DOCHIER (Jean-Baptiste)



DOCHIER (Jean-Baptiste)), avocat, député et écrivain, né à Romans, le 2 décembre 1742, et décédé dans cette ville, le 28 décembre 1828, était le fils d'un procureur et le neveu de Gabriel Dochier, dernier juge de la ville de Romans, pour le chapitre de Saint-Barnard ; sa famille était établie dans cette ville dès le milieu du xviie siècle. Reçu avocat au parlement de Paris, le 2 septembre 1764, et au parlement de Grenoble, deux ans après, il s'établit ensuite dans sa ville natale, dont il devint échevin en 1768 ; cette charge l'ayant mis dans le cas de s'occuper d'un procès que les habitants de Romans soutenaient alors contre le chapitre de St-Barnard, un des seigneurs de la ville, à cause de ses prétentions, il fit pour cela, dans les archives de la Chambre des comptes de Dauphiné, des recherches qui eurent les plus heureux résultats. Indépendamment de ce qu'elles aidèrent puissamment à la rédaction des derniers mémoires de la ville contre le chapitre, ces recherches lui permirent en effet d'écrire, entre autres choses, un Mémoire sur la corvée, qui témoigne de l'indépendance de son caractère et de l'étendue de ses connaissances ; car, il démontre contre le Parlement, qui avait adressé des remontrances au roi le 10 mars 1787, à cause d'un arrêt de son Conseil ordonnant d'essayer, pendant trois ans, la conversion de la corvée en un impôt en argent payable par tous indistinctement, que l'entretien des routes, des ponts et autres charges pareilles, devait être supporté par le clergé et par la noblesse, aussi bien que par le tiers état, suivant le droit féodal. Or, la publication de ce mémoire, qui fut d'abord lu dans l'assemblée des notables tenue à Romans, le 1er juillet 1787, rendit naturellement Dochier populaire. Chargé par ses concitoyens de les représenter dans l'assemblée des députés des trois ordres, qui se tint à Romans encore, du 10 septembre 1788 au 16 janvier 1789, il fit ensuite partie, au même titre, de l'assemblée qui se tint à Chabeuil, du 19 au 29 mai 1790, pour l'organisation du département de la Drôme, et fut alors compris parmi les trente-six administrateurs de ce département. Trois mois et demi après (4 août 1790), il était élu membre du Directoire du département, c'est-à-dire d'une commission ayant pour premier mandat de liquider toutes les affaires communes aux trois départements dauphinois et dans laquelle il remplit les importantes fonctions de vice-procureur général syndic. Le 9 novembre, suivant on l'élisait juge au tribunal du district de Romans, puis on l'adjoignit comme suppléant à Hortal, juge au tribunal de cassation (2 mars 1791) ; enfin, le 3 septembre 1791, les électeurs de la Drôme l'envoyèrent à l'Assemblée législative où il siégea dans les rangs du parti modéré. Cette assemblée ayant pris fin alors que le juge Hortal était décédé depuis quelque temps, Dochier le remplaça au tribunal de cassation, le 22 septembre 1792 ; mais, effrayé de la marche des événements, il s'enfuit ensuite à Saint-Bardoux, paroisse des environs de Romans, où il avait une maison de campagne, ce qui lui valut d'être arrêté le 15 octobre 1793. Seulement, comme il ne rencontrait guère que des sympathies dans sa ville natale, les {257}membres de la Société populaire, après avoir demandé tout d'abord qu'on le surveillât " jusqu'à ce que la municipalité ait pris des renseignements à Paris auprès de leurs frères les Jacobins, sur la conduite qu'a tenue ledit Dochier à Paris, depuis deux ans environ, fondés d'ailleurs sur ce que ce dernier avait voté dans l'Assemblée législative en faveur du traître Lafayette et qu'il a abandonné son poste dans un temps où les lois le défendent expressément ", ces membres, disons-nous, sollicitèrent, le 3 brumaire an II (24 octobre 1793), la délivrance " au citoyen Dochier d'un passeport et autres certificats nécessaires à l'effet de retourner à son poste. "
A peu près contraint ainsi de reprendre ses fonctions de membre du tribunal de cassation, Dochier les conserva jusqu'au mois de février 1796, date à laquelle il donna sa démission, pour des raisons de santé. Suivant Rochas, qui dit, par erreur, que c'est au lendemain du 9 thermidor (29 juillet 1794) que cette démission fut donnée, il avait surtout la nostalgie du pays natal, à tel point que le gouvernement consulaire l'ayant ensuite nommé juge au tribunal d'appel de Grenoble, il ne tarda pas à se démettre encore de cette charge pour revenir à Romans, où il s'établit avocat consultant et dont il fut maire de 1806 au 1er janvier 1808. Démissionnaire à cette dernière date, il vécut dès lors exclusivement occupé de ses études et de ses affaires, jusqu'à son décès arrivé le 28 décembre 1828. " Esprit brillant, ayant beaucoup d'aptitude aux affaires lorsque les illusions de son imagination ne le trompent pas ", dit une note de police de 1810, qui le taxe en outre " d'opinions politiques un peu variables ", il était surtout homme d'étude, et les travaux qu'il a laissés sur l'histoire de Romans lui font d'autant plus d'honneur, qu'il a été le premier à débrouiller le chaos de cette histoire.
ICONOGRAPHIE. - Portr. grav. Buste de profil, dans un méd. rond de 0,070, autour duquel on lit : Jean-Baptiste Dochier.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Mémoire pour la Ville de Romans, contre les Boulangers de la même ville. S.l.n.n. (Giroud), 1776, in-4º de 19 pp.
II. Recherches historiques sur la taille en Dauphiné. Ouvrage utile aux officiers des communautés, à tous les propriétaires d'immeubles et surtout à ceux situés dans le territoire de la ville de Romans. Grenoble, Jos. Allier, 1783, in-8º de 75 pp.
III. Précis pour Antoine Vacher et Marie Charbonnel, habitants au bourg du Péage de Pisançon ; contre François Gravoulet, résidant au même lieu. Grenoble, Allier, 1787, in-4º de 11 pp.
IV. Mémoire sur les corvées en Dauphiné. Grenoble, 1787, in-8º.
V. Procès-verbal de l'alarme donnée dans la ville de Romans, le 28 juillet 1789. S.l., in-8º de 15 pp.
VI. Délibérations du Bourg-de-Péage de Pisançon près Romans (des 1er et 14 août 1789). Grenoble, s.d., in-8º de 7 pp. On y trouve un discours de Dochier racontant que le marquis de Pisançon est allé au corps de garde, demandant à être incorporé dans la garde nationale.
VII. Eloge historique du chevalier Bayard. Grenoble, 1789, in-8º de 78 pp. Tirage à part des Mémoires de la Soc. littér. de Grenoble (tome II) ; réimprimé plus tard, à la suite des Mém. sur Romans.
VIII. Opinion de M. Jean-Baptiste Dochier, administrateur du département de la Drôme, sur la question de savoir s'il existe des considérations d'utilité publique et d'économie, pour réduire, en l'état, les districts et les tribunaux établis dans ce département et, en dernière analyse, quel doit être le nombre et l'époque de cette réduction. Valence, Viret, s.d. (1790), in-4º de 16 pp.
IX. Rapport et projet de décret sur le nombre et le placement des notaires publics dans le département de la Drôme. Impr. nat., s.d. (1791), in-8º de 8 pp.
X. Même rapport pour les Hautes-Alpes. In-8º de 6 pp.
XI. Même rapport pour l'Isère. In-8º de 9 pp.
XII. Projets de décrets... sur la demande de la commune de Bercy tendant à ériger en paroisse la chapelle qu'elle possède dans son sein. S.l.n.d., mais Impr. nat., 3 décembre 1792, in-8º de 3 pp.
XIII. Compte rendu à la Société populaire de la ville de Romans (24 octobre 1793). Romans, in-4º de 4 pp. Ce sont les explications qu'il fournit après son arrestation à Saint-Bardoux.
XIV. Consultation sur la lésion d'outre moitié du juste prix. S.l., mais Valence, Bénistant, an VI, in-4º de 10 pp.
XV. Consultation sur la valeur du mot souffrance, en matière de comptabilité. S.l., mais Valence, Viret, an VI, in-4º de 9 pp.
XVI. Considérations sur les droits et les devoirs des créanciers et des débiteurs. S.l.n.d., mais Valence, Bénistant, in-4º de 22 pp.
{258}XVII. Dissertation sur une question de nonretenue de la contribution foncière. Valence, Montal, 1808, in-4º de 17 pp.
XVIII. Consultation pour les hospices de la ville de Romans, contre M. Machon, propriétaire, concernant le cours et l'usage des eaux du ruisseau de la Veaune. S.l., mais Valence, Montal, 1808, in-4º de 18 pp.
XIX. Mémoires sur la ville de Romans, suivis de l'Eloge du chevalier Bayard. Valence, Montal, 1812. In-8º de iii + 364 pp.
XX. Dissertation sur l'origine et la population de la ville de Romans. Valence, Montal, 1813, in-8º de 33 pp.
XXI. Récit de ce qui s'est passé dans la ville de Romans, depuis l'entrée jusqu'au départ des Autrichiens du département de la Drôme. Valence, Marc Aurel, 1814, in-8º de 19 pp.
XXII. Essai historique sur le monastère et le Chapitre de Saint-Barnard de la ville de Romans. Valence, Marc Aurel, 1817, in-8º de iv + 83 pp.
XXIII. Recherches sur l'impôt foncier en Dauphiné, pour servir à la confection du cadastre général. Valence, Marc Aurel, 1817, in-8º de 44 pp.
XXIV. Discours prononcé en présence de M. Cotton, préfet de la Drôme,...dans l'assemblée des habitants de Romans réunis le 6 novembre 1825, à l'occasion de la fête de Saint-Charles. S.l., mais Valence, Montal, in-8º de 6 pp.
XXV. Un cri de l'humanité en faveur des Grecs. Valence, Marc Aurel, 1826, in-8º, 8 pp.
XXVI. Rapport à Messieurs de la Commission administrative et du Conseil de charité des hospices de la ville de Romans. S.l., mais Valence, Montal, 1827, in-4º de 82 pp.
XXVII. Recherches sur l'origine, la cause et les effets de l'ouverture du canal de la nouvelle Veaune, dans le mandement, territoire et juridiction de Beaumont et de Monteux. Pour servir de suite au rapport et à la délibération des hospices de la ville de Romans, du 10 novembre 1827. S.l.n.d., mais Valence, L. Borel, 1828, in-4º de 8 pp.
#Biogr. Dauph., i. 321. - Arch. Drôme, E, 11207. - Arch. de Romans, CC, 164. - A. Rochas, Mém. d'un bourg. de Valence, i, 58. - Dr Chevalier, Le Comité de surv. révol. et la Soc. républico-popul. de Romans en 1793 et 1794. - Ed. Maignien, L'Impr. à Grenoble et Bibliogr. révol. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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