MESANGÈRE (François)



MESANGÈRE (François)), dit le chevalier de Mésangère, - personnage qui, s'étant lié d'amitié avec Louis Bonaparte pendant le séjour que celui-ci fit à Valence de 1791 à 1793, dut à cette amitié de jouer ensuite un rôle d'une certaine importance, - naquit dans cette ville le 20 décembre 1775, de Jean-François-Antoine Mésangère-Cleyrac, notaire royal et épiscopal et secrétaire de l'Université, et de Marie-Gabrielle Colombier. Entré à l'école d'artillerie de Châlons-sur-Marne en 1793, il en sortit lieutenant au bout de deux ans ; mais, ayant ensuite donné sa démission, il était tout simplement surnuméraire de l'enregistrement, quand le futur roi de Hollande lui fit avoir, en 1802, un emploi au Conseil d'état. Quelques mois après, Mésangère abandonnait cet emploi pour redevenir officier d'artillerie et, trois ans plus tard, Louis Bonaparte devenu prince de l'Empire le prenait pour aide de camp. Enfin, en 1806, le prince de l'Empire, appelé au trône de Hollande, emmena son ami avec lui et le créa coup sur coup chambellan, trésorier général de la couronne et chevalier de l'ordre de l'Union et du Mérite. Seulement, comme Mesangère n'était pas fait pour les intrigues de cour, il ne tarda pas à perdre sa charge de trésorier général (novembre 1807) et fut même renvoyé en France en qualité d'administrateur des biens que Louis Bonaparte y avait, ce qui pouvait être considéré comme une compensation, mais aussi comme un exil déguisé, et ce qui ne le laissa pas moins tellement insensible, qu'il écrivait à sa mère, quelques jours après : " Tout mon jeu se réduit à être toujours prêt à tout perdre, plutôt que de composer avec mes devoirs " ; et, six mois plus tard (14 juillet 1808) : " Quand on a une âme à l'abri des événements, il faut vivre avec la dignité qui convient à l'honnête homme. "
Au bout d'un an (décembre 1808), le titre de chambellan et la charge d'administrateur lui furent du reste, enlevés à leur tour, et si le roi de Hollande lui accorda, par contre, une pension de 4,000 fr. par an, celle-ci ne lui fut payée qu'une fois et sur la cassette de la reine Hortense, qui paraît avoir toujours eu beaucoup d'estime pour Mésangère. Aussi notre Valentinois refusa-t-il d'intervenir en qualité de témoin dans le procès en nullité de mariage que Louis Bonaparte, devenu le comte de Saint-Leu, intenta en 1816 ; de là une brouille complète entre les deux amis, mais une brouille qui n'empêchait pas l'estime, ainsi que l'on peut s'en convaincre par ce passage d'une dernière lettre que l'ex-roi de Hollande écrivit, à Mésangère, le 15 octobre 1839 : " Recevez l'assurance de mon vieil attachement et de mon constant souvenir, malgré des apparences douteuses ; " et surtout, par le portrait que ce prince traça de son ancien chambellan, dans une conversation avec M. de Coston : " C'est un homme de mérite, dit-il à celui-ci, franc comme l'or ; mais qui avait le caractère trop entier et trop indépendant. "
Retiré alors dans le domaine des Marlhes, sur la commune d'Alixan, François Mésangère y vivait à peu près oublié depuis vingt-sept ans, lorsqu'il périt des suites d'un accident, suivant les uns, par le fait d'un crime selon d'autres (10 décembre 1849). N'ayant pas été marié, il laissa, par suite, ses biens à son frère cadet, {138}Laurent-Hyacinte Mésangère, né en 1778 et décédé en 1850.
Ce dernier, qui fut conseiller de préfecture de 1803 à 1823, puis souspréfet de Montélimar, s'occupa beaucoup d'histoire locale, mais n'a laissé que des notes qui furent brûlées après sa mort ; et, remarque à faire, alors qu'on publia de son vivant une notice biographique sur lui, dans les Galeries biographiques de P. Aymar-Bression (Paris, s.d., in-8º de 8 pp.), il est dit dans son testament en date du 24 février 1850 : " Je ne veux pas qu'il soit mis de pierre tumulaire sur ma dépouille mortelle ; je ne laisse pas d'enfants qui puissent venir s'agenouiller sur ma tombe, et je n'ai pas la vanité de faire revivre mon nom dans le lieu même où la mort a étendu son niveau. "
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - Lettres de Louis Bonaparte, roi de Hollande, à Mesangère (de Valence), publiées par le baron de Coston. Lyon, 1889, in-8º de 70 pp.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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