GALLIER (François-Joseph-Anatole de)



GALLIER (François-Joseph-Anatole de)), écrivain, né à Tain, le 28 mai 1821, d'une famille que l'on trouve établie dans cette ville dès le xviie siècle, était fils de Philibert-Joseph-Auguste de Gallier et de Marianne-Delphine de Carmes de la Bruguière. Elevé dans sa famille par un ancien proviseur du collège de Tournon, l'abbé Payen, qui lui faisait suivre les cours de cet établissement, il fit ainsi de très fortes études et manifesta, tout jeune encore, un goût des plus vifs pour l'histoire et les belles-lettres, à tel point qu'à seize ans, il rendait compte du livre de Jules de Saint-Félix sur Madame la duchesse de Bourgogne, dans la Gazette du Languedoc, et qu'Emile Deschamps venu, dans ce temps-là à Tain, chez son ami H. Monier de la Sizeranne (V. ce nom), voulut voir notre jeune écrivain à qui il décerna les éloges les plus flatteurs. Quatre ans après, Anatole de Gallier faisait, en compagnie de son cousin Just de Tournon, qui devait mourir tristement au retour, un voyage en Italie, qui fut surtout un voyage d'observations et d'où il rapporta des impressions et des souvenirs condensés ensuite dans de poétiques pages que le journal L'Annonéen donna en feuilletons signés : Onophrius. Puis, comme il était on ne peut plus familiarisé avec la langue et la littérature allemandes, il publia sous son véritable nom dans Le Correspondant et, sous le pseudonyme de Saint-Martin, dans la Revue indépendante, de remarquables études sur Gœthe, Gervinus, la comtesse de Hahn-Hahn, Oscar de Redwitz, le parlement de Francfort et les chants et récits populaires de l'Allemagne, tout en traitant, au hasard des circonstances, les sujets les plus différents dans L'Union, la Gazette du Midi, L'Illustration, L'Intermédiaire et le Courrier de la Drôme, et fournissant, en outre, à la Biographie générale de Didot et à la Collection des Grands Ecrivains de la France, quelques-uns de leurs meilleurs articles.
En un mot, bien que vivant retiré aux lieux qui le virent naître, Anatole de Gallier était un écrivain de large envergure, fort connu dans les hauts milieux littéraires, quand la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme le fit connaître de ceux qui l'ignoraient encore, en groupant ensemble les Drômois amis des études historiques et de nos vieux monuments. Car il fut naturellement un des premiers membres de cette société fondée en 1866, et, du moment qu'il en fit partie, il s'imposa si complètement à tous par le charme de sa conversation, l'aménité de ses formes et la bienveillance de son caractère, en même temps que par sa grande culture intellectuelle et sa haute valeur morale, qu'ayant été élu vice-président, le 28 avril de cette année-là, d'unanimes suffrages le portèrent spontanément à la présidence, au lendemain de la mort du fondateur de la Société (V. Flour de Saint-Genis), autrement dit le 29 avril 1869 ; puis l'y maintinrent malgré lui pendant vingt-neuf ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort, arrivée à Nice, le 25 mars 1898. Or, devenu ainsi le chef de cette société, Anatole de Gallier ne se contenta {359}pas de lui donner de l'essor, en mettant à son service l'étendue de ses relations, il fit encore bénéficier son bulletin de travaux dont l'érudition est à la hauteur de la forme, qui est impeccable. Oscillant entre des recherches d'un intérêt tout à fait local, comme son Essai sur la baronnie de Clérieu, et des études d'une plus grande portée, comme sa Vie de province au xviiie siècle et son César Borgia, qui est un remarquable exposé des mœurs italiennes au temps du " Valentinois ", il fit preuve ici et là d'une indiscutable supériorité, comme aussi dans de mordantes études sur Sainte-Beuve et sur les hommes de la première Constituante, celles-ci étrangères à la société savante qu'il présidait, parce qu'elles touchent à la politique. Ajoutons que dans ce dernier domaine, comme dans tous les autres, du reste, Anatole de Gallier n'inspira jamais qu'estime et respect, même à ses adversaires. Je me suis fait un devoir de le dire sur sa tombe, parce que c'est bien là, en somme, le plus bel éloge qu'on puisse faire d'un homme qui se fit toujours un point d'honneur d'affirmer ses convictions en toute circonstance et qui, pouvant être facilement quelque chose, se contenta d'être quelqu'un.
Ne pouvant donner ici la liste de tous les articles publiés par A. de Gallier dans quantité de journaux, revues ou bulletins de sociétés savantes, nous nous bornerons à indiquer ceux de ses écrits qui ont fait l'objet d'un tirage à part :
I. Le Parlement de Francfort et ses relations diplomatiques avec la République française. Paris, Douniol, 1852, in-8º de 52 pp.
II. La Réforme et la Révolution. Einleitung in die Geschichte des neunzehnten Jahrhunderts (Introduction à l'histoire du xixe siècle, par Gervinus). Paris, 1853, in-8º de 36 pp.
III. De l'Idéal dans la littérature moderne, particulièrement chez les femmes, par Mme la comtesse de Hahn-Hahn. Paris, 1854, in-8º de 33 pp.
IV. Notice sur Hector de Maniquet, seigneur du Fayet, en Dauphiné, suivie de documents inédits relatifs à sa mission en Allemagne. Valence, 1866, in-8º de 31 pp.
V. Le Marquis d'Aubais. Marseille, s.d., in-8º de 20 pp.
VI. Essai historique sur la baronnie de Clérieu en Dauphiné et les fiefs qui en ont dépendu. Lyon, 1873, in-8º de 274 pp., avec pl.
VII. Jean de Serres, historiographe de France sous Henri IV. Lyon, 1873, in-8º de 20 pp.
VIII. Comité de Tain. Secours aux blessés, aux familles de militaires et aux diverses victimes de la guerre. Juillet 1870-décembre 1871. Tournon, s.d., in-8º de 8 pp.
IX. Funérailles de M. Mallent, curé-archiprêtre de Tain. Tournon, s.d., in-8º de 4 pp.
X. Une page d'histoire de France à la part du royaume. Les Pagan et les Retourtour. Vienne, s.d., in-8º de 95 pages, avec pl.
XI. Discours prononcé aux funérailles de M. Guillaume d'Arnaud, baron de Vitrolles... Valence, 1876, in-8º de 4 pp.
XII. La Vie de province au xviiie siècle. Les femmes, les mœurs, les usages. Paris, 1877, in-8º de 128 pp.
XIII. Les Tournonais dignes de mémoire. Paris, 1878, in-8º de 54 pp.
XIV. Les Hommes de la Constituante. Barnave. Paris, 1880, petit in-8º de 54 pp.
XV. L'Assemblée Constituante de 1789. Paris, s.d., in-8º de 70 pp.
XVI. Les Hommes de la Constituante. Le général La Fayette. Paris, 1882, in-8º de 40 pp.
XVII. Les Hommes de la Constituante. L'abbé Grégoire et le schisme constitutionnel. Paris, 1883, in-8º de 87 pp.
XVIII. Le Roman dans la seconde moitié du xviie siècle. Madame de Villedieu. Paris, 1883 ; in-8º de 58 pp., auquel il faut joindre : Madame de Villedieu et M. Gazier. S.l.n.d., in-8º de 3 pp.
{360}XIX. Deux Lettres inédites du maréchal de Tallard. Valence, 1893, in-8º de 20 pp.
XX. César Borgia, duc de Valentinois, et documents inédits sur son séjour en France. Paris, 1895, in-8º de 172 p.
XXI. Robespierre, ses principes, son système politique. Paris, 1896, in-8º de 74 pp.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Nécrologie. M. François-Joseph-Anatole de Gallier, président de la Société d'Archéologie de la Drôme. S.l.n.d., in-8º de 11 pp. - II. Notice biographique et littéraire sur Anatole de Gallier... par Charles-Félix Bellet. Valence, in-8º de 172 pp. avec portraits. - III. Anatole dè Gallier, par J. Brun-Durand. Grenoble, 1900, gr. in-8º de 8 et 40 pp., avec portrait.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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