LOMBARD-LACHAUX (Pierre)



LOMBARD-LACHAUX (Pierre LOMBARD dit), pasteur protestant et conventionnel, né à Beaufort, le 4 juin 1744, était le sixième enfant de Jacques Lombard, tailleur d'habits, et de Marie Granon, qui furent l'un et l'autre inhumés " hors de l'église, pour n'avoir jamais professé la religion catholique. " Partant, c'est donc à tort qu'un de ses biographes avance qu'il se fit protestant après avoir étudié pour être prêtre, et d'autant plus à tort, qu'il est encore établi que le synode provincial du Dauphiné l'envoya de bonne heure au séminaire protestant {99}de Lausanne pour s'y préparer au pastorat. Seulement, il faut dire aussi que, bien qu'ayant été trouvé suffisamment préparé en 1764, Lombard-Lachaux n'entra dans le ministère pastoral que onze ans plus tard, onze ans pendant lesquels nous ignorons absolument ce qu'il fit, ce qui autorise bien des suppositions. Ce qui est certain, c'est qu'ayant été pasteur à Nyons, de 1775 à 1786, il l'était à Orléans depuis six ans, lorsqu'il fut élu maire de cette ville (22 août 1792), et que cette élection ayant été faite par un parti qui s'appuyait sur la populace, il se trouva par cela même dans une situation des plus difficiles quand cette populace, irritée de la cherté des subsistances, se livra peu de temps après aux pires excès contre des membres de la municipalité et d'autres personnes accusées d'accaparement. Quelle fut en réalité la conduite du maire d'Orléans pendant les tristes journées du 16 et du 17 septembre 1792 ? Il est assez difficile de le dire, attendu que si les rapports officiels en font naturellement l'éloge, disant qu'il s'interposa courageusement pour empêcher tous actes de violence et y serait même arrivé sans un coup de fusil tiré par mégarde, qui exaspéra la foule, d'autres écrits le donnent comme ayant approuvé et même excité les forcenés qui pillèrent certaines maisons, brûlèrent des meubles et jetèrent quelques personnes dans les flammes. Concluons-en qu'il manqua vraisemblablement de fermeté dans ces malheureuses circonstances.
A la Convention, où les électeurs du département du Loiret l'envoyèrent dans le temps que ceux de la ville d'Orléans l'élisaient maire, Lombard-Lachaux eut un rôle fort effacé. Siégeant sur les hauteurs de la Montagne, à côté de Léonard Bourdon, qui était son ami, il vota la mort de Louis XVI, en accompagnant son vote de déclamations humanitaires, et monta à la tribune le 17 brumaire suivant (7 novembre 1793), pour dire qu'ayant été pendant dix-sept ans ministre protestant, il renonça à ses fonctions en devenant député, mais qu'il tenait à faire une déclaration plus solennelle : " Je n'ai jamais prêché ", ajouta-t-il, " que l'amour de la liberté, de l'égalité et de mes semblables ; mon unique désir est de continuer à concourir de cette manière au bien des sans-culottes. " Quelques mois plus tard, il faisait voter, en sa qualité de rapporteur des finances, une somme de 100,000 livres pour indemniser les vingt théâtres de Paris ayant donné des représentations gratuites à l'occasion de l'anniversaire de " la mort du tyran ", (24 janvier 1794), et le 2 août 1795, il parla en faveur de Robert Lindet, accusé de jacobinisme. Ajoutons qu'il remplit, concurremment avec Mailhe, une mission du Comité de Salut public dans les départements de l'Aude et de la Haute-Garonne, au mois d'avril 1793.
La Convention dissoute, Lombard-Lachaux que rien ne rappelait à Orléans, fut successivement commissaire du Directoire, fournisseur des hôpitaux de la République et conseiller de préfecture de la Drôme ; après quoi, s'étant démis de ces dernières fonctions, il se retira l'année suivante à Crest, où il fut élu président du consistoire protestant de cette ville, le 22 octobre 1802, et fonda quelque temps après un petit collège dont il assuma la direction jusqu'à sa mort, arrivée le 16 août 1807. Delacroix dit qu'il était d'une grande éloquence. Il avait épousé Gabrielle-Henriette Griollet, qui lui survécut.
En dehors des rapports qu'il adressa au Comité de Salut public pendant qu'il était en mission dans les départements de l'Aude et de la Haute-Garonne, et dont aucun n'a été imprimé, nous ne connaissons de Lombard-Lachaux que quelques vers placés en tête du palmarès de son établissement d'instruction, pour l'an 1806, in-4º de 9 pp., imprimé à Valence, chez Marc Aurel et Bonnet.
{100}#Biogr. Dauph., ii, 90. - Compte rendu au direct. du distr. d'Orléans, des évén. des 16 et 17 sept. 1792, par un admin. Orléans, an III, in-4º de 84 pp. - Monit., xv, 162 ; xviii, 377 ; xix, 293 ; xxv, 399. - Aulard, Actes du Com. de Sal. publ., iii, 379, 416. - Delacroix, Stat., 429. - E. Arnaud, Prot. Dauph., iii, 314. - Etc.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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