BLACONS (Alexandre de Forest,)



BLACONS (Alexandre de Forest, seigneur de), fils du précédent, né en 1560, suivant Guy Allard, hérita le gouvernement d'Orange de son père, malgré l'annulation du testament de ce dernier par le parlement de cette ville, avec qui il fut toujours en lutte. Non moins audacieux que son père, il le fut à ce point que le prince Philippe-Guillaume de Nassau étant venu visiter ses états en 1599 et 1603, il le retint prisonnier. Mais c'est par sa rapacité surtout qu'il se distingua, au dire des historiens ; car Jean de Serres, d'ordinaire si favorable aux protestants, raconte que le prince d'Orange, " s'étoit souvent plaint qu'il couvrist du manteau de la religion ses artifices pour usurper ses biens et son autorité ", et les représentants des églises réformées assemblés à Châtellerault demandèrent en 1605 qu'on le remplaçât. Cela ne se fit que moyennant une pension de 6,000 livres que lui accorda le roi Henri IV, et, même à ce prix, on n'y arriva qu'avec peine, attendu qu'il était le gendre de Gouvernet, un des plus puissants seigneurs huguenots du Dauphiné, en même temps que l'un des plus âpres. Telle était, en effet, la difficulté, que le prince d'Orange qui avait naturellement hâte de se débarasser de lui, n'y serait pas arrivé sans Lesdiguières qui, après avoir usé de tous autres moyens, s'empara tout simplement, par force, de Montélimar sur Gouvernet et menaça d'en user de même avec son gendre.
Délogé ainsi d'Orange, le troisième Blacons, que l'on appelle quelquefois Mirabel-Forest ou Forest-Mirabel, se confina dans la retraite pendant une quinzaine d'années ; mais de nouveaux troubles ayant éclaté dans le Vivarais, sous prétexte de religion, il se rendit aussitôt à Privas (février 1620), pour y accommoder toutes choses, d'autant plus que la cause première de ces troubles était le remariage de sa belle-sœur, Paule de Chambaud, à qui les protestants contestaient le droit de prendre un catholique pour second {105}époux. L'accommodement n'ayant pas tenu, il n'hésita pas à prendre parti pour ses coreligionnaires, qui le proclamèrent gouverneur des églises du Vivarais, le 26 avril 1621. Avec cela, il parvint à s'emparer des places de Baix et du Pouzin, ce qui lui permit de faire piller les bagages du vicelégat descendant le Rhône, et ce ne fut, de sa part, qu'entreprises semblables pendant quinze ou dix-huit mois. Après avoir inutilement tenté de s'emparer du Cheylard, place dont les habitants protestants jouissaient de tous les bienfaits de la liberté de conscience, mais dont le seigneur était catholique, il partit, en effet, le 6 juillet 1621, pour le Velay, avec 100 hallebardiers, 200 mousquetaires et 100 carabins, qui périrent presque tous dans une attaque contre Yssingeaux défendu par ses habitants. Le 16 octobre suivant, il prit Chomérac, et, quelques jours après, le château de Salavas, dont les défenseurs se réfugièrent dans une tour, qu'il leur fallut ensuite rendre de bonne volonté, sous peine de voir la dame du lieu et ses enfants égorgés. Ce qui n'empêcha pas Blacons d'enlever, après, à la pauvre femme jusqu'à ses bagues. Au mois de novembre suivant, il essaya, mais en vain, de prendre Villeneuve-de-Berg puis, essuya un nouvel échec devant Rochemaure, au mois de décembre. De telle sorte qu'il ne crut pouvoir mieux faire alors que de se renfermer dans ses deux places de Baix et de Pouzin, et comme celle-ci lui fut enlevée par Lesdiguières, après un siège de douze jours (5-17 mars 1622), en homme pratique, il lui vendit l'autre 20,000 écus, cinq mois après (août 1622).
Deux ans plus tard, on rencontre le troisième Blacons devant Gavy qu'assiégeait Lesdiguières. Il y était à la tête d'un régiment, et c'est encore à la tête de ce régiment qu'il était à Pontd'Esture, l'an suivant ; après quoi, il n'est plus question de lui jusqu'à sa mort, arrivée le 8 mai 1631.
De son mariage avec Marguerite de la Tour-Gouvernet, Alexandre de Forest n'eut que des filles, dont l'aînée appelée Isabeau épousa Jean d'Armand, seigneur de Lus, Gresse, Beaurières et autres places, qui devint ainsi seigneur de Blacons.
#J. de Serres, Inv, de l'hist. de France, ii, 1058. - Bastet, Hist. d'Orange, 123. - Lacroix, L'Arrond, de Montélimar, iii, 45. - De Coston, Hist. de Montélimar, ii, 569-71. - Comm. d'un soldat du Vivarais, 14-54, 71, 85, 92. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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