LONG (Jean-Denis)



LONG (Jean-Denis)), médecin, archéologue et historien, né à Die, le 3 octobre 1776, de François, notaire, et de Marie-Lucrèce Lagier, entra à l'école de médecine de Montpellier, le 14 février 1795, et y reçut le diplôme de docteur le 17 septembre 1798. Envoyé aussitôt après à l'armée d'Italie, il y fut attaché successivement, en qualité d'officier de santé, au 1er bataillon auxiliaire de la Drôme, au 3e bataillon de la 11e demibrigade d'infanterie (20 février 1800), et au 7e bataillon de la 1re légion polonaise (23 septembre 1800) ; puis, ayant fait accepter sa démission par le Ministre de la guerre de la République cisalpine, le 11 décembre 1800, il revint à Die, qu'il ne devait plus quitter. Là, il fut médecin des épidémies dès le 1er septembre 1805, membre du conseil d'administration de l'hospice et du bureau de bienfaisance en 1820, médecin de la maison d'arrêt, de 1826 à 1853, et conseiller municipal, de 1815 à 1831 ; mais ce ne sont évidemment pas là {101}ses titres de gloire. Le docteur Long, qui s'était lié d'amitié, sur les bancs de l'école de médecine, avec Prunelle, Lordat, Marcel de Serres et d'autres hommes dont les œuvres ont rendu le nom célèbre, fréquenta beaucoup, en Italie, le jésuite Bettinelli, grand archéologue et poète, et, de ces différents contacts, rapporta dans sa ville natale la passion de l'étude et l'admiration des monuments du passé. Or, il ne pouvait guère être mieux placé qu'à Die, pour satisfaire son goût des choses antiques, cette ville étant pour ainsi dire pavée de débris de l'époque romaine, et la contrée environnante conservant encore bien des vestiges de cette époque.
Fixé à Die, le docteur Long s'attacha donc à recueillir tout ce qu'il put d'inscriptions, de sculptures, de médailles et, avec cela, de manuscrits et de livres ; puis, ayant patiemment étudié le pays, il consigna le résultat de ses observations et de ses études dans un travail intitulé : Recherches sur les antiquités romaincs du pays des Vocontiens, que l'Académie des inscriptions récompensa par une médaille d'or et qu'elle publia ensuite dans ses Mémoires. " La France doit se réjouir de compter un savant de plus ", dit Charles Lenormant en rendant compte de ce travail. C'était en 1846. Quatre ans après, le docteur Long recevait la croix de la Légion d'honneur (11 décembre 1850), et trois ans plus tard (12 mai 1853), il ajoutait au titre de correspondant de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, celui de correspondant du Ministère de l'Instruction publique pour les travaux historiques.
Encouragé par ce succès, le docteur Long publia, en 1856, un volume qui fut beaucoup moins bien accueilli. Ayant mis à profit, pour son travail sur les Vocontiens, les monuments lapidaires et autres dont il était entouré à Die, il avait voulu, en écrivant ce volume, tirer parti des Mémoires inédits des frères Gay, dont il avait le manuscrit. Seulement, au lieu d'une publication intégrale de ces curieux mémoires accompagnés de notes comme il était capable d'en écrire, ce qui eût été une œuvre excellente, il avait donné un résumé d'ailleurs peu complet de l'histoire des guerres de religion en Dauphiné, travail qui, bien que se recommandant par son impartialité et de sérieuses recherches, mérite plus d'une critique. L'auteur, du reste, le comprenait fort bien ainsi que le prouve ce passage d'une lettre du 27 avril 1857, par laquelle il demandait un numéro de L'Athenæum, contenant un compte rendu de son livre : " Vous pensez bien qu'il me tarde de voir comment j'y suis traité et flagellé. " Indépendamment de cela et de quelques travaux de numismatique, le savant médecin a fourni l'un des Mémoires de Daniel de Cosnac, évêque de Valence et de Die, puis archevêque d'Aix, publiés par la Société de l'Histoire de France, et, pour tout dire, sa longue existence fut consacrée à l'étude des, monuments de notre histoire locale et à l'augmentation continuelle d'une bibliothèque et de collections qui sont encore une des curiosités de la ville de Die, car il a laissé le tout à son parent, M. Alfred de Lamorte-Félines, dont la famille les conserve. Membre correspondant de l'Académie de Savoie dès 1861, il était depuis quelques mois président honoraire de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, nouvellement créée, lorsqu'il mourut dans la maison qui l'avait vu naître, le 17 mai 1866.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Médaillon d'argent inédit de Magnence, par le docteur Lelong (sic) ; in-8º de 10 pp., imprimé chez Desairs, à Blois. C'est un tirage à part de La Revue de numismatique, dans laquelle ce docteur avait déjà publié, en 1844, un article sur les Monnaies inédites du Valentinois et du Diois. et en 1846, des Remarques sur les monnaies du Valentinois, articles accompagnés l'un et l'autre d'une planche.
II. Recherches sur les antiquités romaines du pays des Vocontiens. Paris, 1849 ; in-4º de 205 pp., accompagné de 3 planches, qui est un tirage à part du tome II de la deu{102}xième série des Memoires presentes par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et dont M. Ludovic Vallentin a publié un extrait sous le titre de : Notice sur quelques lieux de l'arrondissement de Die. Die, Chevalier, 1851, in-8º de 76 pp.
III. La Réforme et les Guerres de religion en Dauphiné, de 1560 à l'Edit de Nantes (1598). Paris, Didot, 1856, in-8º de vii + 319 pp.
#Biog. du Dauph., ii, 90. - Mem. des fréres Gay, p. 13, 300. - Bull. d'archéol., i. - Ann. Soc. franç. de numis., pour 1867. - Ann. Drôme pour 1846. - Stat. Drôme.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

LOMBARD-LATUNE (Paul-René-Elisabeth).htm <-- Retour à l'index --> LONGUEVILLE (Joseph-Félix).htm