri III. Peu de temps après (13 juillet 1575), il contribuait à la défaite des Suisses par Montbrun, au Pont-d'Oreille, et il se trouvait, l'an suivant (9 décembre 1576), avec Thoré, quand celui-ci fut chassé du Pont-St-Esprit par de Luynes ; après quoi il essaya de prendre Donzère et devint enfin gouverneur d'Orange, par la grâce du roi de Navarre, en 1578. Et il le fut d'une manière tellement absolue que le prince Guillaume de Nassau ayant envoyé, quelque temps après, un autre gouverneur dans cette principauté, celui-ci dut rester piteusement à Courthezon, et que les magistrats d'Orange ayant alors voulu se rendre auprès de ce représentant de leur souverain, pour le saluer, Blacons les fit enlever et ramener dans la ville, sous bonne escorte.
Gouverneur d'Orange avec son beau-frère, Claude Chabert, pour lieutenant dans la citadelle, le deuxième Blacons n'en prit pas moins part à toutes les grandes entreprises de son parti dans la région et commanda même d'autres places en même temps, par exemple Livron, dont il était gouverneur au mois de juillet 1579, date à laquelle Catherine de Médicis, venant de Nérae où elle s'était entendue avec le roi de Navarre, son gendre, et se rendant à Grenoble, pour une conférence avec Lesdiguières, écrivait à son fils, le roi Henri III : " Joignant Livron, Blaquon, qui y commande vint avec aucuns de la garnison sans s'esloigner de ladicte ville, sur le chemin,... et pour ce qu'il me sembla qu'il estoit en doubte, veoyant son regard égaré, comme vous pourriez dire Maurevert (l'assassin de Coligny), estant quasi ung tel homme que luy, pour le moings ne me regarda jamais au visage pendant qu'il parla à moy, je lui feis bien cougnoistre qu'il n'en devoit avoir aulcune crainte, ny fére aulcune difficulté de me venir trouver, car je n'estois par deçà que pour le bien de la paix. " Le portrait n'est pas flatté, reste à savoir s'il était ressemblant.
Au printemps de l'année suivante, Blacons était avec des troupes dans le Royans, pour tenter une diversion en faveur des paysans révoltés de la Valloire et du Bas-Viennois, que poursuivaient Mandelot et Maugiron et qui furent quand même écrasés par ceux-ci dans Moirans, le 27 mars. L'an d'après, il était à Vienne, avec Lesdiguières, pour traiter de la paix (juin 1581), et quand le futur connétable eut repris les armes, il fut toujours un de ses meilleurs lieutenants. Ainsi étaitil avec lui en 1586 lorsqu'il défit le baron de Vins, devant le château du baron d'Allemagne, et encore lorsqu'il battit la Valette sur le chemin de Crest, puis à la reprise de Montélimar (19 août 1587), qu'il avait aidé à prendre deux ans auparavant ; et c'est encore {104}lui qui fut chargé, avec Gouvernet, de se rendre dans le Comtat, pour y lever des contributions et empêcher la jonction des troupes pontificales avec celles de Montmorency, qui assiégeaient le Pont-Saint-Esprit. On le trouve ensuite à la prise de Grenoble, sur d'Albigny (22 décembre 1590), qui y commandait pour la Ligue, et où il fut blessé d'une arquebusade ; enfin, lorsqu'on guerroya contre le duc de Savoie, il se distingua un peu partout, notamment devant le château de Montfleury, dont il s'empara, le 9 juin 1591, et surtout à Exilles, place frontière qu'il défendit si bien contre des forces supérieures, qu'ayant dû se rendre après onze jours de siège, pendant lesquels elle essuya, dit-on, plus de 3,000 coups de canon, la garnison se retira avec armes et bagages, tambour battant, le 22 mai 1593. Aussi le roi l'en récompensa-t-il, en lui conférant, quelques jours après (1er août 1593), le grade de maréchal de camp.
Retiré enfin tout à fait, dans son gouvernement d'Orange, Hector de Forest de Blacons y mourut en 1596, étant alors, en même temps que maréchal des camps et armées du roi, gentilhomme de sa chambre et capitaine de 50 hommes d'armes, et de plus seigneur de Blacons, de Mirabel, de Condillac, de Sauzet et d'Upie ; car il est banal de dire qu'il sut arrondir sa fortune à la faveur des guerres civiles.
Marié, une première fois, avec Françoise de Mirabel, fille de Claude, qui l'institua, par testament en date du 8 avril 1576, son héritier universel, à la charge de porter son nom et ses armoiries ; puis, en 1592, avec Louise de Prion ou de Priam, dame de Condillac, veuve d'Antoine Bouvier, Hector de Forest de Blacons, ne laissa qu'un fils, à qui il légua en mourant le gouvernement d'Orange.
#Mém. d'Eust. Piémond, 47, 129, 172. - Videl, Hist. de Lesdiguières, 38, 59, 61, 73, 82, 108. - Lacroix, L'Arrond. de Montélimar, iii, 43-45. - Chorier, Hist. gén., ii, 721. - Corresp. de Catherine de Médicis. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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