MÉVOUILLON (Raymond I de)



MÉVOUILLON (Raymond I de)), le fondateur d'un petit état indépendant connu sous le nom de baronnie de Mévouillon, qui subsista près de cent quarante ans (1178-1317) et qui comprenait, avec quelques localités du {139}département des Hautes-Alpes, une bonne moitié de l'arrondissement de Nyons, descendait-il d'une comtesse de Die, par les seigneurs de Sault, comme le pensent Peiresc et d'autres historiens ? Nous croyons plutôt, avec M. Lacroix, qu'il avait pour auteur un autre Raymond, dont la sœur Gisla céda, environ l'an 1064, certains droits sur le village et l'église de Medullis aux religieux de Saint-Victor de Marseille ; et, bien que les historiens des croisades ne parlent d'aucun seigneur de ce nom, nous ne croyons pas pouvoir mettre en doute un acte de l'an 1125, dont il est fait mention dans l'Inventaire de la Chambre des comptes et dans Fontanieu, par lequel le pape Honorius mit Raymond de Mévouillon sous la protection du Saint-Siège, tant qu'il servirait en Terre-Sainte, ce qui ne veut pas dire que ce personnage, qui est évidemment le même qu'un coseigneur de Valréas vivant en 1121, soit celui de qui nous voulons parler dans cet article ; car il y a, au contraire, toute raison de croire que ce sont là deux personnages parfaitement distincts, peut-être le père et le fils, sinon l'aïeul et le petit-fils. Je ne crois pas d'ailleurs qu'il soit question du fondateur de la baronnie de Mévouillon, Raymond I, avant 1177, - qui est la date d'un tournoi dans lequel " un seigneur de Mévouillon, " qui " était si bien armé qu'il n'y manquait rien, jouta contre Nicolau, dont il fit sauter le casque en pièces, sans qu'il y restât une maille ", dit le poète Vacqueyras, - attendu que le Cartulaire de Durbon ne confirme pas, que je sache, l'assertion de ceux qui le disent avoir été témoin d'une donation à la chartreuse de ce nom en 1160. Et ce n'est du reste que le 8 août 1178 que ce Raymond I devint seigneur indépendant, sous la suzeraineté toute nominale des empereurs germaniques, par le fait de la bulle-privilège qu'il obtint ce jour-là de l'empereur Frédéric I, passant à Valence. Quant à l'importance de ses domaines, elle ne saurait être précisée, attendu que l'acte impérial généralise, sans faire mention d'aucune terre ou seigneurie en particulier ; mais on peut se faire une idée de sa fortune par ce fait que, mariant sa fille Ermengarde avec Guillaume des Baux, fils de Bertrand, prince d'Orange, il ne lui donna pas moins de 7,000 sols de dot, alors que son fils et successeur Raymond II en donnait de son côté 12,000 et que ce Guillaume de Baux ayant ensuite répudié sa femme pour cause de parenté, et ne pouvant rendre la dot, dut céder aux Mévouillon la terre de Revest et hypothéquer à leur profit les terres de Jonquières et de Tulette. Ceci se passait en 1204, c'est-à-dire alors que Raymond I avait, depuis quelque temps déjà, cédé tous ses biens à son fils aîné pour se retirer à l'abbaye de Sénanque, où il mourut et fut enseveli.
#Lacroix, L'Arr. de Nyons, i, 402. - Cart. de St-Victor, ch. 1083. - Inv. ch. des cptes de Grenoble. - Valbonnais, Hist. Dauph., ii. - De Pisançon, L'Allod. dans la Drôme, 258. - Papon, Hist. de Prov., ii, 255. - Arch. de l'Isère, B, 3006. - Barthélemy, Inv. de la maison de Baux, nº 115.




Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901

Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne

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