GENTON DU BARSAC (François-Auguste)



GENTON DU BARSAC (François-Auguste)), naturaliste, que Rochas fait naître à Eygalayes, le 24 mars 1745, ne serait-il pas né au contraire à St-Paul-Trois-Châteaux, ville qu'il habita longtemps et où il mourut le 25 mars 1825 ? Ce qui porte à le croire, c'est qu'il résulte des pièces d'un procès que la veuve d'Alexandre de Rastel, seigneur de Rocheblave, eut en 1706-1708, avec César de Genton, seigneur du Barsac, que ce dernier, qui habitait {378}les environs d'Eygalayes, dut céder sa terre du Barsac à ladite veuve et quitter le pays, à la suite d'une malheureuse rencontre avec le seigneur de Rocheblave, qui a donné au romancier dauphinois Barginet l'idée de la Chemise sanglante, et qu'on voit, quarante ans plus tard, un César-Joseph de Genton, mari de Suzanne Maigre, établi à St-Paul-Trois-Châteaux, où l'un de ses fils, François-Auguste de Genton, fut baptisé le 22 mars 1752.
Quant aux circonstances de la vie de notre naturaliste, les seules que nous connaissions sont celles qu'il fait connaître lui-même dans deux lettres en date de l'an IX, qu'il écrivit de St-Paul-Trois-Châteaux au préfet de la Drôme, en lui adressant un exemplaire du mémoire qui a sauvé son nom de l'oubli, lettres qui ont été publiées en 1870, par M. Lacroix. Or, on y voit que Genton du Barsac, après avoir découvert une mine de plomb à Condorcet et une autre de charbon à Nyons, découvrit, en 1766 ou 1767, sur les communes de Montauban et de Lachau, une seconde mine de charbon, dont il envoya " des échantillons polis au sieur Faujas, son maître et son ami ", et qu'ayant été invité, vingt ans plus tard, à diriger les recherches d'une troisième mine de ce combustible à Châteauneuf-du-Rhône, travail qui dut être abandonné, faute de fonds, il releva " des indices presque certains d'une mine de fer, de la classe des hématites ", mais ne put pas donner de suite à ses premières recherches, étant reparti pour St-Domingue, qu'il avait habité une première fois pendant quinze ans.
C'est donc vraisemblablement à St-Domingue que le naturaliste dauphinois rédigea, en 1789-1790, un ouvrage dont celui qui a été publié n'était, dit-il, que le sommaire, et dont la première partie était consacrée aux découvertes par lui faites et aux phénomènes dont il avait été le témoin en Dauphiné ; tandis que la seconde était spécialement consacrée à l'histoire des minéraux et des métaux de la partie française de l'île de St-Domingue. Malheureusement cet ouvrage, dont il ne put sauver que le discours préliminaire, périt en 1793, dans l'incendie de la ville du Cap-Haïtien, et Genton du Barsac perdit " à peu près à la même époque, ses yeux, sa fortune, une superbe collection d'histoire naturelle et le fruit de trente années de recherches et d'observations ", ce qui fut pour lui d'autant plus douloureux, qu'ayant rassemblé, après son retour à Saint-Paul-Trois-Châteaux, quelques jeunes élèves, " qui seuls en cet instant pouvaient le seconder par leur zèle et leur intelligence ", des événements malheureux les éloignèrent de sa personne. Et c'est ainsi que le malheureux savant, privé de la vue, était absolument livré à lui-même, lorsqu'il écrivit ou dicta ces deux lettres, pleines de dignité et de résignation, dans lesquelles il remercie le " citoyen Préfet " des témoignages de sympathie qu'il a bien voulu lui donner ; il y parle aussi avec amertume de " cette fière raison, dont on fait tant de bruit, qui n'est peut-être que l'expérience, et n'est pas toujours un préservatif assuré contre les dangers de l'ignorance et des passions qui nous égarent, et trouve heureux celui qui peut laisser des traces de son passage dans les lieux qui le virent naître et mourir, des leçons utiles, l'exemple des plus rares vertus et vivre dans la mémoire de ses concitoyens par le souvenir du bien qu'il fit aux hommes, plus encore que par le rang qu'il occupa dans la société. "
Genton du Barsac, qui mourut, avons-nous dit, en 1825, ne laissa pas d'enfants de son mariage avec Marie-Philippine de Girard de la Maisonforte, et fut probablement le dernier de sa race.
On a de lui : I. Mémoires sur les fossiles du Bas-Dauphiné, contenant une description des terres, sables, pierres, roches composées, et généralement de toutes les couches qui les renferment. Par M.D.G., officier réformé. Avignon, Fr. Seguin, m.dcc.lxxxi, in-12 {379}de 101 pages ; ouvrage que Quérard dit avoir été corrigé et publié par de Payan.
II. Discours prononcé par le citoyen Genton Barsac à la séance de la Société populaire de St-Paul-Trois-Châteaux, le 30 germinal an 3e, imprimé aux frais de ladite société. S.l.n.d., in-8º de 8 pp.
Enfin il est encore l'auteur de deux articles insérés dans les Affiches du Dauphiné de 1774 et de 1775, l'un sur l'histoire naturelle et l'autre sur la montagne de Clansayes, près St-Paul-Trois-Châteaux, et tous deux signés D.G., officier du régiment provincial de Valence.
Genton du Barsac était-il de la même famille que ce capitaine Genton, enseigne de la compagnie de Bardonnenche, qui fut " arquebouzé " par ordre de La Coche, lieutenant du baron des Adrets, en 1562, pour avoir voulu livrer une des portes de Grenoble aux catholiques ; comme aussi de celle de cet autre capitaine Genton, par qui les gouverneurs de certaines pétites places de Provence firent dire à Lesdiguières, qui venait de s'emparer de Sisteron (30 novembre 1595), qu'étant disposés à se vendre, ils lui feraient bon compte s'il les voulait acheter, et à qui le futur connétable répondit " qu'il ne sçavoit que c'estoit de les achepter, ouy bien de les prendre " (Videl. Hist. de Lesd., I. 359) ? Car il y a eu, suivant Chorier (Est polit., 38) trois familles Genton.
#Biog. Dauph., i, 421. - Bull. d'archéol., v, 181. Ed. Maignien, Dict. des anon., 649.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

GENTON (Charlotte-Marie-Adèle).htm <-- Retour à l'index --> GÉRENTE (Joseph-Fiacre).htm