FAURE (Antoine)



FAURE (Antoine)), dit le capitaine La Cloche, soldat de guerre civile, dont le nom rappelle un des faits les plus caractéristiques de l'histoire de nos pays, au temps d'Henri III, était de Pierrelatte où il possédait le domaine qui a retenu de lui le nom de La Cloche, et le fils de Laurent Faure et de Philippine de Veyras. S'étant mis à guerroyer, tout jeune encore, pour le compte des huguenots, il suivit d'abord Antoine de la Salle, dit La Prade (V. ce nom), autre capitaine d'aventures dont il ne tarda pas à être le lieutenant ; puis, celui-ci s'étant mis en campagne pour son propre compte, lorsqu'il sut qu'il y avait des pourparlers entre les chefs du parti huguenot en Dauphiné et le lieutenant de roi dans cette province, pour arriver à l'exécution de l'édit de Poitiers (septembre 1577), il l'imita, c'est-à-dire que La Prade s'étant alors saisi du château de Châteaudouble, non loin de Valence et {316}de Romans, il s'empara lui-même de celui de Roussas, entre Pierrelatte et Grignan, et, s'y étant fortifié avec quelques soldats, fit régner la terreur dans cette contrée, comme La Prade dans le Haut-Valentinois. Et il en fut ainsi jusqu'au mois de février 1579, date à laquelle les populations, qui avaient auparavant formé entre elles des ligues secrètes, se soulevèrent tout à coup dans toute la région. Seulement, tandis que, dans les environs de Romans, ces ligues avaient pour principal objectif de faire rendre gorge à ceux qui s'étaient malhonnêtement enrichis en maniant les deniers publics, dans les environs de Montélimar, elles ne tendaient qu'à délivrer le pays des gens de guerre qui l'opprimaient sans le protéger.
Après s'être plusieurs fois plaints des violences de La Cloche au visénéchal de Montélimar, les pay sans du Bas-Valentinois, exaspérés, prirent donc les armes pour marcher contre ce capitaine, et, voyant cela, le visénéchal, Jacques Colas (V. ce nom), qui était un homme avisé et de résolution, en même temps qu'un ambitieux de grande marque, manda aussitôt à toutes les communautés de son ressort de lui envoyer des hommes pour assiéger Roussas. Or, on peut juger de l'empressement avec lequel les populations répondirent à cet appel, par ce fait que, le 24 février, il ne se trouva pas moins de " 1,200 bons arquebusiers " devant cette place ; d'où l'on peut conclure que la foule y était innombrable ; et, ce qui caractérise bien la nature du mouvement, c'est qu'à peine cette masse de peuple eut-elle investi Roussas, qu'une trentaine de gentilshommes de toute religion accoururent au secours de La Cloche, bien que celui-ci ne se réclamât que de " ceux de la Religion ", comme La Prade, ce qui eut naturellement pour effet d'exaspérer les assiégeants, qui blessèrent d'une arquebusade le seigneur de Rousset, au point qu'il en mourut ; puis, attaquèrent si vigoureusement la place que La Cloche, désespérant de pouvoir la défendre, l'abandonna secrètement le 28 février, n'y laissant que 13 hommes qui furent massacrés par les paysans victorieux.
Que devint, après cela, notre capitaine ? Tout ce que nous savons, c'est qu'il vivait tranquillement à Pierrelatte huit ans après et qu'il mourut sans laisser de postérité. Mais, ce qu'il importe de remarquer encore, à propos de ce siège de Roussas, c'est l'erreur dans laquelle sont tombés la plupart des historiens, en confondant ce village du canton de Grignan, qui est à 80 kilomètres au moins de Chàteaudouble, avec une ferme de la commune de ce dernier nom appelée Ruissar ou Ruissart. La Prade " avait mis le capitaine La Cloche dans le château de Ruissar voisin de Châteaudouble, et celui-ci faisait comme lui des courses et des voleries continuelles. Ruissar était comme un rempart à sa place ", dit Chorier, et tout le monde avait copié Chorier, quand le baron de Coston a, le premier, rétabli la vérité des faits.
#Bull. d'archéol., v, 454 ; ix, 264. - Lacroix, L'Arrond. de Mont., v, 110 ; vii, 259. - De Coston, Hist. de Montélimar, ii, 394. - Chorier, Hist. gén., ii, 686. - D'Aubais, Piéces fig., 225. - Brun-Durand, Mém. d'Eust. Piémond, xx. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

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