MARTIN (Gabriel)



MARTIN (Gabriel{123}), ecclésiastique et controversiste catholique, né à Valence, suivant Chalvet, fut d'abord religieux de l'ordre de Saint-Dominique. puis bénédictin, et, passé ensuite dans le clergé séculier, était enfin curé de Nyons depuis quelque temps, lorsqu'il redevint moine dans d'assez singulières conditions. Ce fut en 1606. La ville de Nyons avait alors un prieuré de filles de l'ordre de Saint-Benoît et de la dépendance de l'abbaye de St-Césaire d'Arles, - à qui appartenaient les dîmes de la paroisse et le patronage de la cure, - dont la titulaire s'appelait Gabrielle de Commiers ; il se fit abandonner par celle-ci tous ses droits à ce prieuré, moyennant une pension viagère de 100 à 125 livres ; puis il obtint de l'autorité ecclésiastique la conversion de ce monastère de religieuses en un prieuré d'hommes suivant la règle de saint Benoît ; après quoi, tous ces changements ayant été reconnus et confirmés par arrêt du 14 décembre, il s'installa paisiblement dans ce prieuré, dont il fit restaurer l'église et trouva, plus tard, moyen de recouvrer une partie des biens perdus. Seulement, une ancienne religieuse de ce prieuré, Antoinette L'Empereur de la Croix, s'étant avisée, treize ans plus tard (10 juin 1619), de se faire nommer quand même prieure de Nyons, par le légat d'Avignon, il s'ensuivit un long procès que semblait devoir terminer une transaction donnant gain de cause à cette dernière sous certaines conditions, mais qui recommença après la mort d'Antoinette L'Empereur, l'abbesse de Saint-Césaire d'Arles ayant nommé, à sa place, Claudine de Causans, tandis que d'autres, y compris les fils d'un conseiller au parlement de Grenoble, se faisaient pourvoir ailleurs du même bénéfice. Porté devant tous les tribunaux possibles, ce procès, qui dura vingt-deux ans, fut à la fin gagné par les religieuses, grâce à l'appui que leur prêta l'évêque de Vaison, Suarez ; car, en dépit d'un arrêt du Conseil du roi, de l'an 1641, réintégrant Gabriel Martin dans son bénéfice, l'arrêt du parlement de Grenoble, qui le condamnait à vider les lieux, fut exécuté l'année suivante. A ce moment-là, du reste, l'ancien curé de Nyons était depuis longtemps pourvu de la petite abbaye de Clausonne, au diocèse de Gap, où il résida, paraît-il, puisqu'on y avait un calice orné de ses armoiries, et il la conserva jusqu'à sa mort, arrivée, croyons-nous, à Gap, vers 1655. Mais ce qu'il y a de plus surprenant chez cet ecclésiastique, c'est que, pendant qu'il plaidait ainsi devant toutes les juridictions, pour être maintenu dans la possession du prieuré de Nyons, il soutenait non moins ardemment, un peu partout, des controverses théologiques contre les pasteurs protestants, car on a de lui :
I. La banqueroute du sieur Mestrezat, ministre de Charenton, Faicte à Messire Gabriel Martin, abbé de Clausonne en Dauphiné, cy-deuant prieur de Nyons. Auec les noms et surnoms de ceux qui estoient presents en ladite assemblée, tant catholiques que ceux de la religion. Paris, Mathiev Colombel, 1632, in-8º de 16 pp.
II. Le triomphe glorievx de la vérité catholique sur l'heresie du calvinisme. Auec la sentence définitive obtenuë en contradictoire iugement, par messire Gabriel Martin, abbé de Clausonne au diocèse de Gap en Dauphiné, cy-devant prieur de Nyons, contre le sieur Boulle, ministre de Vinsobres, tant en son nom que des autres ministres, et faisant pour eux, donnée par iuge convenu entre les parties. Paris, Mathieu Colombel, 1632, in-12 de 22 ff. + 178 pp.
III. Grand devil sans effusion de sang, arrivé entre le sieur Mestrezat, ministre de Charanton, et le sieur abbé de Clausonne en Dauphiné. Paris, Mathiev Colombel, 1633, petit in-8º de 16 pp.
IV. Inscription en faux, par messire Gabriel Martin, abbé de Clausonne, contre le livre intitulé : De la puissance du Pape et des libertés de l'Eglise Gallicane, mis en lumière par le sieur Marc Vulson, jadis conseiller en la {124}Chambre de l'Edict de Grenoble... Grenoble, Ph. Verdier, 1640 ; in-8º de 311 pp. + 1 f., dédié " A très haute et très puissante Marie, royne du ciel et de la terre ".
V. La religion enseignée par les démons aux Vaudois sorciers. Paris, 1641, in-8º.
Guy Allard lui attribue encore un Diurnal à l'usage des catholiques, que nous ne connaissons pas autrement.
#Rochas, ii, 126. - Guy Allard, Bibl., 145. - Lacroix, L'Arr. de Nyons, ii. - Arch. de la Drôme, B, 2590 ; E, 4883, 4891, 4922. - Bull. d'arch., xx, 400. - Ladoucette, Hist. des H.-A., 332.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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