HUGUES, légat du St-Siège au xi



HUGUES, légat du St-Siège au xie siècle, naquit à Romans, suivant la plupart des biographes et ainsi qu'on peut l'inférer de la qualification de Romanus et filius ecclesie Viennensis que lui donne le pape Grégoire VII, dans une lettre du 9 mars 1075 aux chanoines de Romans. De plus, il était neveu du duc de Bourgogne, Hugues Ier, qui se fit moine sur la fin de sa vie ; et l'on sait, enfin qu'ayant embrassé lui aussi la vie religieuse, il était chamarier de l'église de Lyon, après avoir été prieur de St-Marcel de Châlon-sur-Saône, lorsqu'il fut élu évêque de Die dans des conditions peu ordinaires. Etant allé dans l'église de cette dernière ville, alors qu'il se rendait à Rome par la vallée de la Drôme et la voie des Alpes, et y ayant trouvé le clergé et le peuple assemblés pour l'élection d'un évêque, en remplacement de Lancelin déposé comme simoniaque, il fut en effet élu {8}aussitôt presque malgré lui, bien que n'étant encore que simple clerc. Il ne se rendit donc à Rome que pour y recevoir successivement, de la main du pape, tous les ordres sacrés, jusques et y compris l'onction épiscopale, qui lui fut donnée le 16 mars 1074. Huit jours après, le nouvel évêque de Die reprenait le chemin de son diocèse, où il trouva le plus grand désordre, ce qui l'obligea à lutter beaucoup, et contre les seigneurs qui s'étaient emparés des biens ecclésiastiques, et contre son clergé lui-même, et ce n'est qu'après avoir un peu remédié à toutes choses qu'il retourna à Rome, pour le concile qui s'y tint du 24 au 28 février 1075, concile dans lequel le pape Grégoire VII porta le célèbre décret relatif aux investitures.
Etant revenu de ce concile avec le titre et les pouvoirs de légat en France et en Bourgogne, l'évêque de Die fut, pendant six ou sept ans, l'arbitre des affaires de l'église de France, car on le voit, pendant cet espace de temps relativement court, déposer plusieurs prélats prévaricateurs, en nommer d'autres et présider au moins treize conciles. A en juger par certaines de ses lettres à Grégoire VII et par quelques-unes de ce pontife, il paraît même que celui-ci dut lui recommander, plus d'une fois, moins d'ardeur dans la défense des droits de l'Église et la répression des abus. Néanmoins, le pape, qui voulait un vrai soldat du Christ pour archevêque de Lyon, ayant appris que ce siège était devenu vacant par la mort de Géboin, recommanda Hugues au clergé et au peuple de cette ville, qui l'élurent au mois d'octobre 1082. Malheureusement, si importante que fût cette double charge d'archeveque de Lyon et de légat du St-Siège, elle ne satisfit pas l'ambition de l'ancien évêque de Die qui, désigné, concurremment avec Didier, abbé du Mont-Cassin, par Grégoire VII mourant, comme susceptible d'occuper le siège apostolique après lui, ne vit pas sans dépit l'élection de Didier, qui fut le pape Victor III, protesta contre cette élection et alla même jusqu'à refuser obéissance au nouveau pape. Cette conduite s'explique un peu par la crainte qu'il avait que ce dernier, homme de mœurs douces et de caractère pacifique, qui resta lui-même plus d'un an sans vouloir accepter le souverain pontificat, ne fût pas à la hauteur de sa tâche ; mais un concile, réuni pour cela à Bénévent, n'en condamna pas moins le fougueux archevêque de Lyon, qui fut en outre excommunié.
Victor III étant décédé le 16 sept. 1087, son successeur, Urbain II, rendit bientôt à Hugues les pouvoirs de légat, et, pendant douze ans encore, ce dernier se trouva être l'arbitre de tout ce qui intéressait l'Eglise en deçà des Alpes ; ainsi le voit-on présider un concile à Verdun, dès les premiers jours de l'année 1088 ; un à Autun, en 1094 ; puis, trancher les différends de l'abbé de Cluny avec l'abbé de la Chaise-Dieu ; obtenir le remplament de l'archevêque de Sens, Richier, par Daimbert, parce qu'il ne voulait pas reconnaître la primatie de l'église de Lyon ; assister le pape dans la tenue du concile de Tours (1096) ; enfin, contribuer à la fondation de la célèbre abbaye de Cîteaux, par saint Robert, abbé de Molesme (1098) ; et il en fut ainsi jusqu'à la mort d'Urbain II. Mais, avec le successeur de ce pontife, les choses changèrent, car Pascal II ne nomma que des Italiens comme légats, et l'archevêque de Lyon en fut tellement outré que non seulement il refusa d'assister au concile tenu à Valence, le 30 septembre 1100, mais qu'il engagea ses suffragants à faire de même et blâma la conduite des légats ses successeurs. Après cela, il convoqua lui-même un concile à Anse, où l'on décida qu'il devait faire le voyage de Terre Sainte, voyage qu'il fit en compagnie de l'évêque de Die, saint Ismidon, et d'où il ne revint qu'en 1103. Enfin, c'est en se rendant au concile de Guastalla, où il avait été appelé par le pape, qu'il mourut à Suse, de la fièvre, le 6 octobre {9}1106 ; il avait été l'un des plus grands hommes de son temps, ainsi qu'il est facile de s'en convaincre en lisant ce qu'ont écrit de lui S. Anselme de Cantorbéry, Guigues le Chartreux, S. Hugues, évêque de Grenoble, Yves, évêque de Chartres, Guillaume de Malmesbury et quantité d'autres de ses contemporains.
Il reste de ce prélat trente et une lettres, qui ont été prises par Migne dans différents recueils, tels que les Miscellanea de Baluze et les collections des conciles, puis publiées dans le tome clvii de sa Patrologie latine, et dont on trouve une assez longue analyse dans le Dict. de Patrologie de l'abbé Sevestre, art. " Hugues de Lyon " (t. II, 394-403).
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Recherches sur Hugues de Die, légat du pape saint Grégoire VII, par l'abbé Jules Chevalier. Montélimar, Bourron, 1880, in-8º de 34 pp.
#Biogr. Dauph., i, 443. - Cart. de Romans., i, 12. - Mabillon, Ann. ord., Sti-Bened., v, 440. - Hugo Flavig., Chron. II. - Gall. christ., xvi, 516. - Hist. litt. de la Fr., ix, 303. - Columbi. Opuscula, 282. - J. Chevalier, Hist. de Die, i, 137. - Bull. archéol., xvi, 69, 137, 241, et xxii, 278. - C. Perrossier. Ev. orig. de Valence, 157. - D. Cellier, Hist. aut. ecclés., XXI, 243. - Colonia, Hist. litt. de Lyon, II, 193 et 203. - Nouv. biogr. gén., XXV, 429. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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