MONTALIVET (Marthe-Camille)
MONTALIVET (Marthe-Camille BACHASSON, comte de), fils puîné du précédent, né à Valence, le 25 avril 1801, se destinait à la carrière d'ingénieur, ayant passé par l'Ecole polytechnique et celle des Ponts et Chaussées, quand la mort de son frère aîné (12 octobre 1823), qui suivit de près celle de son père, modifia ses projets en lui ouvrant les portes de la Chambre des pairs. Ayant pris place dans cette chambre dès 1826, il affirma bientôt ses tendances libérales en publiant, à propos d'un projet de loi du comte de Peyronnet concernant la presse, une sorte d'appel Aux Français de son âge qui le classa parmi les membres de l'opposition. Et, de fait, il combattit énergiquement le ministère Polignac et contribua à l'élection des 221. Aussi futil des premiers à reconnaître le gouvernement sorti de la révolution de 1830, ce qui lui valut d'être élu colonel de la 4e légion de la garde nationale, dès le mois d'août, et chargé ensuite de l'intendance provisoire de la dotation de la Couronne.
Devenu ministre de l'Intérieur, le 2 novembre suivant, le comte de Montalivet fit preuve de courage et de sang-froid en conduisant lui-même, sans escorte, du château de Vincennes à la Chambre des pairs, les anciens ministres de Charles X, qu'on se proposait d'enlever ; et, passé au ministère de l'Instruction publique, le 13 mars 1831, il reprit, au mois de mai 1832, le portefeuille de l'Intérieur dans des circonstances bien difficiles ; car, indépendamment de ce que le choléra avait mis le pays en deuil, l'arrivée de la duchesse de Berry en Vendée et l'insurrection républicaine des 5 et 6 juin 1837 l'obligèrent à faire décréter l'état de siège à Paris et dans les départements de l'Ouest. Sorti du ministère au mois d'octobre suivant, il fut alors chargé de l'Intendance de la liste civile, - poste qu'il devait occuper pendant toute la durée du règne, - mais ne laissa pas, pour cela, de prendre encore une part active aux luttes politiques. Il est notamment un des pairs qui instruisirent, en 1834, le procès des insurgés d'avril ; puis, après avoir fait partie du ministère du 22 février 1836, qui ne dura que peu de temps, ses membres s'étant divisés à propos d'une intervention en Espagne, il entra, enfin, dans le ministère du comte Molé, qui dura du 15 avril 1837 au 8 mars 1839 et se signala par l'amnistie, le mariage du duc d'Orléans, la prise de Constantine et surtout par sa résistance aux attaques de la coalition Thiers et Guizot, qui reprochait au comte de Montalivet d'être l'instrument passif des volontés du roi.
A partir de 1840, le comte de Montalivet se renferma dans l'exercice de ses fonctions d'intendant de la liste civile, et c'est ainsi qu'il attacha son nom à la création du musée de Versailles, à l'agrandissement de celui du Louvre et à la restauration des palais de Fontainebleau, de St-Cloud et de Pau. La révolution de février 1848, qui lui enleva ces fonctions, le tint naturellement à l'écart des affaires publiques ; mais il ne cessa pas, pour cela, de s'occuper des intérêts de la famille d'Orléans, qu'il défendit ouvertement devant le gouvernement provisoire et ensuite devant l'administration républicaine, et c'est avec une grande vigueur qu'il répondit, en 1850, aux accusations portées contre le roi déchu, dans une brochure intitulée : Le roi Louis-Philippe et la liste civile (in-8º avec plans). Le second Empire venu, il se confina dans une retraite d'où il ne sortit un moment, en 1862, que pour répondre à certains reproches officiellement adressés au gouvernement dont il avait fait partie ; et, sous la troisième République, il en fut de même jus{157}qu'en 1874, année où il attira l'attention en déclarant d'abord, dans un article de la Revue des Deux-Mondes (mai), puis dans une lettre en date du 17 juin, au fils de son ancien collègue Casimir Perier, que le salut de la " France était dans l'acceptation loyale de la République, devenue le seul gouvernement libéral possible. "
Le comte de Montalivet n'en déclina pas moins, trois mois après les offres qui lui furent faites d'une candidature dans les Alpes-Maritimes ; mais il accentua, en revanche, son évolution républicaine, pendant la période qui suivit le 16 mai 1877, en publiant des lettres fort remarquées dans le Journal des Débats et répondant à M. de Fourtou, qui soutenait que le gouvernement de Louis-Philippe avait bien fait, lui aussi, de la candidature officielle, que c'était là une assimilation " aussi injustifiable qu'humiliante ". En vue des élections sénatoriales de janvier 1879, il publia encore une brochure intitulée : Un petit coin de terre, dans laquelle, s'inspirant de ce qu'il voyait dans deux communes voisines du château de la Grange, il montrait comment le moindre village peut s'améliorer, s'il sait mettre en pratique " le bon sens, l'amour de sages progrès, celui de la famille, de la patrie et de la vie rurale " ; enfin, malgré son grand âge, il accepta ensuite une candidature à un siège de sénateur inamovible, siège qui lui fut dévolu le 18 février 1879, par 153 suffrages sur 157 votants, mais qu'il n'occupa pas en réalité, attendu qu'il était alors déjà atteint de la maladie qui l'enleva, au château de la Grange, le 4 janvier 1880 ; il était, en outre, membre libre de l'Académie des Beaux-Arts et grand-croix de la Légion d'honneur.
N'ayant laissé que des filles, c'est un de ses petits-fils qui a relevé le nom de Montalivet.
ICONOGRAPHIE. - Portr. lith., in-fol. Buste de 3/4 à G. Z. Belliard, d'après nature, en 1859. Delpech, éd.
BIO-BIBLIOGRAPHIE. - I. La Renommée. Notice sur la vie et les travaux de M. le comte de Montalivet (signée : Ferd. M.). Paris, 1842, in-8º. - II. Notice historique sur le comte de Montalivet, natif de Valence (1801-1880), par G. Picot. Paris, 1899, in-8º.
BIBLIOGRAPHIE. - I. Les amis de la liberté de la presse. Lettre d'un jeune pair de France aux Français de son âge. Paris, Le Normant, 1827, in-8º de 16 pp. Brochure également imprimée à Nevers, chez Roch, et à Toul, chez Carret, toujours dans le format in-8º, et qui donna lieu à Réponse de M. l'abbé Fayet à la lettre d'un jeune pair de France aux Français de son âge, par M. le comte de Montalivet. Le Puy, Pasquet, 1827, in-8º.
II. Aperçus statistiques pour servir à la discussion de la loi sur la liberté de la presse. Paris, 1827, in-8º de 7 pp.
III. Rapport adressé au Roi, concernant la présence de la duchesse de Berry et de l'exmaréchal de Bourmont en France. Paris, Adolphe, s.d., in-4º.
IV. M. le comte Jaubert ayant publié... Paris, in-4º. Réponse au comte Jaubert, commençant ainsi et datée du 28 février 1839.
V. Discours dans la discussion de la loi sur la liberté de l'enseignement (dans les séances des 2 et 3 mai 1844). S.l.n.d., in-8º de 27 pp.
VI. Discours concernant l'administration des forêts de la Couronne (séance du 3 août 1847). Paris, Panckoucke, 1847, in-8º de 16 pp. Ce discours donna lieu à l'écrit intitulé : Extrait du " Siècle ", du 9 août 1847. M. le comte de Montalivet, membre de la Chambre des pairs, intendant général de la liste civile (signé : L'Herbette). Paris, Lange-Lévy, s.d., in-8º.
VII. Le roi Louis-Philippe et la liste civile. Paris, Michel Lévy, 1850, in-12 de 108 pp. - Nouvelle édition, entièrement revue et considérablement augmentée de notes, pièces justificatives et documents inédits, avec un portrait et un fac-simile du roi et un plan du château de Neuilly. Paris, Michel Lévy, 1851, in-8º.
VIII. Rien ! Dix années de gouvernement parlementaire. S.l., 1862, in-8º.
IX. Notes à consulter. Observations sur le projet de loi relatif aux conseils généraux. Paris, Michel Lévy, 1865, in-8º de 65 pp.
X. Notice sur le comte Jean-Pierre Bachasson de Montalivet. Paris, 1867, in-8º.
XI. La confiscation des biens de la famille d'Orléans, souvenirs historiques (Extrait de la Revue des Deux-Mondes du 1er décembre 1871). Paris, Lévy frères, 1871, in-8º.
XII. La conspiration sous l'Empire. Paris, 1872, in-18.
XIII. Un petit coin de terre. Paris, 1879.
XIV. Fragments et souvenirs, précédés d'une notice historique, par M. Georges Picot. Paris, Calmann-Lévy, 1899-1900, 2 vol. in-8º.
{158}#Biogr. Dauph., ii, 154. - Vapereau, Dict. des contemp., éd. de 1880. - Encyclop. des gens du monde. - Quérard, La Fr. littéraire, - Le Dauphiné, 1880. - Sem. relig. Valence, 13 mai 1893. - Etc., etc.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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