DAVITY (Pierre)



DAVITY (Pierre)) et non D'AVITY, comme l'appelle Rochas, n'appartient pas à notre département par sa naissance, puisqu'il naquit à Tournon, berceau de sa famille, le 13 août 1573 ; ni par sa mort, puisqu'il mourut à Paris ; mais il était en réalité de Moras, où, Jeanne Alleman, sa mère, lui ayant laissé des biens considérables, il se fixa de bonne heure, passa la plus grande partie de sa vie et fit souche. Fils aîné d'autre Pierre Davity, avocat, dont le livre de raison est aux archives départementales de la Drôme, il étudiait à Paris, en 1588, et s'y fit ensuite connaître par de " gentilles saillies ", qui lui gagnèrent " l'amour des dames " et l'estime de {237}ceux qui favorisent les nobles inspirations. " En un mot, il y compta bientôt parmi les beaux esprits mais n'en porta pas moins fort bien l'épée, et fut même homme d'armes dans la compagnie du maréchal de Lesdiguières, puis capitaine d'infanterie ; après quoi l'indépendance du volontaire lui allant mieux, il fit à ce titre plusieurs expéditions et se distingua notamment aux sièges de Rheinberg et de Cassel, ce qui lui valut d'être fait gentilhomme de la chambre du roi et anobli en 1610, mais le mit, en revanche, fort mal avec les habitants de Moras, dont les impôts devaient subir le contre-coup de l'exemption accordée aux biens de tout gentilhomme. Leur hostilité fut telle qu'ils s'opposèrent énergiquement à l'enregistrement de ses lettres de noblesse, le représentant comme " hault à la main à l'endroit du commun peuple, menassant de battre, tuer, frapper, comme de fait il en a frappé et appelé en duel, bien que ce fust avec gens de mestier et artisans " ; allant jusqu'à dire qu'il ne s'était fait homme de guerre que pendant la paix et que ce qui reluisait " le plus en luy estoit les beaux et grands moyens qu'il avoit recully par le décès de sa mère. " Seulement, comme on s'entendit ensuite sur le chiffre d'une indemnité à donner aux réclamants, toutes ces accusations s'en allèrent avec le procès et, devenu plus tard capitaine-châtelain de Moras, Pierre Davity, écuyer, sieur du Colombier, vivait en si bonne intelligence avec les habitants de ce lieu, qu'ils décidèrent, en 1621, de déposer chez lui tous les papiers de la commune. Il est vrai qu'il devait y avoir pour les renfermer certain coffre fermant à deux clefs, que gardaient les consuls. Or, châtelain, Davity l'était encore en 1628 ; mais il retourna ensuite à Paris, où son fils aîné, appelé comme lui Pierre, mourut " polmonique ", à l'âge de 32 ans, le 2 mars 1635, ce qui a fait croire que son père mourut cette année-là, tandis qu'il vécut encore cinq ans, comme le dit Colletet ; car ce n'est qu'en 1640 que notre bel esprit s'en alla de ce monde, ne laissant de son mariage avec Madeleine de Fassion de Saint-Jay, qu'un fils, qui fut conseiller au parlement de Grenoble, après avoir été mistral de Moras. Pierre Davity fut inhumé dans l'église Saint-Etiennedu-Mont.
ICONOGRAPHIE. - Portrait. Grav. infol. Buste de 3/4 à G.J. Picart del. et fecit, 1637.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Les Travaux sans travail. Paris, 1599, in-12. Autres éd. de Lyon, 1601, petit in-8º, et 1609, in-12.
II. Bannissement des folles amours. Lyon, Barthélemy Vincent, 1618, pet. in-8º.
III*. Les Etats, Empires et Principautés du monde, par D. V. T. Y. Paris, 1626, in-fol. Ouvrage dont il y a d'autres éditions : de Rouen, 1649, in-4º ; de Genève, 1665, infol. ; et qu'on a aussi publié sous le titre de : Description de l'Univers. Paris, 1637, in-fol. Une éd. revue par Ranchin, est de Paris, 1653, 3 vol. in-fol. ; une autre, par J.-B. de Rocole, de Troyes et Paris, 1660, 6 vol. in-fol. ; enfin il y en a une traduction latine par Godefroy, intitulée : Archontologia. (Paris, 1660, in-fol.), que la Biogr. de Michaud dit avoir été publiée auparavant à Francfort (1649, 3 vol. in-fol.).
IV*. Origine de tous les ordres de chevalerie de la chrétienté, leurs statuts, armes et devises, par T. V. Y. A. Paris, 1635, in-fol.
Davity ayant été seigneur de Montmartin du chef de sa mère, on lui attribue encore : Arrêt de mort exécuté en la personne de Jean Grillet, architecte, par le seigneur de Montmartin (Paris, 1624 in-8º) ; et : Etat certain de ceux de la religion en France (Paris, 1625, in-8º) ; mais il est improbable que ces écrits soient de lui. Par contre, Guy Allard dit qu'il publia un abrégé de sa Description de l'Univers, sous le titre de : Théâtre du Monde et Le Mépris des tristes accidents, tiré de la Consolation latine de Cicéron. Il venait de terminer une traduction de L'Art d'aimer d'Ovide, quand d'honorables scrupules la lui firent jeter au feu, au moment de la remettre à l'imprimeur.
#Biogr. Dauph., i, 46. - A. Mazon, Notes ardéchoises. - De Gallier, Les Tournonnais dignes de mémoire, 41. - Guy Allard, Dict. Dauph., i, 371. - Arch. Moras, BB, 2, CC, 63 et 64, FF, 7. - Bull. Archéol., iv, 99.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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