MORIN (Pierre-Théodore)
MORIN (Pierre-Théodore)), industriel et homme politique, né à Dieulefit, le 3 février 1782, appartenait à une famille que l'on trouve établie dans cette ville, dès le xvie siècle, et qui y avait, au xviiie, de très importantes manufactures de draperies. Fils d'Etienne Morin, qui fut élu colonel de la garde nationale de Dieulefit, en 1789, et juré près la Haute-Cour nationale, deux ans après, il fit ses études classiques à Paris, pendant la Terreur, puis alla s'instruire à Genève des choses de sa religion ; après quoi, étant revenu dans sa ville natale et ayant fait un court apprentissage du commerce à Lyon, il s'y occupa aussitôt à consolider la situation de fortune de sa famille, ébranlée par la Révolution, en donnant un nouvel essor à l'industrie paternelle. Il fut notamment le second industriel français et le premier du Midi à introduire le cardage et la filature mécaniques de la laine dans la fabrication de la draperie ; ce qui, loin de diminuer la population ouvrière de Dieulefit, l'accrut, les progrès ainsi réalisés ayant eu pour conséquence une extension considérable de ses affaires, dont le pays profita. Aussi fut-il chargé, tout jeune encore, de représenter les intérêts dieulefitois dans le conseil d'arrondissement de Montélimar, puis nommé maire de sa ville natale, enfin élu député des arrondissements de Die, de Montélimar et de Nyons, comme candidat de l'opposition constitutionnelle. Seulement, il n'arriva à Paris, le 28 juillet 1830, que pour assister à la chute du trône de Charles X ; et ayant été des premiers à reconnaître le gouvernement de Louis-Philippe, il le soutint généralement sans abdiquer son indépendance et, réélu en 1831, conserva cette attitude jusqu'à la fin de son mandat, dont il ne sollicita pas le renouvellement ; ce qui ne l'empêcha pas ensuite de se consacrer encore, et jusqu'à sa mort, arrivée le 20 septembre 1846, à la gestion des affaires municipales et à la défense des intérêts du canton de Dieulefit, dans le conseil général de la Drôme, tout en continuant à diriger ses manufactures de draperies. Décoré de la Légion d'honneur en 1833, c'est en partie grâce à ses libéralités et à celles de son frère que Dieulefit a été doté d'une caisse d'épargne, la première qu'il y ait eu dans le département ; et, non content de laisser en mourant 6.000 fr. aux pauvres de cette ville, il donna encore alors l'emplacement nécessaire pour la construction d'un hôpital.
#Arch. de Dieulefit, CC, 51, et GG, 7. - Courrier Drôme, du 27 sept. et du 1er nov. 1846.
Brun-Durand Dictionnaire Biographique de la Drôme 1901
Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme & Les amis du Vieux Marsanne
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